Philippe Butto

ignacio, prince des mares

j'ai souhaité à travers cette composition rendre un hommage tardif à mon grand-père espagnol, arrivé en France en 1918, employé en qualité de bûcheron afin de défricher les zones forestières dévastées dans l'est de la France après la première guerre mondiale.
tout au long de son existence et en dépit des difficultés liées à cette période, il a protégé sa femme et leurs quatre enfants; pour cette raison je l'ai qualifié de prince des mares, du nom de la sente au bout de laquelle la famille logeait, sur un terrain attribué par la mairie de romainville terrain sur lequel il avait construit de ses mains, aidé par quelques voisins espagnols, la baraque, ainsi que nous l'appelions lorsqu'enfants nous nous nous y réunissions.
Il est décédé à 50 ans emporté par la silicose, contractée alors qu'il travaillait dans les ateliers de la toile emeri, sans avoir connu ses petits enfants.

bienvenue au cinquième cercle
le cinquième cercle des enfers, selon la divine comédie "accueille" à leur mort les coléreux et les indifférents, bizarrement rassemblés dans l'horreur de leur ultime et éternel séjour.
je me suis autorisé à transposer à notre époque le texte de Dante, les nouveaux arrivants coléreux et indifférents mêlés autour d'une table le maître des lieux officiant en bout de table, leur présentant tel un g.o leur infernal séjour au cinquième cercle

texte de R.M. Rilke dont a été extrait le titre de cette composition 

Car ne crois pas que ce soit vanité

si je te dis que nul ne vit sa vie,
Les hommes sont hasards, voix et débris,
angoisses, jours de tous les jours, piètres bonheurs,
déguisés dès l'enfance, travestis,
masques majeurs, mais visages muets.
Je rêve qu'il doit être des musées
où se conservent ces multiples vies
comme armures, litières ou berceaux
dont nul être réel n'a fait usage
ou des costumes qui ne tiennent pas
tout seuls, et qui s'affaissent en frôlant
de puissants murs voûtés de pierre.