Andreea Talpeanu
Le lien est la seule chose qui décrit le monde dans son ensemble. Mon art s'intéresse à cela.
Andreea Talpeanu, née en 1982, vit et travaille à Paris. Le fait d’avoir grandi en Roumanie dans les années 1980, puis d’avoir été confrontée au capitalisme sauvage après la révolution a incité l’artiste à un type d’expression peu conventionnel. Son travail implique à la fois sculptures, tableaux, installations et dessins, et ses recherches actuelles portent sur la notion de lien, de syncrétisme entre différentes parties du système contemporain. L’utilisation du fil prend une place importante dans sa création : il s’agit d’un mode d’expression issu des temps anciens, utilisé à dessein pour décrire les mutations incessantes et l’hyper réactivité du monde actuel.
Ce geste de tissage de l’artiste —faussement anodin— expression de sa confrontation au monde, s’avère une façon de constituer un ensemble, véritable déclaration politique quant aux déchets que la modernité produit. Les objets utilisés dans ses sculptures sont les organes d’un corps qui métabolisent à la fois notre aspect naturel, libidinal, pulsionnel et consumériste, ainsi que l’hyper transformation chirurgicale et des types de soumission aux structures autoritaires suspectes. Ces objets obsolètes sont à la fois les reliques d’une société morte et la structure de notre mutation sociale actuelle. Le corps, dans l’acceptation de « l’ensemble », n’est que le fruit des fusions paradoxales, qui prend sens sous une temporalité lente : la couture.
Bien que l’artiste ait été influencée par l’Arte Povera, l’Expressionnisme abstrait ou encore le Dada, elle vise à instruire l’hypermodernisme en art et sculpte les contours de ce nouveau courant. Ses œuvres représentent à la fois une critique et une revalorisation du modernisme, en même temps qu’elles déclinent deux autres particularités de l’hypermodernisme : le recyclage et le syncrétisme. Très ancrée dans le questionnement du monde actuel, l’artiste, à la manière d’une chroniqueuse mais avec beaucoup de poésie, utilise et incorpore des objets obsolètes pour créer de nouveaux corps et matières. Le recyclage étant une des prérogatives les plus importantes de la nouvelle marche du monde, Andreea Talpeanu s’adapte à cette nouvelle philosophie de vie pour mieux relier des disciplines, des propos, des segments du contemporain
Découvrez les œuvres d'art contemporain de Andreea Talpeanu, parcourez les œuvres d'art récentes et achetez en ligne. Catégories: artistes contemporains français. Domaines artistiques: Art textile, Sculpture. Type de compte: Artiste , membre depuis 2022 (Pays d'origine Roumanie). Achetez les dernières œuvres de Andreea Talpeanu sur ArtMajeur: Découvrez de superbes œuvres par l'artiste contemporain Andreea Talpeanu. Parcourez ses œuvres d'art, achetez des œuvres originales ou des impressions haut de gamme.
Cote artiste, Biographie, Atelier de l'artiste:
Mutations consommables • 37 œuvres
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Cette collection présente un choix d'œuvres diversifié issu de plusieurs séries de mon travail, allant [...]
Cette collection présente un choix d'œuvres diversifié issu de plusieurs séries de mon travail, allant des "Nus hyper-modernes" (sculptures à l'échelle humaine) aux "Hyper-plantes DDmix" (tableaux) et "Hyper-plantes VVmix" (mini-sculptures textiles). L'idée est de montrer la cohérence sous-jacente de mon art, qui transcende les thèmes individuels de chaque série.
Mon travail explore le concept de transformation d'un élément en un autre, souvent de manière extrapolée mais toujours en conservant l'essence de l'élément de départ, comme indiqué par le titre de l'œuvre. Ce processus de transformation me conduit à des réflexions poétiques et personnelles sur la nature des choses, faisant de mon œuvre une sorte de journal lyrique sur les questions sociales et sociétales. Les critiques d'art ont souvent décrit mon travail comme engagé. Cet engagement se manifeste à travers le choix des sujets, l'utilisation extensive du recyclage dans mes œuvres, et le geste lent de la couture comme une forme de résistance à l'hyper-activité contemporaine. Par exemple, les sculptures de la série "Nus hyper-modernes" sont faites à partir d'objets obsolètes, qui deviennent les organes de ces corps poétiques, évoquant des formes rhizomiques. Dans la série "Hyper-plantes DDmix", les toiles sont majoritairement recyclées ou proviennent de dons, reflétant mon engagement environnemental et mon commentaire sur les excès de la société de consommation.
