Josy (2021) Peinture par Leadaart

Cette œuvre fait parti de la collection: « Visages d’ailleurs croisés à Brest »
Dans le cadre de cette collection, j'accompagne mes portraits de récits. Mon souhait premier est de partager de belles rencontres humaines qui ont eu lieu au sein de la population brestoise (issue de la ville de Brest )
Mon désir est également de montrer le beau chez l’humain. Chaque être humain renferme en lui de belles qualités, des rêves et des idéaux. Il mène souvent d’âpres combats ainsi que des luttes personnelles. C’est à travers tous les portraits de cette collection, que je souhaite rendre un vibrant hommage à l’humain.

Découvrez le portrait de Josy: mon modèle.

Josy

Originaire du Brésil, Josy commence sa vie dans un petit village à Valença, dans la région de Salvador da Bahia. Elle s’épanouit au sein d’une famille aimante, avec un père pêcheur de profession et une mère coiffeuse. Dès son plus jeune âge, Josy a donc appris à connaître l’univers de la coiffure à travers le métier de sa mère et sa sœur. Cependant, c’est vers le journalisme que se dirige Josy. Les huit premières années professionnelles de sa vie furent consacrées à l’animation d’émissions de radio musicales ou dédiées à la jeunesse, ainsi qu’à la politique. Josy est une jeune fille joyeuse et passionnée pleine d’allant. Elle a des rêves plein les yeux. Entre autres, elle souhaite découvrir de nouvelles cultures en voyageant et notamment apprendre à connaître l’Europe.

Plusieurs rencontres vont concrétiser son désir de changement. Les hasards de ses pérégrinations la conduisent jusqu’en France. Elle rencontre cependant un problème: ses diplômes brésiliens ne valent pratiquement rien dans ce pays. Elle doit donc tout recommencer à zéro, et accepter des métiers qui l’intéressent moins.
Elle commence donc sa nouvelle vie en travaillant dans le domaine de la pâtisserie-boulangerie. Durant cette période, Josy travaille énormément. Elle s’épuise entre l’éducation de sa fille et son nouveau travail. Elle manque de temps pour s’occuper de sa fille et d’elle-même à tel point qu’elle ne mange pas suffisamment. Elle perds beaucoup de poids.
Très vite, elle veut changer de carrière et choisit de suivre les traces de sa mère qui, comme on l’a dit, était coiffeuse. Pour se faire, elle passe tout d’abord un CAP (certificat d’aptitude professionnelle) et devient ensuite employée dans un salon. Cependant elle ne se plait pas. Elle ne peut pas agir comme elle le désire. En effet, la direction lui interdit entre autres de parler portugais aux clients lusophones.
Subissant de fortes contraintes, elle étouffe rapidement dans cette ambiance étriquée. Elle regrette aussi son départ précipité du Brésil, car sa famille lui manque. Elle qui avait rêvé d’une autre vie doit admettre que le résultat n’est pas à la hauteur de ses espérances.

C’est dans ce contexte que Josy envisage un nouveau projet. En effet, elle s’est aperçue qu’elle aimait par-dessus tout rendre les gens heureux et beaux. Elle décide donc de persévérer dans la coiffure, mais cette fois çi à sa façon!
Parallèlement, elle se souvient de son enfance au Brésil, où elle voyait son père, utiliser les cheveux coupés pour absorber les hydrocarbures déversés dans l’océan lors des marées noires et autres pollutions océanes. Cela lui donne l’idée de reproduire ce concept éco responsable en France. Étrangement, celui-ci est très peu développé et elle y décèle une opportunité. Elle se lance donc dans ce projet prometteur qui l’enthousiasme, après cinq ans de réflexions, accompagnée de l’association : « coiffeurs justes ». Aidée de son compagnon, elle ouvre son propre salon : « Nuances Brésil ». C’est un salon qui est écoresponsable. Les cheveux coupés sont transformés en « boudins à cheveux » puis déposés dans les cales de bateau du port de Brest pour absorber les hydrocarbures et de dépolluer les ports. Un kilo de cheveux permet de récolter huit kilos de pétrole. D’autre part, tous les produits utilisés sont naturels, et bio. Les coiffeuses du salon y trouvent aussi leur compte, car les cosmétiques utilisés ne sont pas agressifs. En outre, elle développe aussi le Vrac, pour diminuer le plus possible les emballages et le plastique dans les produits de coiffure. Ce concept trouve un écho chez beaucoup de Brestois, qui sont de plus sensibles à la préservation de la planète et de l’océan. Fort de ce succès, elle ouvre deux autres salons : un à Brest, et l’autre à Landerneau.

Après toutes ces années passées en France, Josy constate qu’elle s’est bien adaptée au style de vie à la française. Au début, ce fut compliqué pour elle. Elle se rappelle notamment avoir été choquée par la désespérance des gens et par le nombre de suicides. En effet au Brésil, la violence est monnaie courante, mais le taux de suicide est inférieur à celui de la France. Le manque de convivialité et d’entraide l’a aussi beaucoup déçu. Malgré ce décalage, elle réussit à faire son nid.

Je lui ai posé ma question préférée, comme à chaque entretien. Je lui ai demandé si elle avait un message particulier à transmettre. Sa réponse a été immédiate : ne jamais abandonner les rêves et les projets qui nous tiennent à cœur. Si l’on y croit vraiment, et si l’on persévère, cela finira par fonctionner. C’est souvent tentant de renoncer, mais si un système nous restreint, nous bride ou si l’on sent qu’on n’y est pas à notre place, mieux vaut ne pas y rester et faire ce dont on a réellement envie. Son histoire en témoigne. Ses deux rêves, celui de découvrir l’Europe, et celui d’avoir son propre salon de coiffure, ont vu le jour.

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