Siegfried Huber, Route 66, 2018. Acrylique / Impression numérique sur toile, 80 x 120 cm.
Un peu d'histoire...
"La Nationale 66 est la grande route des migrations. 66… le long ruban de ciment qui traverse tout le pays, ondule doucement sur la carte, du Mississippi jusqu’à Bakersfield… à travers les terres rouges et les terres grises, serpente dans les montagnes, traverse la ligne de partage des eaux, descend dans le désert terrible et lumineux d’où il ressort pour de nouveau gravir les montagnes avant de pénétrer dans les riches vallées de la Californie". "La 66 est la route des réfugiés, de ceux qui fuient le sable et les terres réduites, le tonnerre des tracteurs, les propriétés rognées, la lente invasion du désert vers le nord, les tornades qui hurlent à travers le Texas, les inondations qui ne fertilisent pas la terre et détruisent le peu de richesses qu’on y pourrait trouver. C’est tout cela qui fait fuir les gens, et par le canal des routes adjacentes, les chemins tracés par les charrettes et les chemins vicinaux creusés d’ornières les déversent sur la 66. La 66 est la route-mère, la route de la fuite".
Magali Asselin, Café 66, 2014. Photographie numérique sur papier, 40 x 30 cm.
Irina Sergeyeva, Rout 66, 2009. Acrylique / huile / marqueur / pigments sur toile, 90 x 70 cm.
C'est avec ces mots poétiques que le célèbre écrivain américain John Steinbeck a décrit l'emblématique route 66, également connue sous le nom de "U.S. Highway 66", "Will Rogers Highway", "Main Street of America" et "Mother Road", dans son roman Les Raisins de la colère publié en 1939. La Mother Road, l'une des premières autoroutes fédérales américaines, a été créée le 11 novembre 1926, ce qui en fait l'une des plus importantes autoroutes d'Amérique. Elle s'étendait à l'origine de Chicago à Santa Monica (Los Angeles, Californie) à travers les États de l'Illinois, du Missouri, du Kansas, de l'Oklahoma, du Texas, du Nouveau-Mexique, de l'Arizona et de la Californie, pour une distance totale de 3 755 kilomètres. Avant son démantèlement officiel en 1985, la Route 66 occupait une place particulière dans l'imaginaire américain, symbolisant, comme le disait Steinbeck, le voyage, la liberté, l'individualisme et l'essor de la culture automobile américaine. En effet, la Route 66 était un lien vital entre le Midwest et l'Ouest, unissant les petites villes à travers la nation, et a été officiellement reconnue comme la "Main street" de l'Amérique, favorisant le développement du transport commercial, militaire et civil aux États-Unis. Sur son parcours, jalonné d'anciennes pistes et voies ferrées, la Route 66 a accueilli des voyageurs de différentes époques, tels que : l'automobiliste aventureux dans sa Ford Modèle A des années 1920, les Arkies et Okies à la recherche d'un nouveau départ dans la Californie des années 1930, les camions transportant des soldats pendant la Seconde Guerre mondiale et les touristes ou voyageurs à partir des années 1950. En outre, elle a pu rassembler, ou plutôt relier, les différentes cultures des États américains, exposant les voyageurs à de nouveaux types d'art, de musique, de nourriture et de tradition. Cela a permis à la rue de s'ancrer fermement dans la culture pop américaine, faisant d'elle le sujet de chansons, de livres, de programmes télévisés et de publicités emblématiques qui l'ont rendue extrêmement populaire. Malheureusement, au cours des années 1960 et 1970, les déplacements sur la route 66 ont régulièrement diminué en raison du développement des autoroutes interétatiques à accès contrôlé. Plus tard, au milieu des années 80, l'autoroute a été désignée comme telle, ce qui a causé un grand préjudice aux villes qu'elle reliait, qui étaient pleines d'entreprises et d'attractions dépendant de son trafic. Néanmoins, les revivalistes, les amoureux inconditionnels de l'ancienne Route 66, se sont efforcés d'en préserver les caractéristiques et les attractions restantes. Ils ont également fondé une grande variété d'organisations pour protéger et améliorer les caractéristiques particulières de la Route 66. Enfin, la "Mother Road" reste à ce jour une icône américaine internationale et est parcourue par des passionnés et des curieux du monde entier.
Alex Loskutov, La vieille Amérique. Dîner américain en rouge, 2020. Collage sur papier, 76,2 x 61 cm.
Route 66 : la légende racontée par l'art
Les œuvres des artistes d'Artmajeur, réalisées à travers de multiples points de vue et techniques, comme l'huile sur toile, le photomontage numérique et la photographie, nous font découvrir certains des lieux les plus emblématiques de la Route 66, comme l'installation Cadillac Ranch à Amarillo (Texas), le canyon de Palo duro (Texas), la ville de Seligman (Arizona), le Wigwam Motel (Arizona), le désert de Mojave (Californie) et la jetée de Santa Monica (Californie).
Mary Schwindt, Cadillac Ranch, 2018. Photographie, plusieurs formats disponibles.