Les titres de mes œuvres sont cruciaux pour leur compréhension, car ils enrichissent la lecture visuelle avec un lyrisme qui raconte un monde en tension avec les mutations modernes, dans un contexte hyper-moderne.
Mon art n'est pas une simple marchandise à acquérir, mais un reflet critique de notre époque, une époque où la consommation est à la fois le moteur et le fléau de notre société. Chaque œuvre que je crée est une fenêtre ouverte sur les paradoxes de notre monde consumériste. Je reconnais l'ironie et le paradoxe de vouloir vendre des œuvres qui critiquent la surconsommation. Cependant, ce n'est pas une contradiction, mais plutôt une mise en abyme. En vendant ces œuvres, je ne cherche pas à promouvoir la consommation, mais à susciter une réflexion. L'achat d'une de mes pièces n'est pas seulement un acte de consommation, c'est aussi une prise de conscience, un investissement dans une critique sociale. Chaque transaction est une invitation à se questionner : pourquoi achetons-nous ? Que cherchons-nous à acquérir au-delà de l'objet lui-même ? En se procurant une de mes œuvres, le collectionneur devient complice de cette critique. Il ne possède pas simplement un objet d'art, mais il participe à un dialogue plus large sur la valeur, le besoin, et l'absurdité de la consommation compulsive. Ainsi, mon travail n'est pas une invitation à consommer davantage, mais une incitation à consommer différemment, avec conscience, en soutenant un discours qui remet en question les fondements mêmes de la société de consommation.
Mon travail explore le concept de transformation d'un élément en un autre, souvent de manière extrapolée mais toujours en conservant l'essence de l'élément de départ, comme indiqué par le titre de l'œuvre. Ce processus de transformation me conduit à des réflexions poétiques et personnelles sur la nature des choses, faisant de mon œuvre une sorte de journal lyrique sur les questions sociales et sociétales. Les critiques d'art ont souvent décrit mon travail comme engagé. Cet engagement se manifeste à travers le choix des sujets, l'utilisation extensive du recyclage dans mes œuvres, et le geste lent de la couture comme une forme de résistance à l'hyper-activité contemporaine. Par exemple, les sculptures de la série "Nus hyper-modernes" sont faites à partir d'objets obsolètes, qui deviennent les organes de ces corps poétiques, évoquant des formes rhizomiques. Dans la série "Hyper-plantes DDmix", les toiles sont majoritairement recyclées ou proviennent de dons, reflétant mon engagement environnemental et mon commentaire sur les excès de la société de consommation.
Les titres de mes œuvres sont cruciaux pour leur compréhension, car ils enrichissent la lecture visuelle avec un lyrisme qui raconte un monde en tension avec les mutations modernes, dans un contexte hyper-moderne.
Mon art n'est pas une simple marchandise à acquérir, mais un reflet critique de notre époque, une époque où la consommation est à la fois le moteur et le fléau de notre société. Chaque œuvre que je crée est une fenêtre ouverte sur les paradoxes de notre monde consumériste. Je reconnais l'ironie et le paradoxe de vouloir vendre des œuvres qui critiquent la surconsommation. Cependant, ce n'est pas une contradiction, mais plutôt une mise en abyme. En vendant ces œuvres, je ne cherche pas à promouvoir la consommation, mais à susciter une réflexion. L'achat d'une de mes pièces n'est pas seulement un acte de consommation, c'est aussi une prise de conscience, un investissement dans une critique sociale. Chaque transaction est une invitation à se questionner : pourquoi achetons-nous ? Que cherchons-nous à acquérir au-delà de l'objet lui-même ? En se procurant une de mes œuvres, le collectionneur devient complice de cette critique. Il ne possède pas simplement un objet d'art, mais il participe à un dialogue plus large sur la valeur, le besoin, et l'absurdité de la consommation compulsive. Ainsi, mon travail n'est pas une invitation à consommer davantage, mais une incitation à consommer différemment, avec conscience, en soutenant un discours qui remet en question les fondements mêmes de la société de consommation.
