Agnan Kroichvili
23 œuvres par Agnan Kroichvili (Sélection)
Télécharger en PDF2014-De pierre en pierre musée archéologique de Dijon • 23 œuvres
Sur Calaméo : read/000361504a1bed88b2100
Entre art contemporain et préoccupation patrimoniale
L'année 2014 est marquée au musée archéologique de Dijon par une manifestation qui sort de l'ordinaire. Avec cette exposition consacrée au travail d'Agnan KROICHVILI, les frontières traditionnelles entre art contemporain et patrimoine historique sont moins hermétiques que d’ordinaire. L'artiste sait ce qu'il doit à l'empreinte multiséculaire et le souvenir du défunt se voit transcendé par le truchement des techniques du plasticien. Ce mariage heureux, comme dans un respect mutuel, une complicité bienveillante, engendre une expression plastique qui ne cesse de surprendre en nous donnant à voir autrement, en explicitant une iconographie jusqu'alors demeurée obscure.
L'homme, Agnan KROICHVILI, a derrière lui un riche parcours. Archéologue de terrain, doué dans l'analyse des sites à stratigraphie complexe, il fouille à Chalon-sur-Saône, puis plus longuement à Lyon et à Saint-Romain-en Gal. Sa curiosité, son goût de l'absolu et sa quête d'une vérité qu'il cherche éperdument, tranchent dans un cénacle où il est préférable de se borner à suivre la ligne commune. Aussi, peut-être incompris, il s'ouvre de plus en plus à l'Art et aux créations plastiques qui lui apportent une formidable opportunité à s'exprimer sans tabou, ni révérence.
En s'intéressant aux pierres tombales du musée archéologique de Dijon, il perpétue son goût pour la trace du passé. Près de quatre-vingt-dix plates tombes sont conservées dans les réserves, souvent fragmentaires et incomplètes. Il fait un relevé appliqué grandeur nature d'une trentaine d'entre elles. Il épie le détail vestimentaire, il comprend et met en exergue l'épitaphe du défunt, le nommant par son petit nom, marque d'une intimité d'heures passées en compagnie de ces Dijonnais dont il comprend, parfois mieux que le conservateur, la valeur sociale ou religieuse.
L'ampleur de son travail plastique est assez considérable. Agnan KROICHVILI développe sont art de "copiste" dans les matériaux les plus divers : toiles peintes ou écrues, multiglass, plaques de zinc, en passant par de nombreuses étapes empruntées au monde de la gravure ou de l'imprimerie (papier kraft, carton plume, macules, …). Dessin au trait, fidèle au modèle ou ajout de nuances colorées comme pour donner un supplément d'âme aux défunts, aux couples notamment ; autant d’expressions à la fois sensibles et fortes.
Si ces techniques Agnan KROICHVILI les redécouvre, les fait évoluer par rapport à ces premières réalisations en terres du Jura voisin, il réserve pour Dijon deux aspects inédits de son art que nous avons eu plaisir à encourager. C'est d'abord dans le dortoir des Bénédictins, une grande fresque sur toile écrue (8 m x 2,50 m), rassemblant comme un portrait de famille improbable, nobles, prélats et bourgeois qu'il a "croqués" lors de ces travaux au cours des dernières années. Les hôtes dijonnais entrent ainsi en résonance avec un peuple de défunts proches : leurs frères. Par ailleurs, dans la salle romane du musée, des "citations" ponctuelles à ces empreintes donnent à voir des figurations sensibles évoquant là, un visage fantomatique inspiré du Saint-Suaire, ou ici, les bustes saisissants du Fayoum. Retour aux références historiques qui flattent l'amateur du passé.
Cette expression plastique harmonieuse a séduit nombre de partenaires qu’il nous est agréable de remercier ici : la Société des Amis de musées de Dijon et les Amis d’Agnan qui ont participé financièrement à l’impression de ce journal d’exposition et Guillaume Grillon, qui donne ici des éclairages précieux sur notre collection de pierres tombales. Sa thèse soutenue récemment, intitulée de manière très évocatrice : « L’ultime message », apporte une somme de connaissances dont nous tentons de transmettre ici quelques éléments-clefs. Aussi, c'est avec un plaisir non dissimulé que nous vous accueillions cette année encore au musée archéologique de Dijon.
Bonne visite, bon voyage.
Christian VERNOU, Conservateur en chef du musée archéologique de Dijon.
les 13 musée archéologique de Dijon,série pour l'exposition du musée archéologique de Dijon d'après les dalles funéraires de la cathédrale St bénigne en mémoire des douze moines et de l'abbé Bernon partis fonder l'abbaye de Cluny et bien sûr en écho à la cène