Les 13 Artistes Incontournables de l’Impressionnisme

Les 13 Artistes Incontournables de l’Impressionnisme

Bastien Alleaume | 27 août 2021 18 minutes de lecture 0 commentaires
 

Sans eux, l’impressionnisme n’aurait jamais existé. Avec eux, l’art classique a pris une tournure inattendue. Artmajeur revient en images sur 13 peintres qui ont marqué l’histoire de l’art par le trait palpitant de leur pinceau.

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Certains vous seront familiers, d’autres vont seront inconnus, et pourtant, ils ont tous joué un rôle fondamental dans l’émergence du mouvement artistique le plus célèbres de ces deux derniers siècles : Bienvenue dans le dernier article de notre saga impressionniste (EP1, EP2).

1. Claude Monet, la légende

Claude Monet (1840 – 1926), c’est la superstar de l’impressionnisme. Pourquoi ? Certainement parce qu’il fut le plus productif, le plus extraverti (il connaissait tout le monde), le plus inspirant et le plus inspiré. Son œuvre protéiforme est sans aucun doute la plus représentative du mouvement. Elle correspond aux standards de l’impressionnisme tels qu’on les conçoit aujourd’hui : rupture avec l’académisme, appréhension subjective du sujet, peinture en plein-air, utilisations de couleurs vives, dilution des formes et des contours

Auguste Renoir, Portrait de Claude Monet, 1875. Musée d'Orsay, Paris.

Cet artiste d’origine normande coche toutes les cases, et c’est grâce à l’une de ses peintures les plus populaires, Impression, Soleil Levant, que l’impressionnisme s’appelle impressionnisme. Présenté lors de leur première exposition commune en 1874, ce tableau inspira un critique d’art célèbre, qui se servit du terme « Impression » pour regrouper sous une même bannière un groupe d’artistes (et d’amis) pratiquant cette nouvelle manière de peindre.

Claude Monet, Impression, Soleil Levant, 1872-73. Musée Marmottan Monet, Paris.

  • Situation financière : Pauvre durant le début de sa carrière, il fut soutenu par ses amis (Bazille, Manet, Caillebotte), quelques rares collectionneurs (Charles Ephrussi, Victor Chocquet, Ernest Hoschedé…) et marchands d'art (Durand-Ruel, le Père Tanguy).

  • Thèmes de prédilection : Paysages, éléments naturels (notamment les nymphéas), monuments, scènes d’extérieur, portraits.

  • Relations proches : Auguste Renoir (avec qui il peint régulièrement sur les bords de Seine), Frédéric Bazille (qui l’aide financièrement et lui prête son atelier), Camille Pissarro (avec qui il se réfugie à Londres pour fuir les ravages de la guerre franco-prussienne), Alfred Sisley (chez qui il dine régulièrement), Eugène Boudin (son mentor normand), Gustave Caillebotte, Paul Cézanne, Durand-Ruel (le marchand qui lui a fait confiance), Edouard Manet (dont la fougue révolutionnaire l’inspira énormément), Berthe Morisot, Emile Zola…

  • Lieu de pèlerinage : Sa maison (très) fleurie à Giverny, en Normandie ; le Musée d’Orsay, le Musée Marmottan-Monet et le musée de l’Orangerie qui accueille ses plus belles variations de nymphéas (Paris).

  • Citation : « Le motif est quelque chose de secondaire, ce que je veux reproduire, c'est ce qu'il y a entre le motif et moi. »


Claude Monet, Nymphéas et pont japonais, 1899. Philadelphia Museum of Art. 

 2. Auguste Renoir, l’ami intime

Auguste Renoir (1841 – 1919) est, avec Monet, Bazille et Sisley, l’un des pères fondateurs de l’impressionnisme. Il rencontra ses camarades dans l’atelier de l’exigeant Charles Gleyre, qu’ils quitteront ensemble, d’un commun accord, pour expérimenter la peinture en plein-air sur les bords de Seine ou dans la forêt de Fontainebleau. Sous l’influence de Monet, il y apprend à rendre les effets de lumière, technique qui le rendra mondialement célèbre, notamment grâce au chef-d’œuvre Le Bal du Moulin de la Galette, réalisé en 1876 et acheté par son ami et mécène, Gustave Caillebotte. En 60 ans de carrière, il réalisa plus de 4000 œuvres (soit plus que les œuvres de Manet, Cézanne et Degas réunies) en conservant toujours son style si original et chatoyant.