Œuvres Vendues • 13 œuvres
Reconnaissance
Publié dans les médias
L'artiste a été publié dans les média, presse radio ou TV
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Choix de la rédaction
Les travaux de l'artiste ont été remarqués par la rédaction
Les travaux de l'artiste ont été remarqués par la rédaction
Présenté dans des salons d'art
L'artiste participe à des salons et foires artistiques
L'artiste participe à des salons et foires artistiques
Artiste professionnel
Exerce le métier d'artiste à titre d'activité principale
Exerce le métier d'artiste à titre d'activité principale
Biographie
Andreea Talpeanu, née en 1982, vit et travaille à Paris. Le fait d’avoir grandi en Roumanie dans les années 1980, puis d’avoir été confrontée au capitalisme sauvage après la révolution a incité l’artiste à un type d’expression peu conventionnel. Son travail implique à la fois sculptures, tableaux, installations et dessins, et ses recherches actuelles portent sur la notion de lien, de syncrétisme entre différentes parties du système contemporain. L’utilisation du fil prend une place importante dans sa création : il s’agit d’un mode d’expression issu des temps anciens, utilisé à dessein pour décrire les mutations incessantes et l’hyper réactivité du monde actuel.
Ce geste de tissage de l’artiste —faussement anodin— expression de sa confrontation au monde, s’avère une façon de constituer un ensemble, véritable déclaration politique quant aux déchets que la modernité produit. Les objets utilisés dans ses sculptures sont les organes d’un corps qui métabolisent à la fois notre aspect naturel, libidinal, pulsionnel et consumériste, ainsi que l’hyper transformation chirurgicale et des types de soumission aux structures autoritaires suspectes. Ces objets obsolètes sont à la fois les reliques d’une société morte et la structure de notre mutation sociale actuelle. Le corps, dans l’acceptation de « l’ensemble », n’est que le fruit des fusions paradoxales, qui prend sens sous une temporalité lente : la couture.
Bien que l’artiste ait été influencée par l’Arte Povera, l’Expressionnisme abstrait ou encore le Dada, elle vise à instruire l’hypermodernisme en art et sculpte les contours de ce nouveau courant. Ses œuvres représentent à la fois une critique et une revalorisation du modernisme, en même temps qu’elles déclinent deux autres particularités de l’hypermodernisme : le recyclage et le syncrétisme. Très ancrée dans le questionnement du monde actuel, l’artiste, à la manière d’une chroniqueuse mais avec beaucoup de poésie, utilise et incorpore des objets obsolètes pour créer de nouveaux corps et matières. Le recyclage étant une des prérogatives les plus importantes de la nouvelle marche du monde, Andreea Talpeanu s’adapte à cette nouvelle philosophie de vie pour mieux relier des disciplines, des propos, des segments du contemporain
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Nationalité:
ROUMANIE
- Date de naissance : 1982
- Domaines artistiques: Œuvres d’artistes côtés, Œuvres d’artistes professionnels,
- Groupes: Artistes côtés Artiste professionnel Artistes Contemporains Roumains

Evénements artistiques en cours et à venir
Pas encore de données disponibles
Influences
Formation
2005 - 2013
Diplome d'Architecte d'etat
Paris,
France
Cote de l'artiste certifiée
Certification réalisée en collaboration avec Akoun, le leader mondial en informations sur le marché de l'art depuis 1985.

Cote artiste Sculpture 2024 | 5 000,00 € (5 696,50 $US)
La certification a été établie par Jacques-Armand Akoun le 2 déc. 2024.