Mary Schwindt: Cadillac Ranch
En longeant la Route 66, 15 minutes seulement avant d'arriver dans la ville d'Amarillo, se trouve l'installation iconique et bizarre de 1974 intitulée Cadillac Ranch, dont le style visionnaire ressemble à celui du film américain Peur et dégoût à Las Vegas. En effet, au milieu du désert texan "rouge" se trouve une vision étrange : 10 Cadillacs à moitié enterrées et totalement recouvertes de graffitis colorés. Cette œuvre est le résultat de l'expérimentation artistique du groupe d'architectes hippies Ant Farm, qui ont décidé de donner forme à une suggestion qu'ils avaient eue en lisant un livre pour enfants sur les voitures, The Look of Cars. Le génie de cette œuvre a inspiré la photographie colorée de Mary Schwindt, une artiste d'Artmajeur, qui a capturé, après des jours de pluie intense, les véhicules entourés de profondes flaques d'eau dans lesquelles les sujets de l'installation se multiplient en reflets colorés.
Steven Schroeder, Caprock Canyon, 2019. Huile sur toile, 76,2 x 76,2 cm.
Steven Schroeder: Caprock Canyon
Dans les environs d'Amarillo se trouve également l'une des plus magnifiques attractions naturelles des États-Unis, le Palo Duro Canyon, le deuxième plus grand canyon d'Amérique, qui est protégé par un parc d'État et offre aux visiteurs des vues extraordinaires sur des formations rocheuses rouges et orange. Le nom espagnol de cet endroit fantastique signifie "bois dur", en référence aux genévriers typiques qui teintent de vert le paysage aride du Texas. Le tableau Caprock Canyon de Steven Schroeder capture le paysage texan autour des canyons Caprock et Palo Duro dans une atmosphère où le ciel et la terre semblent fusionner dans une étreinte idéale de formes et de couleurs.
Pierre Nadler, Route 66 - 01, 2011. Photographie numérique sur papier, 30 x 40 cm.
Pierre Nadler: Route 66 - 01
En Arizona, l'itinéraire de la légendaire Route 66 nous conduit à Seligman, une ville touristique très fréquentée par les nostalgiques et entièrement vouée au culte kitsch de la "Mother Road". En effet, Seligman, oasis des années 1950, se caractérise par la présence de voitures anciennes, de petits motels, de vieilles pompes à essence, de cafés et de boutiques rétro. Cette atmosphère est bien immortalisée par la photographie de Pierre Nadler, qui, après avoir capturé un vieux garage à travers l'intemporalité du noir et blanc, a réussi à tirer le meilleur parti de cette réalité parallèle, nous projetant soudainement dans les années 50.
Alex Loskutov, La vieille Amérique. Motel Wigwam, 2021. Photomontage / peinture numérique sur papier, 61 x 76,2 cm.
Alex Loskutov: La vieille Amérique. Motel Wigwam
Toujours en Arizona, et plus précisément à Holbrook, se trouve le Wigwam Motel, un must pour tous les nostalgiques de la "Mother Road". En effet, ce motel, construit en 1950 et inscrit au Registre national des lieux historiques, est une icône kitsch et originale, offrant aux clients la possibilité de passer la nuit dans un wigwam, une habitation en forme de dôme utilisée autrefois par certaines tribus amérindiennes. En réalité, les wigwams locaux ont une forme plus proche des tipis, une tente conique faite à l'origine de peaux, d'écorce de bouleau ou de tissu, utilisée par les Amérindiens dans le nord des grandes plaines. Ces contradictions disparaissent complètement dans le photomontage numérique de l'artiste d'Artmajeur Alex Loskutov, qui vise à maximiser l'atmosphère surréaliste d'un lieu où coexistent différentes époques.
Tina Bluefield, Vue sud, studio Mojave, 2008. Peinture à l'huile, 30,5 x 40,6 cm.
Tina Bluefield: Vue sud, studio Mojave
La Route 66 traverse également le désert de Mojave, une vaste région aride du sud-est de la Californie, dont certaines parties se trouvent au Nevada, en Arizona et en Utah. Le climat désertique du Mojave crée un paysage aride dominé par des canyons, des dunes et une végétation clairsemée, comprenant des espèces telles que le créosote, l'arbre de Josué, l'herbe à beurre et quelques cactus. Traverser la "Mother road" dans ce hameau est une expérience unique, où l'on peut établir un véritable contact avec la nature et avec soi-même, en oubliant une fois pour toutes le chaos qui anime nos villes. Cette atmosphère de paix, de chaleur et de soleil ressort fortement dans le tableau de Tina Bluefield, qui représente une impression fauviste de l'un des lieux les plus importants traversés par la Route 66.
Tetiana Tiplova, "Santa Monica", 2022. Huile sur toile, 55,1 x 39,9 cm.
Tetiana Tiplova: "Santa Monica"
Une étape importante de la "Mother road" est la jetée de Santa Monica (Los Angeles, Californie), point final du voyage, marqué par l'emblématique panneau "Route 66 - End of the Road". Le tableau de l'artiste d'Artmajeur Tetiana Tiplova s'inscrit parfaitement dans ce contexte riche en traditions. Elle a immortalisé l'emblème de la destination finale : la fameuse grande roue, peinte presque à mi-chemin entre la plage de sable, la mer et l'infini du ciel. En effet, la jetée abrite un manège historique et un parc d'attractions, qui font le bonheur des touristes et des habitants depuis 1996.