Max Bernard

J'ai découvert cette pratique un peu par hasard en formation d'éducateur spécialisé en 1979. Depuis, je sculpte de manière irrégulière mais sans discontinuité. Un stage, un bout de garage aménagé, un petit atelier, ont constitué mon cadre de travail, de loisir devrais-je dire. En plus de trente ans de cette pratique le plaisir est chaque fois renouvelé.

De la petite danseuse un peu coquine au vieil homme courbé sous le poids des ans en passant par la naissance d'un couple sortant d'un même bloc ou par l'homme abattu par le labeur ou le chagrin, mes gouges ont chaque fois tenté d'imposer au bois une forme qu'il s'amuse à faire varier au gré de ses veines, de ses volumes et de ses caprices.

Il s'agit pour moi de transformer un morceau de bois en un objet qui cherche à dire quelque chose. Sélectionné puis dégrossi, sculpté, poli, lissé, ciré, choyé, il me fait vivre des moments exceptionnels à chaque fois renouvelés.
Le bois ne se laisse pas travailler sans imposer quelques règles que lui seul connaît. C'est une matière chaude et vivante, aux veines surprenantes. Tenter de lui donner une forme originale est à chaque fois une épreuve avec ses surprises, ses efforts et ses grandes satisfactions.
Sculpté, chaque morceau de bois dévoile ses qualités singulières. Parmi toutes les essences, le buis aux fibres longues et cassantes a ma préférence.

Le regarder, le travailler, lui redonner une vie, le transformer, le mettre en valeur, le toucher...
Sculpter en amateur passionné des formes (souvent féminines) ou des sujets «sensibles» est pour moi une manière forte de transmettre ou de partager des émotions. J'aime particulièrement le contact et l'aspect du buis avec ses fibres longues, cassantes et lisses.
Sculpter donne du temps à une vision éphémère, pour à la fin prendre forme sous nos yeux, définitivement fixée dans le bois.
Le noyer aux veines sombres, le bouleau blanc, le merisier un peu rouge, le poirier aux fibres tortueuses , le sycomore incolore, le buis aux longues fibres, les bois exotiques durs comme du fer...
Tous se prêtent aux transformations voulues par les émotions.