Toutes les œuvres de Lou Perdu
NYMPHES • 2 œuvres
Voir toutLou Perdu 2023
Bien sûr il y aurait la mer ... • 8 œuvres
Voir toutIl y a toujours la mer. Que le regard vaquant s’abandonne ou repose, ici, ou là, ou même là, il y a la mer : cette insistance à étirer la vision à l’infini et de chaque côté, comme deux bras qui s’ouvrent et enlacent la terre ; et ce bourrelet d’écume salée, baveuse de baisers suçotés au bord des paupières qui cillent au rythme discontinu des vagues.
La mer et le ciel qui s’y cogne ou s’y noie, par toute sa surface poreuse, boursouflée. Le ciel qui s’y remplit, comme dans le regard ce débordement des bleus…
Il y a la mer où il y a le regard, l’un faisant naître l’autre dans n’importe quel lieu par n’importe quel temps, et même la nuit où elle ne se signale que par la fraîcheur sourde sur les paupières et par son chant : elle est là contre le regard exorbité, noire, opaque, invisible. On aimerait la prendre en écharpe à son cou, soie noire, soie sauvage, soie contre le grain resserré de la peau, soie contre soi, toute.
Il y a la mer, le ciel et le sable, cette poudre, cette presque eau. Sable ourlé finement, gansé grain à grain. Et le pied hésite à brouiller cette délicate écriture, ce dialogue amoureux de la mer et du sable.
Et à la lisière des vagues, là où la mer baise et rebaise le sable, l’empreinte du pied creusée suinte, se remplit et s’efface, et il n’y a plus de place pour une autre inscription que celle de la mémoire de la mer, pour un autre désir que celui de la mer.
Et là où il y a la mer,
Il y a un corps qui glisse au pied des dunes, les yeux lacérés de ciel et de sable d’avoir fouillé au delà des courbes vers cette rumeur grondante. Et le corps disloqué par l’espoir vain de la voir, s’abîme au bas des dunes .Et le sable entraîné par la chute s’éboule, le recouvre en silence, et lui remplit la bouche et l’enserre au plus prés, et lui ferme les yeux,
Tandis qu’au fond de l’horizon la mer approche. Ecoutez-la … Et de toutes parts jubilante, et paisible, et terrible peut être, elle arrive. Dans sa masse et dans son étendue elle est là.
La mer est là. Il y a un corps disloqué sous le sable, un corps amoureux fou de la mer et sans l’avoir connue, sans l’avoir jamais vue, mort de l’avoir cherchée, elle qui chaque jour s’en va, mais qui revient, fidèle ; mort avant son retour, et dans son grondement lointain et dans son chant, je l’entends, je l’appelle, mais je ne la vois pas, et perdue dans ces dunes aux courbes si douces et si semblables je meurs dans la chaleur étouffante du sable, tandis que quelque part, la mer…
Là où il y a la mer, y –a-t il la mort ou l’amour? Et le regard à jamais ouvert sur l’absence, ce regard l’invente et la fait naître -mer- invisible, mais là.
Alors où il y a la mer, il y a une peur tenace au creux du ventre, une peur de ce désir de la mer d’être celle qui comble et jouit infiniment, une terreur sourde comme un gouffre, une grotte, un puits qui creuse la chair, un espace élastique par où elle rentrerait, désireuse toujours d’une forme nouvelle où se couler. Et lourd de la mer, enceint, où il y a la mer il y aurait un ventre et la menace en creux de devenir où elle repose , cette immobilité qui l’enclôt, et qu’elle suce et use au rythme de ses cycles.
Et usée, rongée,
Où il y a la mer il y a effusion lente, mélange intime des matières à la matière de la mer. Et du fond de l’horizon la vague se forme, s’enroule déferle et se défait, et le tout devient multitude, et l’un se morcelle,
Et la mer disperse et rassemble, et disperse et rassemble.
LOU PERDU. Paris 1990-2005
Dans cette oeuvre la mer n’est jamais « représentée ». Il s’agit plutôt de l’alentour de la mer. Le texte est une recherche lancinante et infructueuse à travers un dédale de dunes, d’une mer qui s’absente mais qui toujours revient : on l’entend elle est là mais on ne la voit pas, on en rêve, mais on ne l’atteint pas. Avec le mouvement des marées, la mer tisse avec le sable une géographie, une écriture et quand l’eau se retire il reste de cet échange des traces fascinantes, fragiles, éphémères, vite dispersées par le vent, la pluie, les pas...
Le jeu des gestes opérés avec la terre -rouler, plisser, dérouler, étirer, disperser - évoque l’action visible ou imaginée de la mer sur le sable. Par la combinaison des fragments le mouvement est donné et le dernier fragment se combine au premier .
Dans le four, le feu en vidant la terre de son eau fige dans une éternité précaire les traces de ces gestes et devient le garant de leur mémoire : ainsi la quête n’aura pas été tout à fait vaine.
Lou Perdu 1993
Entre deux eaux • 10 œuvres
Voir toutJ’ai réalisé une vingtaine de têtards surdimensionnés, de tailles différentes que j’installe au sol en fonction de l’espace, associés ou non à d’autres matériaux.
Par le changement d’échelle et la multiplication, mon intention est de provoquer d’abord surprise, étonnement, et nous rappeler à cet état d’enfance où nous étions nous-mêmes promis à bien des métamorphoses. Par leurs regards si particuliers qui semblent nous scruter (comme autre fois derrière la vitre du bocal où ils étaient confinés) ils semblent nous interroger : qui regarde qui ?
