Claire De Villemeur Couveinhes

- Texte de Gilles Deleuze, Félix Guattari, Mille plateaux

« La carte est ouverte, elle est connectable dans toute ses dimensions, démontable, renversable, susceptible de recevoir constamment des modifications. Elle peut être déchirée,renversée, s’adapter à des montagnes de toute nature,être mise en chantier par un individu,un groupe, une formation sociale .On peut la dessiner sur un mur, la concevoir comme une œuvre d’art, la construire comme une action politique ou comme une méditation.

- Quelques déviations autour des films de Stevenin .Par Fabienne Costa

Pour échapper au plan , fuir ses lignes, aller outre dans « Passe montagne »Stévenin bouleverse les repères du Jura , fait mentir la carte ; il arrache le panneau censé signaler,à la limite de trois communes, l’emplacement de la combe qu’il convoite. Le paysage ne doit pas être estampillé, il doit s’affranchir de la carte.
Chacun peut en revanche y laisser librement ses propres marques non répertoriées, se l’approprier.
En dessinant à même le sol des cartes éphémères -points de contact directs entre la terre et les
corps.
Ces traces témoignent aussi de l’attachement littéral à la terre .Fouler la plage, enfoncer ces pieds dans la neige,sans hésiter a se mouiller en dehors des précautions d’un parcourt balisé, couru d’avance. Avancer franchement, dans le paysage- se terrer sous le sable,s’enfoncer dans la neige_ jusqu'à s’y confondre, émerger de nouveau, gros de cette terre S’ancrer dans le sol ici maintenant, fermement ; puis se libère,tendre a nouveau vers là-bas,avant tout. Vouées à la disparition des traces ne s’inscrivent pas dans la durée ; contrairement aux cartes officielles,
Elle n’écrivent pas la géographies de la France , mais tente de recueillir les instants échappée,
Officiellement irréparables.

La carte du Jura part en lambeau, .maintes fois pliées dépliées elle cède, raccordée au petit bonheur. Les limites, déjà, ont bougé, des chevauchements se profilent, des manques se creusent, les lignes se déplacent. La France rafistolée. Des petits trous , des jours aux pliures apparaissent, une représentation lacunaire du territoire.
Courir après le paysage sans jamais vraiment le rejoindre, reporter inlassablement la rencontre, s’approcher sans jamais toucher : passer à coté.
En s’appropriant la carte, Stévenin la néglige comme outil et la révèle en tant qu’image. La carte n’est plus à lire mais à regarder : lacis de lignes, taches de couleurs, pure abstraction…
Il existe deux types de cartes : la carte instrument, représentation graphique d’un milieu circonscrit, et la carte image,( La partie centrale représente les réalités, un état des faits géographiques bien connus, tandis qu’au fur est a mesure qu’on s’éloigne de centre familier,
La figure proposée devient de plus en plus imprécise)
Les nombreux décadrages qui étirent les plans de ses films évitent à tout prix les effets d’encadrement, ils font écho aux bords érodés des cartes dont on refuse les frontières

- Propos de Sylvain Tesson aventurier

La carte transforme la représentation onirique de l’espace en une image précise
Pour se faire pardonner d’avoir asséché le rêve ; la carte offre en pâture sur
une surface de papier extrêmement réduite une folle concentration de noms
merveilleux.

Expositions personnelles
- Centre GII Paris 2012
- Centre Etoile-Saint-Honoré Paris (2011)
- Centre André Malraux - Le Pecq (2009)
- Salle Victor Duruy - Cluny (2008)
- Centre Culturel Américain WICE - Paris (2007)
- Festival de piano de Bonneuil-Matour (2007)
- Espace Mezzara - Paris (2007) ccdev@free.fr
- Galerie Espérance (Bourgogne) (2006)
- Café M St-Germain-des-Prés Paris (2006)
- Espace Mezzara Paris (2004)
- Wissenschaftskolleg zu Berlin
- Cabinet Haarmann Hemmelrath & Partner Berlin
- Galerie Ducroux Paris
- Château d’Artigny Tours
- Galerie Dessaux Lausanne (Suisse)
- Galerie de la Cossonnerie Paris
- Galerie Librairie Fontaine Paris
- Château de Ferrière (Tarn)
- Taizé (Bourgogne)
- Cluny (Bourgogne)
- Périgueux (Dordogne)
- Saint Amant de Coly (Dordogne)

Expositions collectives
- Galerie Espérance – Bourgogne (2011)
- Galerie Arcima Paris (2009)
- Open Art 2007 Paris (2007)
- Chapelle Saint-Louis, hôpital de la Salpêtrière (2006)
- Château de Börnicke (Allemagne)
- Saint-Gengoux - le - National (Bourgogne)
- Hôtel de Ville de Berlin
- Hôtel de Ville de Paris
- Cernay (Belgique)
- Cluny (Bourgogne)
- Saint-Rémy de Provence
- Deauville