Frédéric Bazille, Portrait d'Auguste Renoir, 1867. Musée d'Orsay, Paris. 

  • Situation financière : Issu d’une famille relativement pauvre, il vit dans la misère au début de sa carrière. A 13 ans seulement, ses talents de dessinateur sur porcelaine lui permettent de subvenir à ses besoins.

  • Thèmes de prédilection : Portraits, scènes d’intérieur, paysages, nus, marines, natures mortes et peintures de genre.
  • Relations proches : Claude Monet, Edouard Manet, Frédéric Bazille, Camille Pissarro, Alfred Sisley, Edgar Degas, Berthe Morisot, Gustave Caillebotte, Paul Cézanne, Durand-Ruel, Ambroise Vollard.

  • Lieu de pèlerinage : Le Musée Renoir à Cagnes-sur-Mer, le Musée d’Orsay, la maison et l'atelier Renoir à Essoyes.

  • Citation : « Un matin, l'un de nous manquait de noir. Il se servit de bleu : l'impressionnisme était né. »

Auguste Renoir, Le Bal du Moulin de la Galette, 1876. Musée d'Orsay, Paris.

3. Edgar Degas, le misanthrope amical 

Edgar Degas (1834 – 1917) est la personnalité la plus controversée de l’impressionnisme. Homme de contradictions, on dit de lui qu’il détestait les fleurs, les animaux, les femmes, les enfants et également les juifs. Austère, élitiste, antipathique, misogyne… Il était pourtant apprécié par beaucoup de ses contemporains. Parmi ses (très) nombreux amis, on s’étonne d’ailleurs de retrouver toutes les femmes de l’impressionnisme : Berthe Morisot, Mary Cassatt et Marie Bracquemond.

Edgar Degas, Autoportrait, vers 1855-1856. Metropolitan Museum of Art (New York). 

Son tempérament contradictoire s’exprimait aussi dans sa pratique artistique : Bien que rattaché à l’impressionnisme (malgré lui), Degas, tout comme son ami Manet, témoigne pourtant d’une véritable volonté classique. Contrairement à Monet ou Renoir, il n’a pas pour ambition de révolutionner le monde de l’art, mais de s’y intégrer du mieux qu’il puisse. Il favorisera toujours le dessin sur la couleur, et ne succombera jamais aux tentations de la peinture en plein-air, qu’il exècre avec véhémence. C’était également un collectionneur passionné et passionnant : de Delacroix à Ingres, en passant par Manet, Gauguin, Cézanne, et quelques Van Gogh, c’était visiblement un homme de goût.

Très amical avec la plupart des impressionnistes, il organisera et participera à la plupart des expositions collectives. Lorsque l’affaire Dreyfus éclate, il révèle un antisémitisme décomplexé : Edgar Degas n’était pas un gars sympa, et ses anciens amis Monet, Sisley et Pissarro prennent leurs distances avec ce personnage aussi intransigeant qu’intolérant.

Edgar Degas, La Classe de danse, 1874. Musée d'Orsay, Paris.

  • Situation financière : Soutenu par la fortune familiale, collectionneur.

  • Thèmes de prédilection : Scènes d’intérieur (danseuses, baigneuses, orchestres), scènes hippiques, portraits.
  • Relations proches : Edouard Manet, Berthe Morisot, Mary Cassatt, Marie Bracquemond, Gustave Caillebotte, Durand-Ruel, Ambroise Vollard, Auguste Renoir, Paul Gauguin (acariâtre et toxique, tout comme lui). Après l’affaire Dreyfus, Degas va rompre avec ses vieux amis Monet, Sisley et Pissarro.

  • Lieu de pèlerinage : Musée d’Orsay, Paris.

  • Citations : « Cela ne signifie rien, l'impressionnisme. Tout artiste consciencieux a toujours traduit ses impressions ». « Votre peinture (académique) est un objet de luxe, la nôtre, c’est un objet de première nécessité. ».

Edgar Degas, Dans un café (L'Absinthe), 1875-76. Musée d'Orsay, Paris. 

 4. Berthe Morisot, l’indépendante

Berthe Morisot (1841 – 1895), c’est LA grande dame de l’impressionnisme. Elle fut de toutes les expositions, de tous les évènements et de toutes les relations. Admirée et respectée par ses camarades, ce n’était pas la seule femme de l’impressionnisme, mais elle en était incontestablement la plus importante

Edouard Manet, Berthe Morisot au bouquet de violettes, 1872. Musée d'Orsay, Paris. 

