Les Funérailles d’Atala Peinture par Anne-Louis Girodet

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D’après Anne-Louis GIRODET (1767-1824) – Ecole de la fin du XIXème Siècle. ” Les Funérailles d’Atala “. Huile sur toile. Signée en bas à gauche. 61,5 x 75,5 cm. Anne-Louis Girodet. « Qui dit romantisme dit art moderne – c'est-à-dire intimité, spiritualité, couleur, aspiration vers l’infini, exprimées par tous les moyens que contiennent les arts. ». [...]
D’après Anne-Louis GIRODET (1767-1824) – Ecole de la fin du XIXème Siècle
” Les Funérailles d’Atala “
Huile sur toile
Signée en bas à gauche
61,5 x 75,5 cm

Anne-Louis Girodet

« Qui dit romantisme dit art moderne – c'est-à-dire intimité, spiritualité, couleur, aspiration vers l’infini, exprimées par tous les moyens que contiennent les arts. »

Charles Baudelaire (1821-1867), Salon, 1846.

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Baudelaire résume toute l’essence du grand mouvement culturel qui secoue l’Europe durant la première moitié du XIXème siècle, le romantisme. Phénomène d’une portée révolutionnaire dans les différents domaines de l’art, le romantisme prend ses racines au cœur même du siècle des Lumières. Un des idéaux les plus novateurs du mouvement est le concept de génie artistique, irrationnel et créatif, non plus soumis à la raison mais animé d’une liberté intérieure qui brise les codes et les conventions. Les artistes romantiques se rebellent contre le conservatisme des académies et la modération du néoclassicisme ; ils donnent la primauté à une imagination débridée soulignant l’importance de l’expérience individuelle.

Puisant dans la subjectivité et prêtant l’oreille à l’inspiration divine, le romantisme laisse place aux intuitions, aux sentiments et aux tourments. Il privilégie les sujets inquiétants, teintés d’une mélancolie qui fragilise l’homme face au monde hostile en constante évolution. Il crée un univers rempli d’émotions extrêmes, d’horreurs, de violences, de forces surnaturelles évoluant en dehors de tout contrôle de la compréhension humaine. Une nouvelle conception de l’art est née : le droit de se laisser bercer par la sensibilité.

Le romantisme apparaît à la fin du XVIIIème siècle mais connaît son apogée après 1800. En France, deux camps s’affrontent sur la scène artistique du XIXème siècle : d’un côté, les néoclassiques menés par Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867), mettent l’accent sur l’ordre, la raison et la sérénité – de l’autre, les romantiques, qui sous la houlette d’Eugène Delacroix (1798-1863) insistent sur les peines, les amertumes et les chagrins.

Bien qu’ils s’insurgent contre l’ordre et le rationalisme, les premiers romantiques tels que le britannique d’origine suisse Johann Heinrich Füssli (1741-1825) et ses contemporains, s’inspirent du style antique ; toutefois, ils en exagèrent et en dénaturent les formes pour produire des personnages à la musculature improbable ou à la gestuelle dramatique.

L’œuvre la plus connue de Füssli, Le Cauchemar, incarne la théâtralité exacerbée du romantisme. Le tableau est tellement plébiscité par le public que l’artiste en réalise trois autres versions. Il se serait inspiré de contes populaires dans lesquelles des femmes endormies reçoivent la visite du diable, s’étreignent avec lui, puis se remémorent la scène dans leurs rêves. Mais, une histoire plus personnelle se dissimule derrière cette peinture ; au dos de la toile, apparaît un portrait d’Anna Landholdt, laquelle refuse le mariage à Füssli. L’érotisme teinté de sadisme pourrait bien refléter la passion contrariée de l’artiste…



En réalité, les néoclassiques et les romantiques partagent de nombreux points communs et cherchent à atteindre des idéaux inaccessibles de noblesse et de grandeur. Le mouvement romantique disparaît vers le milieu du siècle mais son esprit contestataire perdure jusqu’à l’époque moderne.

Anne-Louis Girodet (1767-1824) appartient à la fois au camp néoclassique et au camp romantique. Il suit la technique raffinée de son maître Jacques-Louis David (1748-1825) mais privilégie souvent les thèmes chargés d’émotions, éclairés d’une lumière vive.



Anne-Louis Girodet, Un Fils de Famille



L’influence de l’entourage d’Anne-Louis est considérable quant à la formation de sa personnalité. Trois personnes portent une attention particulière à son éducation : son père, sa mère et le docteur Benoît François Trioson (1736-1816) ; tous trois veillent sur lui, s’entourant de conseils avisés des maîtres de pension et d’intelligentes relations familiales. La correspondance de l’enfant avec ses parents permet de suivre quotidiennement ses progrès depuis ses premières années de pension parisienne, à l’âge de neuf ans, jusqu’à l’Académie de France à Rome, quinze ans plus tard.