Accomplissements
Expositions collectives
2024
Ecritures, Enseigne Des Oudins,
Paris,
France
2022
Foire Focus Art
Paris,
Ile de France,
France
2017
Grise Matière, Aérostat Marionnettes Kiosque,
Nanterre,
France
2017
Artbox Project, Art Basel,
Basel,
Suisse
2014
Atteinte À La Beauté, Médiathèque Saint-Exupéry,
Neuilly-sur-Marne,
France
2014
Du Prix Des Choses, Centre Culturel Jean Cocteau,
Lilas,
France
2013
Intimate, Frameless Gallery,
London,
Royaume-Uni
2012
Défilé, Robe Mnémosyne, Palais De Tokyo
Paris,
France
Collections permanentes
2024
Enseigne Des Oudins
Paris,
Ile de France,
France
2014
La Clef
Saint Germain en Laye,
Yvelines,
France
Expositions solo
2024
Hyper-Plantes, Galerie Pos,
Paris,
France
2023
Untitled Nudes, Hca Gallery,
Kansas City,
États-Unis
2021
Nus Sans Titre, Galerie Pos,
Paris,
France
2021
Mutation, Galerie De Thorigny,
Paris,
France
2020
Amour Indigo, Galerie Pos,
Paris,
France
2014
Chaos En Blanc, La Clef,
Saint Germain en Laye,
France
Activité sur ArtMajeur
Dernière mise à jour: 2 févr. 2025
(Membre depuis 2022)
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Œuvres de Andreea Talpeanu ajoutées aux collections favorites: 56
Dernières Nouvelles
Toutes les dernières nouvelles de l'artiste contemporain Andreea Talpeanu
Ajouté le 21 nov. 2024
Manifeste de l'Hypermodernisme
Par l'artiste Andreea Talpeanu et la critique d'art Christelle Rouillé
Remerciements pour leurs interventions à l'artiste Julien Spianti et à la critique d'art Clare Mary Puyfoulhoux
Depuis la fin des années 1990, nos sociétés mondialisées se construisent à partir de multiples acteurs et facteurs : médias, réseaux connectés, transhumanisme, recherches sur les mutations génétiques, compétitions technologiques et financières ou encore prolifération d’objets qui entraîne rejets et déchets. Les inventions générées par les secteurs de la recherche scientifique et de l’intelligence artificielle répondent à des besoins de demiurge, qui jouent de pair avec les secteurs économiques et financiers, toujours plus avides. Du côté des phénomènes sociaux, la division entre deux camps bien définis semble être catégorique : la modestie, d’une part – voire le misérable –, et l’opulence, d’autre part. Notre quotidien est saturé par cette rumeur incessante qui fait le constat d’une paupérisation croissante d’une partie de la société, d’individus privés de droits fondamentaux, d’un repli identitaire, d’un individualisme exacerbé, de guerres culturelles et ethniques ; le tout couronné par un dérèglement environnemental que l’on prétend vouloir endiguer. Au sein de cette confusion infinie d’informations et d’échanges accélérés, le besoin de structuration culturelle et identitaire n’a jamais été aussi fort.
L’hypermodernité, au fond, nous venons de la décrire. Elle incarne ce phénomène d’excès avec pour risque permanent le débordement. La société hypermoderne rompt avec la décontraction assumée de la société postmoderne des années 70-80, elle-même en rupture avec la société moderne qui l’a précédée. Cette dernière, d’un point de vue des sciences sociales et de l’Histoire se définit par la rationalisation du monde en tant qu’émancipation et progrès de l’humanité grâce aux révolutions scientifiques, industrielles puis technologiques, et à la sécularisation du monde ouvrant peu à peu la voie à l’Etat providence. D’un point de vue théorique et esthétique, Charles Baudelaire a été le tout premier à se saisir de la modernité dans son ouvrage La Peintre de la vie moderne (1863). Observateur d’une nouvelle société en train d’émerger sous ses yeux, il a su brillamment théoriser la mode/éternité, ou le passage éclair de l’instantané dans l’immuable. La modernité est nouveauté, ici et maintenant, dans ce moment durable. La postmodernité, elle, poursuit le chemin ouvert par les grandes inventions de la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle, mais valorise bien plutôt l’expérience individuelle, autour des loisirs et autres plaisirs à découvrir et vivre. L’individu peut tout particulièrement jouir du présent grâce à son nouveau pouvoir de dépense accordé par la consommation et la communication de masse.
