Ajouté le 21 mars 2007
L’extase constitue « l’état vital » le plus phénomènalement bouleversant des fantômes et représentation psychique. Durant l’extase, aux approches du désir, du plaisir, de l’angoisse, toute opinions, tout jugement (morale, esthétique, etc.) change sensationnellement. On croirait que par l’extase nous avons accès à un monde aussi éloigné de la réalité que celui du rêve. Le répugnant peut se transformer en désirable, l’affection en cruauté, le laid en beau, les défauts en qualités, les qualités en misères noires.
L’extase est la conséquence culminante des rêves, elle est la conséquence et la vérification mortelle des images de notre perversion. Certaines images provoquent l’extase, qui provoque à son tour certaines images. Il s’agit toujours d’images authentiquement et essentiellement surréalistes. L’extase constitue « l’état pur » d’exigence et hyperesthétique lucidité vitale, lucidité aveugle du désir. Le monde des images provoqué par l’extase est infini et inconnu. Il s’agit d’images néologistiques, d’images extrarapides comparativement aux images hypnogogiques. Toute méthodologie à ce sujet nous échappe encore.
Parfois, les images provoquées par l’extase répètent des images transfigurées d’extase, qu’il s’agisse de « l’apparente » stéréotypie des oreilles (celles-ci toujours en extase), ou de l’extase d’une certaine « chose atmosphérique », ou encore de l’extase fine d’une aiguille modern’style.
Je demande aux critiques d’art : Que penseriez-vous de telle ou telle œuvre au moment de votre extase ? Et d’abord : mettez-vous en état d’extase pour me répondre. L’extase est par excellence l’état mental critique que l’invraisemblable pensée actuelle, hystérique, moderne, surréaliste et phénoménale aspire à rendre « continue ». A la recherche d’image susceptible de nous extasier.(……)
Salvador Dali « De la beauté terrifiante comestible, de l’architecture modern’style » 1933