Tout au long de ses lettres – qui révèlent un caractère à la fois respectueux, studieux, exigeant et ambitieux – Anne-Louis manifeste son attachement à ses parents, dont la santé le préoccupe constamment ; son inquiétude est fondée, puisque son père disparaît en 1784, et sa mère en 1787. Il se retrouve orphelin à l’âge de vingt ans. Dès lors, le docteur Trioson devient le second père et l’adopte légalement en 1809.

Anne-Louis reçoit une éducation orientée vers les lettres et les sciences sans négliger les arts, fondamentaux pour renforcer les liens sociaux. Il pratique la danse, l’escrime et jouera du piano toute sa vie en amateur averti. Quant à ses dessins inspirés de modèles baroques, ils montrent simplement la précocité d’une virtuosité et s’affirment au point de lui faire convoiter une carrière d’architecte.

Trioson le dirige vers la voie de l’architecture, mais une autre vocation naît dans l’esprit du jeune homme : la peinture. Le docteur le mène plusieurs fois au Salon de 1781, puis en mars 1783, il s’inscrit à l’Académie Royale de peinture, tout en faisant ses débuts à l’académie d’architecture.

Anne-Louis est introduit auprès du peintre Joseph Vernet (1714-1789) et prend des leçons de dessin dans l’atelier de Jacques-Louis David (1). Lorsque son père meurt en 1784, Girodet fait le choix de sa carrière, il sera peintre.

Quand Girodet est admis dans l’atelier de David, il est son élève favori. L’organisation du travail chez David obéit à la tradition des grands ateliers classiques qui implique la collaboration des élèves majeurs aux productions du maître. Durant les années d’apprentissage, la course aux marques de reconnaissance du maître forme la dynamique de l’atelier.

« Girodet était tellement rempli de respect pour son maître, que chaque jour, avant d’entrer en loge, il allait préparer sa palette devant les Horaces. »

Pierre-Alexandre Coupin (1780-1841), critique d’art et de littérature – 1829.



Séducteur Malheureux du Pouvoir

Anne-Louis Girodet est issu du milieu bourgeois, celui qui administre les apanages princiers ou le domaine royal, et qui s’enrichit tout au long du XVIIIème siècle. Cette classe aisée joue un rôle déterminant durant la Révolution. Dépassée par les événements de 1792 puis par le gouvernement de la Terreur, cette bourgeoisie s’accommode peu de l’autoritarisme de l’Empire et œuvre pour le retour des Bourbons sur le trône.

Dans ce contexte, l’œuvre de Girodet se laisse mal ordonner par les catégories du néoclassicisme ou du romantisme. Quant à ses convictions politiques, elles évoluent avec la situation internationale et la radicalisation de la Révolution. Ainsi commence-t-il à comprendre en se rapprochant de la France que la Révolution n’est pas une parade idéologique, qu’il va falloir jouer serré pour survivre et s’imposer dans une société complexe ?

Girodet réalise que ses affaires sont embrouillées, qu’il est à court d’argent et que les difficultés s’accumulent tant sur le plan financier que pratique. La chute de la Monarchie et la Révolution modifient profondément le paysage artistique français. La carrière des Prix de Rome n’est plus la route toute tracée qu’assurait le mécénat royal de l’Ancien Régime ; désormais, les lauréats doivent conquérir leur public dans la sphère privée comme dans la sphère publique.

Piètre stratège, Girodet échoue dans ses entreprises vis-à-vis du pouvoir politique. Sous le Directoire, il ne réussit pas à recevoir les commandes qu’il sollicite auprès de Talleyrand (2), si bien qu’il écrit une lettre à Bonaparte dans laquelle il expose un vaste programme patriotique.

En 1801, Girodet tente de nouveau de forcer l’intérêt du Général devenu Premier Consul, sans grand succès. Il faut dire que le peintre n’est pas le favori du régime, et ses tentatives de séduction restent malheureuses. Ses tableaux, trop savants et intellectuellement trop ambitieux, sont peu utilisables par le politique. Le souci de perfection et le temps de réalisation qu’il octroie à chacune de ses œuvres ne sont pas compatibles avec la rapidité nouvelle de l’Histoire. La période est agitée, les évènements vont plus vite que la peinture…

L’avenir s’éclaircit lorsqu’il loue puis achète un grand atelier dans l’ancien couvent des Capucines, proche de la Place Vendôme. Cette acquisition onéreuse dépasse de loin ses liquidités et le précipite dans des dettes qu’il parvient difficilement à honorer. Néanmoins son activité intense de portraitiste et ses « anxieuses » sollicitations de commandes d’Etat – notamment celle de trente-six portraits de l’Empereur – réaniment sa carrière d’artiste.



