13 œuvres par Lou Perdu (Sélection)
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Ces œuvres dérangent(…).
Mais elles ont, quel que soit le regard qu’on leur porte, une profondeur et une force incontournable qui emportent le regard et l’émotion. On a envie de fuir peut-être et pourtant on y revient, on s’en approche, on veut les prendre dans la main, les toucher, en voir tous les détails, les petites mains, les visages, les yeux clos, les cordons de chair épousant les corps, retenant les cris, les corps lovés, (…), liés les uns aux autres, par la même prière, tous ces enlacements, (…) ces tentatives (…) toujours répétées, de s’extraire de la coquille, du ventre, de faire face à la naissance.
L’appel, la douleur. C‘est ce qui, au premier regard, peut se lire dans cette œuvre. Ce qui nous heurte, nous provoque, ces cris que poussent les enfants à demi-nés, et qui résonnent, là, en nous. Tout est parfaitement dessiné, modelé (…) et cette parfaite maîtrise technique efface le doute qui aurait pu surgir: ces sculptures ne sont pas œuvres d’imagination. Elles sont la très fidèle transcription des tensions traversées. Et dans le fait d’exhumer ces souvenirs, de chercher à leur donner vie, forme et volume, dans le fait d’accomplir ce travail de recréation, l’angoisse s’estompe peu à peu (…) il y a œuvre de libération, d’apaisement.
C’est cette volonté d’espérer, cette soif si violente de liberté que l’on retrouve de sculpture en sculpture, dans l’évolution de l’œuvre de Lou. Elle n’est pas restée enfermée dans l’univers clos des premiers fœtus, elle a voulu qu’ils s’évadent, qu’ils ouvrent les yeux. Ce mouvement de départ mêlant la souffrance vertigineuse à l’amour le plus intense, l’infinie douleur à l’émotion la plus pure, ce mouvement ne pouvait que s’amplifier(…). Alors les poings se sont desserrés, les bouches ont cessé de crier, les corps se sont dépliés et sont venus apprivoiser l’espace tout autour d’eux.
Mais l’espace à l’entour est vide, peuplé seulement des ruines des anciennes matrices ces gros blocs disposés çà et là(…) ou d’immenses plaines plates parfaitement lisses, dans lesquelles une fois de plus on se retrouve face à soi-même, irrémédiablement seul - cette solitude peut-être apaisée, silencieuse, contemplative
Vincent GILLES in La vie exactement n° 3