Mariée au frère d’Edouard Manet et très proche de l’artiste, elle suivra son sillage jusqu’à sa mort en 1863, où elle commencera à affirmer son indépendance et son style unique et original. Tout au long de sa carrière, elle ne réalisa principalement que des scènes d’intérieur, car à l’époque, les femmes ne pouvaient pas sortir sans être accompagnées. Il n’était donc pas envisageable pour elles de flâner des heures durant en plein-air devant un chevalet (et c’est regrettable !).

Berthe Morisot, Femme à sa toilette, 1875. Art Institute of Chicago. 

  • Situation financière : Issue d’une famille bourgeoise, son mariage avec Eugène Manet lui assura une existence paisible jusqu’à la fin de sa vie.

  • Thèmes de prédilection : Scènes d’intérieur (quasi-obligatoire pour une femme à l’époque), scènes de maternité, scènes d’intimité féminine, nus, portraits, paysages (rares).

  • Relations proches : Edouard Manet (son beau-frère), Edgar Degas, Claude Monet, Auguste Renoir, Camille Pissarro, Alfred Sisley, Gustave Caillebotte, Mary Cassatt, Durand-Ruel.

  • Lieu de pèlerinage : Musée d’Orsay et Musée Marmottan-Monet (Paris), National Gallery of Art (Washington), Art Institute of Chicago.

  • Citation : « Je ne crois pas qu’il n’y ait jamais eu un homme traitant une femme d'égale à égal, et c'est tout ce que j'aurais demandé, car je sais que je les vaux. »

Berthe Morisot, Le Berceau, 1872. Musée d'Orsay, Paris. 

 5. Camille Pissarro, l’ainé

Au sein du groupe impressionniste, Camille Pissarro (1830 – 1903) était le doyen. Ami de tous, il fut également le professeur de deux Paul célèbres : Gauguin et Cézanne. Très investi dans l’épopée impressionniste, il est le seul à avoir participé à toutes leurs expositions (huit au total). Son âge avancé ne faisait pas de lui le plus conservateur, tout au contraire. Camille Pissarro était un homme d’expérience dans tous les sens du terme. Il disposait de solides connaissances artistiques, mais il était également friand de nouvelles expériences. Lorsqu’apparurent les premiers travaux pointillistes (Georges Seurat, Paul Signac) qui glacèrent le sang d’une majorité d’impressionnistes, Pissarro fut quant à lui complètement fasciné, au point qu’il s’y essaya lui-même.

Camille Pissarro, Autoportrait, 1873. Musée d'Orsay, Paris. 

Ami sincère, toujours de bon conseil, Pissarro était conscient que son travail ne marquerait jamais autant les esprits que ceux de ses camarades Monet, Renoir ou Degas. Quelques années avant sa mort, il exprimera même « Je reste, avec Sisley, comme une queue de l’impressionnisme. » (1895). Anarchiste dans l’âme, ses amitiés avec Renoir et Degas (ouvertement antisémites) se brisent lorsqu’éclate l’affaire Dreyfus en 1894.

Camille Pissarro, La Place du Havre, Effet de pluie, 1897. Collection privée. 

  • Situation financière : Abandonné par sa famille à la suite de son mariage avec une domestique, il sera en grande difficulté presque jusqu’à la fin de sa vie, et sera régulièrement aidé et hébergé par ses amis (notamment Caillebotte et Monet).

  • Thèmes de prédilection : Paysages, monuments parisiens, natures mortes.

  • Relations proches : Claude Monet, Auguste Renoir (avant l’affaire Dreyfus), Frédéric Bazille, Alfred Sisley, Berthe Morisot, Edgar Degas (avant l’affaire Dreyfus), Paul Cézanne, Paul Gauguin, Gustave Caillebotte, Mary Cassatt, Durand-Ruel.

  • Lieu de pèlerinage : Musée Camille Pissarro à Pontoise (région parisienne), Musée d’Orsay (Paris), Metropolitan Museum of Art (New York).