Ecole de la Fin du XIXème Siècle

Le romantisme se distingue par sa variété de style ; c’est en France, plus que partout ailleurs, qu’il est perçu comme l’antithèse du classicisme. Il est généralement associé au brio fringant et aux couleurs éclatantes d’Eugène Delacroix. Dans les années 1820, les critiques des expositions au Salon opposent Delacroix et Ingres. En réalité, la frontière entre les deux styles reste assez floue. Delacroix admire la tradition, quant à Ingres, ses représentations de harem sont indéniablement romantiques.



Le Nouveau Monde & La Féerie du Sentiment

Au XIXème siècle, toutes les terres émergées de la planète sont découvertes et nombreuses demeurent entourées d’un halo de mystère. L’Amérique est le continent dont les Européens se sentent le plus proche, même si le Vieux Continent cultive une vision lointaine de ces pays exotiques. Aux yeux de la vieille Europe, l’Amérique conserve tout son pouvoir de fascination, à travers les histoires de cannibalisme et les descriptions extraordinaires des forêts amazoniennes – comme en témoigne le succès des livres consacrés aux tribus indiennes, telle L’histoire des Indiens d’Amérique de William Hauley en 1775.

Dans le domaine des arts, le romantisme gagne le Nouveau Monde. Les artistes romantiques sont séduits par les sujets orientalistes, avec leur promesse d’exotisme, de nouveauté et de passion. La figure de l’Indien répond particulièrement au goût de l’époque. Identifié comme « le bon sauvage » par les théories de Rousseau, il est le symbole d’une civilisation primitive condamnée par la colonisation à une fin imminente. Par la suite, l’indigène d’Amérique devient un héros romantique : rebelle, fougueux et épris de liberté. L’artiste entend célébrer sa vertu et son héroïsme en le représentant dans une atmosphère idéalisée. Chez les romantiques tels que Chateaubriand, Girodet ou Delacroix, l’histoire des Indiens est interprétée dans sa dimension tragique : le sentiment de solitude et de mélancolie domine.


Le public se passionne pour les contes fantastiques, les histoires d’amour et l’exotisme. Les mystères des sentiments, des affinités et de l’amour, ainsi que le goût du surnaturel sont une source inépuisable d’inspiration pour la littérature comme pour la peinture romantique.



Atala portée par la Sensibilité Romantique



Inspirée par le célèbre roman Atala de Chateaubriand publié en 1801, cette toile en décrit le dénouement tragique : Chactas, un indien de la tribu des Natchez, pleure la mort d’Atala, une jeune indienne chrétienne qui s’est donnée la mort pour ne pas briser son vœu de chasteté en se donnant à l’amour ; aidé du père Aubry, Chactas procède à son inhumation. Du Nouveau Monde, l’artiste restitue la vision romantique dominée par l’émotion. Chactas n’est plus « le bon sauvage » victime de la civilisation, mais un être en proie aux troubles de la passion. Le drame est entier – contenu dans le geste du jeune homme serrant dans ses bras les jambes de sa bien-aimée – tandis que le moine, les yeux baissés, contemple le visage d’Atala que vient éclairer une lumière chaude, presque surnaturelle.


Si Chateaubriand fait éloge du christianisme à travers les péripéties de Chactas dans son roman, Anne-Louis Girodet montre que la religion chrétienne est amour à travers sa peinture.



Notes :

1- Jacques-Louis David (1748-1825) est considéré comme le chef de file du mouvement néoclassique. Il opère une rupture avec le style galant et libertin de la peinture rococo du XVIIIème siècle – représentée par François Boucher (1703-1770) et Carl Van Loo (1705-1765) – et revendique l’héritage du classicisme de Nicolas Poussin (1594-1665) et des idéaux esthétiques grecs et romains, en cherchant selon sa propre formule à « régénérer les arts en développant une peinture que les classiques grecs et romains auraient sans hésiter pu prendre pour la leur ».

2- Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord communément nommé Talleyrand (1754-1838) est un homme d’Etat et diplomate français.

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Anne-Louis Girodet*Tableau Xixème SiècleTableau 19Ème SiècleLes Funérailles D’atalaHuile Sur Toile

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L'œuvre de Girodet se situe à la charnière des deux grands courants artistiques du début du xixe siècle : la peinture néoclassique et la peinture romantique. La recherche de la beauté idéale selon les canons classiques [...]

L'œuvre de Girodet se situe à la charnière des deux grands courants artistiques du début du xixe siècle : la peinture néoclassique et la peinture romantique. La recherche de la beauté idéale selon les canons classiques l'inscrit dans la lignée des peintres néoclassiques davidiens dont il est avec Antoine-Jean Gros, François Gérard, et Jean-Auguste-Dominique Ingres l'un des principaux représentants, alors même que, par une forte volonté d'innovation, il imprègne ses peintures d'une grâce et d'une poésie singulière qui préfigure le romantisme.

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