Le Violoncelliste (1995) Gravures & estampes par Robert Combas

Gravure originale
Eau-forte sur vélin d’Arches
Signée au crayon
Numérotée sur 8/60 exemplaires

Une Pratique Picturale

Le public découvre les premières œuvres de Robert Combas en 1977. Cet élève de l’Ecole Régionale des Beaux-Arts de Montpellier, qui se joue des règles artistiques parisiennes enseignées par ses professeurs, jette en toute liberté les bases d’une pratique picturale personnelle qui se démarque des productions de l’époque.

Le jeune artiste n’a pas peur d’affronter une figuration qu’il veut à la fois expressive et narrative. A chaque étape de son cheminement, l’efficacité de ses œuvres tient à son instinct et à son environnement. Les bandes dessinées, les livres illustrés, les pochettes de disques, les affiches publicitaires et le Rock inspirent son art.

Plus tard, il étudie l’art brut de Jean Dubuffet (1901-1985) et de Gaston Chaissac (1910-1964). Il analyse avec discernement les toiles de Picasso, de Matisse, de Rouault, d’Hockney et de Toulouse-Lautrec. Sans complexe, Combas sait ce qu’il veut avec comme seul objectif la réussite et la reconnaissance d’un milieu artistique en mal de nouveauté, dont il refuse de respecter les normes.

Au début des années 80′, l’engouement pour le peintre se fait sentir dès ses premières manifestations. L’apparition publique de ses œuvres met la critique à rude épreuve. Son style inédit allié à la force insolente d’une peinture provocante – qui n’en est pourtant qu’à ses prémices – déroute nombre de spectateurs. La singularité de sa création bouscule largement les habitudes, et l’intensité de ses œuvres est telle, qu’elle est incontestablement la seule à offrir une alternative aux pratiques de l’époque.



Années 80′

Robert Combas choisit la peinture comme moyen d’expression privilégié. Ses sources d’inspiration liées à une sous-culture urbaine et populaire découlent immédiatement d’une actualité chaotique. Une décennie de violence accompagne l’artiste : la catastrophe de Tchernobyl, le deuxième choc pétrolier, le Krach boursier de Wall Street, le virus du Sida…

Robert n’en finit pas de reprendre des scènes de batailles sur les bancs de son école d’art à Montpellier. Les conflits internationaux qui s’affichent sur les écrans de télévisions apportent leurs lots de morts, d’emprisonnements, d’exodes et de massacres. Face à cette période d’angoisse et d’intolérance, le jeune artiste choisit la dérision comme défoulement.

Un véritable métissage culturel s’affirme sur la scène artistique avec l’arrivée de la révolution Punk et l’engouement des jeunes pour le Rock, auquel participe largement Robert Combas.

Privilégiant le droit et le plaisir de peindre – collant à la réalité du monde sur fond de musique Rock – la violence, le sexe et la drogue vont dès lors inspirer les artistes. C’est aussi l’époque où les graffitistes américains de l’East Village, Jean-Michel Basquiat (1960-1988) et Keith Haring (1958-1990) commencent à faire parler d’eux.

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« J’ai pensé qu’un jour le Rock & Roll entrerait dans les galeries : c’est ce qui est arrivé avec la Figuration Libre et les graffitistes américains de l’East Village. »


Eric FABRE, marchand d’art – XXème siècle.



Emergence d’un Style, La Figuration Libre

La Figuration Libre est l’expression des peintres témoins d’un temps qu’ils tentent d’illustrer. En affirmant leur appartenance à la culture de leur époque – feuilletons télévisés de seconde classe, bandes dessinées, concerts Rock, tags et graffitis – il revendiquent comme sources d’inspiration toutes formes de sous-cultures considérées comme triviales et vulgaires. Combas, Boisrond, les frères Di Rosa, Louis Jammes, ainsi que les artistes américains Basquiat, Haring et Scharf ont en commun leur arrogante jeunesse mêlée à l’effervescence d’un art qui côtoie la rue.

« La Figuration Libre ne se réduit pas à une suite de dessins sommaires exécutés rapidement. Il s’agit d’une proposition qui vise à instituer un langage en prise directe avec la cité, un langage où se fondrait la diversité des générations, des races. Une sorte d’argot universel compréhensible par tous. »


Otto HAHN (1928-1996), critique d’art et essayiste français d’origine hongroise – Figuration Libre, 1984.



Le Travail du Tracé, L’Horreur du Vide

Chargée de noir, d’un coup de crayon rapide, une vitesse prodigieuse semble cerner chacune des composantes de cette gravure – fond et forme confondus. Combas sature obsessionnellement l’espace tant l’horreur du vide lui est insupportable. Qu’il s’agisse de signes abstraits ou de figures, il recouvre toute la surface, jusqu’aux extrémités.

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« Je flippe vraiment à me demander si la toile sera bien, jusqu’à ce que je la remplisse. »

Robert COMBAS – Entretien avec Dimosthenis Davvetas, essayiste et professeur de philosophie de l’art.

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Aux œuvres à la mise en page relativement simple de ses débuts – d’un fond uniforme, sans personnage et aux contours géométriques modestes – succède très vite une surcharge excessive de formes et de figures qui s’enchevêtrent et se contorsionnent de manière inextricable. Dans un grouillement de motifs décoratifs et de signes incertains, le spectateur distingue pourtant le sujet de l’œuvre : le violoncelliste.

Le Violoncelliste de Combas défie toutes les normes. L’artiste annule l’effet de profondeur de champ, même s’il respecte le rapport que le fond – aussi chargé soit-il – entretient avec la forme. Il réduit à néant toute échelle de grandeur réaliste, quant à la taille des personnages mêlés aux objets superposés. A la confusion du tracé des figures, des signes et des personnages, s’ajoute un désordre apparent face à l’abondance de tout ce que l’artiste propose au regard.


Robert Combas a pour habitude de se jeter sur ses créations tel un torero dans l’arène. Cette impulsion graphique s’empare de tout, le sujet envahit la totalité du support imposant un rapport brut et sauvage entre lui, sa création et le spectateur.

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