Lou perdu Paris 2005
Trois grands vers • 6 œuvres
Voir toutSe nourrir de terre et, ce faisant, l’aérer, l’entretenir, permettre aux plantes de s’enraciner et par ses excréments la rendre plus riche, plus fertile: voilà le rôle essentiel du ver de terre.
Dans cette installation, je propose au regard ce ver en terre cuite de 7 mètres de long et son coin de terreau, et les deux vers du poète Guillevic à l'écriture serpentine faite de fins boudins de terre: "Le ver de terre aussi /T’a donné quelque chose"
J’ai voulu rendre hommages à cet animal « rudimentaire » et pourtant indispensable à notre propre survie sur la planète
Lou Perdu, Paris 12 décembre 2009
Lire Guillevic Du domaine, Edition Poésie/Gallimard
Voir aussi la vidéo d’Olivier Barbier Les intestins de la terre
L'amatrice de limaces • 16 œuvres
Voir toutIssues d’un moule puis modifiées pour leur donner formes et mouvements suggérant la vie, elles évoluent dans différentes mises en espaces. Le moule ayant permis leur multiplication, j’ai voulu mettre en évidence le rôle primordial de cette matrice. Je l’ai considérée en temps que sculpture en l’intégrant dans deux installations à caractère ostensiblement sacré : L’Immaculée, et L’amatrice de limaces. Cette matrice vierge est posée sur un socle dressé sur une tribune tandis que les limaces trônent en majesté sur le mur.
Dans les installations suivantes, la représentation est plus anthropomorphique.Il s’agit plutôt de limaces évoquant des attitudes, des comportements ou des situations humaines. Les causeuses (en hommage à la sculpture de Camille Claudel), Les regardeuses (avec la visite de l' exposition des oeuvres végétales d’un certain Luô Dupré ), Trésor caché (désir d'un ailleurs dont le paradis est finalement sur terre)
Lou Perdu, Paris 12 décembre 2009
Haïkus-Photographies : Paysages • 10 œuvres
Voir toutCes images procèdent d’un assemblage de trois photographies numériques.
Les photographies captent généralement des fragments de nature, de paysages, et sont prises au hasard des lieux traversés. Ainsi s’est constituée une sorte de fond iconographique dans lequel je puise. Le montage constitué de trois photos fait suite à une pratique du « haïku », forme poétique Japonaise de l’instant comprenant trois vers de cinq, sept, et cinq pieds. Il comporte souvent un élément évoquant la saison. Cependant, dans ces montages photos, les images sont articulées selon plusieurs temporalités.
Lors de l’assemblage, je reste attentive aux relations des trois images les unes par rapport aux autres et par rapport à l’ensemble. Trouver ces liens pour que l’œil passe de l’une à l’autre et reconstruise sa vision par associations plastiques, par proximité ou par opposition de matières, de textures, de couleurs, de formes, et par associations subjectives ou oniriques. Parfois les photos se heurtent violemment. L’oeil est bousculé et bascule brutalement d’une vue de détail en plongée, à une vue de face lointaine, d’une prise de vue très lumineuse à une très sombre. Parfois les photos se fondent les unes dans les autres et font glisser imperceptiblement la vision vers des horizons incertains, sortes de travellings figés.
Le processus d’assemblage m’a passionné car ces montages dans le foisonnement de ma « banque d’images », ont fonctionné, comme des aventures imagières, poétiques, symboliques, mais aussi comme des mises en espace, des sortes d’installations ramenées aux deux dimensions du cadre.
Lou Perdu, Paris février 2012
Haïkus- Photographiques : Tête en feu • 4 œuvres
Voir toutLa tete le corps • 11 œuvres
Voir tout...Le couple tête-souche est le résultat d’une rencontre fortuite. Tête sans corps, arbre sans tronc, ont – ils été faits l’un pour l’autre ? Tête faite de terre que le passage au feu fige et rend résistante. Arbres sacrifiés pour installer un lac en place d’un bois, leurs racines ayant subi une longue immersion dans l’eau puis dans l’air. La racine joue comme signifiant de corps, la tête comme le lieu symbolique de la pensée d’où peut émerger du sens
…Mais si des sens se dévoilent, c’est toujours pour moi, après coup. Au début, juste l’insistance, l’évidence d’un geste, d’une vision, d’un regard : une disponibilité en éveil…
LOU PERDU, Paris décembre 2003
Les Orphelines Photographie 20cmx20cm • 8 œuvres
Voir toutRetravaillées avec les outils numériques, elles forment cet ensemble de variations autour du carré.
Ni tout à fait des mêmes • 8 œuvres
Voir toutLou Perdu a fait des installations pour chaque série de visages. Elle les a accrochés sur un mur de terre. Elle les a placés dans des caissettes de bois recouvertes de papier kraft puis a refermé les caissettes avec une vitre dépolie, les masques apparaissant comme des visages voilés de fumée. Elle a aussi déposé des têtes entières au centre de grands plateaux circulaires et un peu incurvés. Une autre fois elle les a placées dans la nature, sur une terre aride à côté de racines pétrifiées et de grosses roches érodées. Elle a fait ainsi de nombreuses tentatives et recherches sur la forme et l’installation des visages…
S.R