  • Citation : « En fait de principe, nous ne voulions pas d’école, nous aimons Delacroix, Courbet, Daumier et tous ceux qui ont quelque chose dans le ventre, et la nature, le plein air, les différentes impressions que nous éprouvons, toute notre préoccupation. Toutes théories factices, nous les répudions. »


Camille Pissarro, La Récolte des Foins à Eragny, 1887. Musée Van Gogh (Amsterdam). 

 6. Alfred Sisley, le méconnu 

Bien qu’il soit pourtant l’un des fondateurs de l’impressionnisme, Alfred Sisley (1839 – 1899) en reste l’une des personnalités les moins connues, face aux célébrités internationales que sont ses camarades Monet, Renoir, Degas ou Manet. Il ne connaitra d’ailleurs jamais le succès de son vivant. En peinture, il ne trouvait l’extase qu’à travers le paysage, réalisant des chefs-d’œuvre du genre à chaque coups de pinceau. Son mode de vie alternait entre mondanité parisienne au Café Guerbois en compagnie de ses camarades, et séjours reposant à la campagne où il pouvait s’adonner à la peinture en plein-air.


Auguste Renoir, Portrait d'Alfred Sisley, 1874. Art Institute of Chicago. 

  • Situation financière : Soutenu par la fortune familiale jusqu’à ses 27 ans, il est ensuite déshérité et subvient aux besoins de sa famille avec grande difficulté.

  • Thèmes de prédilection : Paysages, monuments et quelques natures mortes.

  • Relations proches : Claude Monet, Auguste Renoir, Frédéric Bazille, Camille Pissarro, Marie Bracquemond, Berthe Morisot, Gustave Caillebotte, Durand-Ruel (qui lui acheta environ 400 toiles).

  • Lieu de pèlerinage : Œuvre éparpillée – Musée d’Orsay (32 tableaux), Musée des Beaux-Arts de Rouen (8 tableaux), Philadelphie Museum of Art (7 tableaux), Ordrupgaard Museum de Copenhague (6 tableaux), Musée du Petit Palais de Paris (4), Musée du Louvre (3), MuMa Le Havre (3), Palais des Beaux-Arts de Lille (3), Musée des Beaux-Arts de Montréal (3), NY Carlsberg Glyptotek Copenhague (3), Staatsgalerie Stuttgart (3)… Certaines de ses œuvres sont également présentes en Russie, en Suisse, en Belgique, en Italie, au Royaume-Uni, en République Tchèque ou encore en Algérie.

  • Citation : « Toute peinture montre quelque chose dont le peintre est tombé amoureux. »


Alfred Sisley, La Place du Chenil à Marly, effet de neige, 1876. Musée des Beaux-Arts de Rouen.

 7. Frédéric Bazille, le maudit

Frédéric Bazille (1841 – 1870) était présent à la genèse de l’impressionnisme, lorsqu’ils décidèrent, avec Monet, Renoir et Sisley, de quitter l’atelier de Charles Gleyre, un académicien de la première heure obnubilé par l’art antique. Issu de la bourgeoisie montpelliéraine et destiné à un brillant avenir de médecin comme ses ancêtres, il se détourna de cette vocation pour s’offrir à sa véritable passion : la peinture. Grâce au soutien financier de sa famille, il s’installa à Paris et réalisa de nombreuses peintures mêlant finesse et légèreté. Inspiré par la désinvolture d’Édouard Manet, ses thèmes favoris se révèleront profondément singuliers : scènes de baignade en rivière, portraits de famille ensoleillés

Frédéric Bazille, Autoportrait à la palette, 1865-66. Art Institute of Chicago. 

Loin des mondanités parisiennes, ses toiles sont empreintes de diversité ethnique, de sensibilité, et d’homoérotisme. Il sera malheureusement fauché dans ses jeunes années créatrices, mort sur le front en 1870. Ce décès prématuré fit plonger son œuvre dans l’oubli, malgré une indéniable originalité qui en aurait fait l’un des impressionnistes les plus célèbres de notre temps.

Frédéric Bazille, Jeune Femme aux Pivoines, 1870. National Gallery of Art (Washington).

  • Situation financière : Soutenu par la fortune familiale, collectionneur et mécène.
  • Thèmes de prédilection : Scènes d’été, scènes d’intérieur, scènes familiales, paysages, portraits, fleurs, natures mortes.

  • Relations proches : Claude Monet, Auguste Renoir, Alfred Sisley, Edgar Degas, Camille Pissarro, Berthe Morisot, Edouard Manet, Henri Fantin-Latour, Paul Cézanne, Emile Zola, Paul Verlaine.