L’hypermodernité, telle que présentée par Gilles Lipovetsky1 ou Nicole Aubert2, s’inscrit dans la continuité de la postmodernité, qu’elle dépasse et radicalise. Elle exacerbe l’importance laissée à l’individualisme au sein de la société globalisée, corrélé à la relation au temps présent, passant d’un sentiment de liberté à celui d’injonction et de contrainte. Il faut dominer le temps, faire au plus vite, être le plus efficace possible, car l’avenir est incertain, source de nombreuses craintes. Il ne s’agit plus d’apprécier le moment présent de manière consciente et apaisée. Il s’agit de rentabiliser frénétiquement, éperdument, l’ensemble des domaines de la vie socio-culturelle, que cela concerne la sphère publique ou privée. L’hypermodernité incarne pour l’individu une fuite en avant engluée dans le présent avec pour effets collatéraux une perte de sens et de repères sociaux et moraux, un culte de la jeunesse et du sans défauts, des relations éphémères, un esprit de compétition acéré, un manque de sensibilité, une faiblesse des sentiments. En d’autres termes : faire violence et se faire violence.
Et l’art dans tout cela ? Se place-t-il en observateur ou en acteur ? A-t-il un camp lui aussi ? Se fait-il le reflet de ce monde défectueux ? La valeur marchande des objets artistiques ainsi que leur financiarisation font écho à la marchandisation du monde, résultat de la faiblesse idéologique de l’art encouragée par des rapports et des réseaux sociaux dégradés. Bien que les limites entre création et production artistique semblent brouillées, l’art n’en reste pas moins l’un des rouages du progrès culturel et social. Il peut incarner, en effet – plus particulièrement lorsque son propos est solidement construit et, de préférence, percutant – une force singulière qui propose au sein de la société un, ou des regards – car chaque artiste, même lorsqu’un discours ou une conviction est partagé entre plusieurs, revendique une individualité – qui offrent d’autres possibilités. Plus précisément, il soumet des alternatives aux injonctions de notre société qui semble être à sens unique et, pour l’exprimer de façon imagée et actuelle, courir à l’aveuglette sur un tapis roulant. L’art se veut force de propositions et d’idées, afin d’affirmer que d’autres voies/voix sont présentes et que le choix est bien plausible, et même pluriel. L’art est un outil démocratique ainsi qu’un formidable moyen d’expression pour prôner la croyance au monde. Ce sont d’ailleurs les caractéristiques polymorphes de la société hypermoderne actuelle qui confèrent paradoxalement à l’art des possibilités sans précédent, même si elles sont escamotées trop souvent par des discours superficiels.
Face à ce constat, l’art hypermoderne doit :
Remettre en marche la modernité par une distance critique de son héritage.
Cette remise en marche passe par la contestation des pratiques artistiques rationnelles en lien avec les actuels besoins environnementaux, socio-économiques et éthiques. Là où Constantin Brancusi, Hans Arp et Éva Hesse aspiraient à une épuration de la forme, cherchant à atteindre par l’abstraction, le mouvement, le matériau et la stylisation de l’ensemble une forme d’absolu qui dépasserait le seul monde matériel visible, Marcel Duchamp, Marisa Merz et Louise Bourgeois s’affranchissaient de cette idéologie, présentant l’homme ou son travail artistique dans sa vérité crue, banale, entre humour et tragique, déniant à l’humain sa prétendue supériorité. L’expression hypermoderne, sertie de valeurs polymorphes et de postures paradoxales face à un questionnement sur la place de l’homme et le rapport avec son environnement, s’inscrit dans la continuité de l’art moderne, période aux diverses intentions contradictoires. Caractérisé lui aussi par une très grande liberté d’expression à partir d’un large panel de pratiques et de matériaux, l’art hypermoderne a pour credo l’ancrage dans le présent et les nombreuses problématiques que ce dernier soulève. Citons quelques exemples. La sculptrice suédoise Cajsa von Zeipel est connue pour ses sculptures féminines en silicone aux couleurs pastel dont les corps se mélangent à tous types d’objets dit « capitalistes », avec comme sujet de fond l’identité et le genre. Patricia Piccini revisite le mythe de Frankenstein en créant des êtres hybrides en trois dimensions, mi-humains mi-bêtes, tellement réalistes qu’ils semblent issus d’expériences génétiques. Tishan Hsu, lui, utilise différents médiums afin de confronter l’homme au nouvel environnement technologique. Il observe et tente de comprendre l’impact qu’une telle relation, voire fusion artificielle peut avoir au quotidien sur le comportement socio-cognitif de l’homme.
Recycler, pour prolonger les valeurs modernes.