Divers
- Montage photos sur la reconstruction de Berlin après la chute du Mur
- Gravures pour une édition d’Orlando de Virginia Wolf
- Atelier des enfants du Centre Pompidou Paris
- Vitraux de la chapelle de l’Arvolot (Tournus)
- Décors de théâtre (farce de Plaute)

FORMATION :
Ecole des arts décoratifs de Paris
Ecole des beaux arts de Lyon

LE DEPLACEMENT (2004-2006)

Texte de Laurence Cossé, écrivain et journaliste

Pour cette exposition, Claire a hésité entre deux titres, « Invitation au voyage » et « Déplacements ».

« Déplacements » convient mieux, plus profond, plus complexe et plus trouble que l’aimable « Invitation », et si approprié au séisme exquis que Claire nous destine.

Car elle y va fort, avec ces collages. Sous prétexte de représenter le déplacement, - de troupeaux, de hordes, de plaques tectoniques, de courants marins - elle déplace nos repères fondamentaux : elle fait du concret avec de l’abstrait, et vice-versa, de l’irréel avec du réel, et inversement ; du flou à partir de net, du rêve à base de documents millimétrés.

Comment ça ? En chercheur d’or dans les marges du quotidien, Claire a mis la main sur un lot de vieux atlas, de guides de voyages et de cartes abandonnées. Elle les a regardés les yeux fermés, les a lus de droite à gauche, les a découpés, lacérés, émiettés, rêvés et recomposés en collages d’une grande beauté. De fragments savamment juxtaposés, elle a formé des paysages, couleur de montagne en hiver, de fleuves en crue, de plaines fertiles. Gris, verts, bleus et bruns des pages d’atlas, noirs et blancs des plans de villes, ocres et rouges, mers, déserts, pampas, loess : le monde de nos songes apparaît. On le voit de très haut, comme d’avion. On a le vertige. On plane. Le sûr et le certain sont tout bougés, le précis dansant. On dirait un pavage : c’est un collage. On croirait des pierres : ce sont des papiers. On connaît ça par cœur, c’est une page d’écriture : on se trompe, c’est une carte retouchée, méconnaissable, une carte pour jouer. Passe-passe.

De rupture en reformulation, toujours en mouvement, en évolution permanente, Claire déplace les choses, les catégories, les frontières, et elle nous force à bouger. Elle nous remue. Elle nous donne des ailes, et une envie merveilleuse d’aller voir ailleurs, autrement.

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exposition 2007:

Avec mes peintures cartes ; je propose un voyage.
Je détourne les cartes et les guides de voyages, « qui limitent un lieu » en un ailleurs, un rêve
infini ; ou chaque personne regardant , s’approchant ,s’éloignant , peut s’identifier à ce qu’il voit , ou se créer un monde à lui : par un nom de lieu , une route , une forme ,un personnage, une couleur…….
Pourquoi toujours rêver d’un ailleurs ?.
Pourquoi se déplacer ?
De ci, de là, ici et là, là-bas, plus loin, partout, nulle part …

2004 à 2006 : « L’invitation au voyage »

Le « déplacement » est le thème que j’ai exploité de 2004 à 2006 grâce à une collection de vieux atlas et de guides de voyage accumulés au cours des années.
En effet, ce thème me paraissait une problématique essentielle du XXIème siècle. La migration et les voyages font désormais partie de la vie quotidienne de chacun. Ce qui m’intéressait et m’intéresse toujours est de questionner le spectateur sur sa place dans l’espace en le plaçant devant des « cartes » et en l’invitant à se positionner par rapport à elles. Dans ces « cartes », où se mêlent peinture et collage, je mets à la disposition du spectateur toute une gamme d’outils de lecture de l’espace: codes, lignes, signes, légendes, mots, couleurs, tracés, évoquant des paysages divers : mer, terre, ville, climats, montagne, richesses naturelles, monuments, habitations…

2002 à 2003 : « Partir »

Le travail réalisé de 2002 à 2003 est consacré au thème du départ.
« Nous ne savons ni le jour, ni l’heure. » Les peintures appartenant à cette période représentent des silhouettes de dos. Elles sont en partance ou s’éloignent, qu’elles appartiennent à des personnes âgées ou jeunes, pressées ou clames, célèbres ou inconnues. Ce sont des ombres en partance.

1990-2002 : « Passages, croisements, oppositions »

Cette période, plus longue que les autres, a été marquée par mon séjour à Berlin. Les thèmes principaux que j’y abordais étaient ceux du passage, des oppositions et du croisement. De grandes croix barraient souvent mes toiles…