Le recyclage est un concept primordial de l’hypermodernité et de l’artiste hypermoderne ; non seulement dans la volonté de reconstruire le biotope, mais dans l’idée de perpétuer certaines valeurs importantes déjà véhiculées par l’art moderne. Ainsi, la démarche de nos Nus hypermodernes – ces sculptures textiles organiques et hybrides faites de réseaux filaires qui se répandent le long d’immenses jambes serpentines, telles des poupées difformes, non pas machines, mais tisseuses ingénieuses – est bien différente de celle de Marcel Duchamp, qui opérait déjà un certain type de recyclage artistique par le biais de ses ready-made. Le premier est une critique affirmée des effets néfastes de la surconsommation et des nouveaux moyens techniques ou technologiques omniprésents et dévoyés. Le second est un hommage poétique au progrès moderne. Non sans humour, il défie et provoque le long héritage de l’art rétinien traditionnel. L’un admirait les possibilités novatrices permises par la technique et la vitesse industrielle associées à l’objet, l’autre déplore le matériau gaspillé et la lancée en roue libre du monde contemporain. En effet, arrivé à un point culminant de la modernité, l’artiste comme l’individu hypermoderne se retrouvent face à un très grand choix d’objets et de sujets. Cette effervescence permanente mène à des idées et actions inabouties, les laissant en prise avec des accumulations ou des trop-pleins. L’artiste hypermoderne est souvent confronté à des amas physiques ou idéologiques qu’il renouvelle via le spectre de l’information marquante, en choisissant de retransmettre ce qu’il considère comme le plus important. Cette sélection individuelle et arbitraire exacerbe le processus et le contenu en créant des variations plus nombreuses qu’elles ne l’étaient dans le modernisme. Les œuvres de Thomas Hirschhorn, telle que Too Too-Much Much – une déferlante de détritus ou l’entassement de nos objets quotidiens qui envahissent l’espace habité, aussi ardemment désirés que rejetés –, illustrent très bien cela.
Syncrétiser, pour mieux embrasser les valeurs humanistes.
Soit la capacité de fusionner plus ou moins harmonieusement des éléments et questions hétérogènes issus de différentes cultures, philosophies doctrines ou visions du monde. Cette particularité, très présente dans le monde actuel, se reflète dans le courant de l’hypermodernisme. Le contemporain fonctionne en autarcie avec la machine de production, qui s’avère hyperconnectée, hybride, mutante, foisonnant de tâches séquencées ne pouvant subsister en dehors de l’ensemble. Ce syncrétisme découle directement du recyclage puisque des notions ou éléments avec des attributs forts se mélangent afin de créer des représentations qui imbriquent un maximum d’éléments du système. Finalement, le recyclage n'est qu’un moyen de créer le syncrétisme, qui ne doit pas être confondu avec l’éclectisme. L’éclectisme, est une attitude philosophique consistant à sélectionner dans plusieurs philosophies les éléments qui paraissent les plus intéressants pour constituer un système propre complet. Au contraire, le syncrétisme, juxtapose des systèmes contradictoires. En art, cela se traduit bien souvent, comme déjà mentionné, par un phénomène d’amas et hybridation. Les « Sculptures génétiques » de Jacques Lizenne, exemple précurseur de l’hypermodernisme, résultent ainsi de la fusion d’objets religieux avec des formes représentant des sexes. Ce sont ici les chocs des divers champs d’expression qui opèrent la fusion. De la même façon, mais sur un autre mode, Orlan fait de son corps marqué par plusieurs processus de transformation tout au long de sa carrière un objet militant, chair à mutations, machine et robot, entité primitive. Cette fois-ci, le syncrétisme réside par l’union de toutes ces interventions dans un corps unique. Nous pouvons également penser à Umut Yasat, qui syncrétise la part individuelle et la part socio-culturelle en réalisant des sculptures à partir de ses propres objets du quotidien jusqu’à ce que celles-ci atteignent sa hauteur, tel un autoportrait qui interroge le temps, le progrès et leur consommation par l’homme.
L’art hypermoderne prolonge et dépasse l’art moderne. Esthétiquement, il n’a pas de prérogatives, car souvent, il recycle des mouvements d’expression du passé. La nouveauté n’est pas au cœur du discours hypermoderne ; l’exploration de l’inconnu, sans être révolue dans tous les domaines est pourtant à laisser de côté pour préférer un regard critique du contemporain, un recyclage de l’ancien temps et un syncrétisme propre à la mondialisation et au mélange des cultures. Tout cela confère à ce courant artistique une multitude de facettes esthétiques. Reflet évident du monde actuel, il est lui aussi changeant et mutant. Il engloutit les facultés de production que lui offre notre société contemporaine grâce à la mise à disposition d’un grand choix de matériaux, de supports et de moyens. Il jouit de cette abondance pour mieux la renverser. L’art hypermoderne est l’art du libre examen face aux défauts et imperfections du monde actuel, l’art du questionnement, de l’affrontement, de la mixité, de l’étrange… Il est surtout l’espoir de la régénération.
1 Gilles Lipovetsky avec Sébastien Charles, Les Temps hypermodernes, Paris, Grasset, coll. « Essais et Documents », 2004.
2 Nicole Aubert (dir.), L’Individu hypermoderne, Ramonville-Saint-Agne, Erès, coll. « Sociologie clinique », 2004 et La Société hypermoderne. Ruptures et contradictions, Paris, L’Harmattan, coll. « Changement social N° 15 », 2010.
Ajouté le 1 sept. 2022
Salon d'art contemporain-Focus Art Paris
Carrousel du Louvre, Rue de Rivoli, Paris, France
jeudi
1
septembre
2022
dimanche
4
septembre
2022
Ajouté le 3 août 2022
Proposition de l’art hypermoderne
Dans un contexte géopolitique toujours plus complexe, diverses facettes du monde se conjuguent ou s’opposent : d’un côté l’hyper-connectivité, le transhumanisme, les mutations génétiques, les guerres technologiques et économiques et la prolifération d’objets, voire de déchets, au-delà de l’atmosphère terrestre. De l’autre : une paupérisation croissante d’une partie de la société, des individus privés de droits fondamentaux, des guerres culturelles et ethniques ainsi qu’un dérèglement environnemental majeur. Si l’art est le reflet imparfait de ce monde défectueux, il n’en reste pas moins l’acteur d’un progrès culturel et social. La valeur marchande des objets artistiques, ainsi que leur financiarisation, font écho à la marchandisation du monde. Ceci résulte de la faiblesse idéologique de l’art encouragée par des rapports et des réseaux sociaux dégradés. Bien que les limites entre création et production artistique semblent brouillées, le besoin sociétal de structuration culturelle et identitaire n’a jamais été aussi fort. Les caractéristiques polymorphes et paradoxales de la société hypermoderne confèrent à l’art des possibilités sans précédent, même si elles sont escamotées trop souvent par des discours superficiels.
A partir de ces constats la proposition de l’art hypermoderne serait la suivante :
Ce courant se caractérise tout d’abord par un dualisme : une remise en marche de la modernité et la cri- tique de son héritage. Il conteste à la fois certaines pratiques traditionnelles, mais également la fuite en avant d’une croissance qui ignore les aspects environnementaux, socio-économiques et éthiques.
Concernant l’artmoderne, là où Constantin Brancusi ,Hans Arpet Éva Hesse aspirent à une épuration de la forme tout en accordant à l’homme une place hégémonique au sein de la nature et de son environnement, en revanche, Marcel Duchamp, Marisa Merz et Louise Bourgeois s’affranchissement de cette idéologie, déniant à l’humain sa prétendue supériorité. Par conséquent, l’expression hypermoderne, sertie de valeurs polymorphes et de pos- tures paradoxales, s’inscrit dans la continuité du modernisme ; un art aux multiples intentions contradictoires. Caractérisé par un large panel de disciplines et une grande liberté thématique, le plus import- ant des crédos de l’art hypermoderne s’avère l’ancrage dans le présent. En ce sens, l’hypermodernité en art se veut le reflet des mouvements divergents et des mutations propres à notre société.
Le deuxième aspect de ce courant artistique est le recyclage, tant matériel qu’idéologique. Qu’il s’agisse des problématiques contemporaines traitées sous des formes poétiques, hermétiques ou très critiques, l’hypermodernisme se déploie et embrasse toute une nuance d’expressions esthétiques, le plus souvent recyclées. Ce courant éclectique, fort de multiples visions et de représentations recyclées est une forme de continuité exacerbée du modernisme. Le recyclage est une philosophie importante de l’homme hypermoderne et donc de l’artiste hypermoderne, non pas seulement par la volonté de reconstruire le biotope, mais aussi pour perpétuer certaines valeurs modernes. Le recyclage idéologique présent dans les ready-mades modernes de Duchamp, ou le recyclage physique de matériaux dissimulés dans les Nus hypermodernes présentés ici, sont deux gestes très différents. Le premier geste de recyclage est un hommage au modernisme, alors que le second est une critique du contemporain. Concernant ce dernier aspect, du fait des possibilités revisitées du modernisme, l’artiste comme l’individu hypermoderne se retrouvent face à un très grand choix d’objets et de sujets. Cette effervescence permanente d’objets et de sujets mène à des gestes inaboutis, laissant l’individu et l’artiste hypermoderne en prise avec des accumulations où des trop-pleins. À l’image des œuvres de Thomas Hirschhorn, l’artiste hypermoderne est souvent confronté à des amas physiques ou idéologiques qu’il renouvelle via le spectre de l’information marquante, en choisissant de retransmettre ce qu’il considère comme le plus important. Cette sélection individuelle et arbitraire, exacerbe le processus et le contenu de l’hypermodernisme en créant des variations plus nombreuses qu’elles ne l’étaient dans le modernisme.
Le troisième aspect propre à l’art hypermoderne est le syncrétisme, soit la capacité de fusionner des questions issues de champs divers du système contemporain. Cette particularité très présente dans le monde actuel se reflète dans ce courant artistique. Le contemporain est rarement disloqué, mais fonctionne en autarcie avec la machine de production, qui s’avère hyper connectée, hybride, mutante, foisonnant de tâches séquencées ne pouvant subsister en dehors de l’ensemble.
Ces particularités agrégées correspondent aux « n dimensions » ou au polymorphisme de l’hypermodernisme. En art, ce syncrétisme se traduit à la fois par du contenu qui fait référence à des aspects très variés du monde, qui s’imbriquent soit au moyen de “religiosités” bien différentes, soit par des mélanges de styles. Pour donner un exemple d’un artiste précurseur de l’hypermodernisme, les « Sculptures génétiques » de Jacques Lizenne résultent de la fusion d’objets religieux avec des formes représentant des sexes. Évidemment que ce processus est un vecteur de polysémie, mais ce n’est pas par ce biais que le syncrétisme se veut générateur. Ce sont les chocs des champs d’expression qui opèrent la fusion. Par le même biais, Orlan fait de son individualité, marquée par plusieurs processus de transformation tout au long de sa carrière, un objet militant, chair à mutations, machine et robot, entité primitive ou cubiste, etc. Cette fois-ci, ce qui relève du syncrétisme ne réside pas dans la polysémie de chaque œuvre qu’Orlan met en exergue, mais dans la fusion de toutes ces œuvres dans un corps unique.
Pour en conclure, l’art hypermoderne est une prolongation du modernisme. Son contenu fait référence à des critiques ou éloges individuelles ou sociétales. Esthétiquement il n’a pas de prérogatives, car souvent il recycle des mouvements d’expression du passé. Le syncrétisme formel ou informel est propre à ce mouvement parce qu’il reflète l’hyper-morphisme du monde actuel.
Ajouté le 3 août 2022
Salon d'art contemporain-Focus Art Paris
Carrousel du Louvre, Rue de Rivoli, Paris, France
jeudi
1
septembre
2022
dimanche
4
septembre
2022
Andreea Talpeanu sera expose par la galerie des Etats Unis, Habitat Contemporary Art. Deux autres artistes Americans seront exposes. Nous vous attendons nombreux!

Avis et commentaires

©2013 Andreea Talpeanu
Thank you very much! Keep doing art, no matter circumstances! You are doing great things!

©2013 Andreea Talpeanu
I just started delving into textiles and sculpture and I loooove this piece!!! It's so inspiring!!!
Trés heureux d'avoir acheté "ROZ47" travail très soigné qui donne une belle âme à mon salon, merci Andréea pour votre travail soigné et votre implication dans votre métier.
Muchas gracias Adreea.

©2014 Andreea Talpeanu