  • Lieu de pèlerinage : le Musée d’Orsay (Paris) et le Musée Fabre (Montpellier) qui accueille la plupart de ses chefs-d’œuvre.

  • Citation : « Pour moi, je suis sûr de ne pas être tué : j'ai trop de choses à faire dans la vie » (un jour avant sa mort)


Frédéric Bazille, L'atelier de Bazille, 1870. Sur ce tableau, on peut apercevoir ses camarades Manet, Monet et Renoir. 

 8. Mary Cassatt, l’expatriée américaine

Mary Cassatt (1844 – 1926) est l’élément international du groupe. Née dans une famille américaine d’origine française, elle a toujours maintenu des liens étroits avec le microcosme artistique parisien. Très proche d’Edgar Degas, celui-ci l’introduisit au sein du groupe impressionniste, grâce auquel elle pouvait librement exprimer son style singulier, et participer aux expositions communes afin de faire découvrir son travail.


Edgar Degas, Portrait de Mary Cassatt, vers 1880-1884. National Portrait Gallery (Washington). 

Indépendante, célibataire et sans descendance, Mary Cassatt réalisa pourtant la majorité de ses œuvres sur le thème de la maternité et de l’enfance, comme pour exorciser un modèle imposé par la société qu’elle n’appréciait guère. Loin d’être une simple suiveuse, son style s’inscrivit parfaitement dans la démarche impressionniste (palette vibrante, jeux de lumière, motifs japonisants), et elle jouera un rôle clef dans l’exportation du mouvement, surtout aux Etats-Unis. Elle aidera le marchand Paul Durand-Ruel à installer sa galerie outre-Atlantique, et utilisera son réseau d’amis et de collectionneurs américains pour faire avancer la cause moderne.


Mary Cassatt, Petite Fille dans un fauteuil bleu, 1878. National Gallery of Art (Washington). 

  • Situation financière : Soutenue par la fortune familiale.

  • Thèmes de prédilection : Scène d’intérieur (évidemment, c’est une femme à la fin du 19ème siècle), scène de maternité, portrait.

  • Relations proches : Edgar Degas, Berthe Morisot, Camille Pissarro, Durand-Ruel, Ambroise Vollard.

  • Lieu de pèlerinage : Oeuvre éparpillée : National Gallery of Art (Washington), Philadelphia Museum of Art, Art Institute of Chicago, Musée d’Orsay (Paris).

  • Citation : « Il n’y a que deux voies pour un peintre : l’une large et facile, l’autre étroite et difficile. »


Mary Cassatt, La Barque, 1893. National Gallery of Art (Washington).

 9. Gustave Caillebotte, le mécène

Gustave Caillebotte (1848 – 1894), fut l’ami et le soutien inespéré du groupe impressionniste après leurs premiers échecs. Intégré au mouvement tardivement, c’était le plus jeune du groupe : il avait seulement 22 ans en 1870 lors du décès de Bazille (à 28 ans). Il rencontre les impressionnistes (notamment Monet et Degas) au cours des années 1872-73. A cette époque, il peint déjà et rêve d’une acceptation académique. Ses espoirs seront rapidement brisés par une ribambelle de refus au Salon Officiel, qui le conduiront à rejoindre le mouvement impressionniste avec force et vigueur.

Gustave Caillebotte, Autoportrait, vers 1889. Musée National des Beaux-Arts du Québec. 

Lorsque son père décède en 1874, il hérite d’une immense fortune qu’il dépense alors pour aider ses amis, organiser les expositions impressionnistes et acheter des œuvres symboliques du mouvement, ce qui en fait l’un des plus grands collectionneurs et mécènes de l’impressionnisme durant cette fin de siècle. A la fois protecteur et compagnon, il conservera ses amitiés avec le groupe jusqu’à la fin de ses jours.


Gustave Caillebotte, Les Raboteurs de parquet, 1875. Musée d'Orsay, Paris. 

  • Situation financière : Soutenu par la fortune familiale, collectionneur et mécène.

  • Thèmes de prédilection : Scènes de rue parisienne, scènes de vie mondaine, scènes de labeur, scènes nautique, paysages, marines, natures mortes. 

  • Relations proches : Claude Monet (à qui il loue un appartement à Paris), Camille Pissarro (qu’il aide régulièrement), Auguste Renoir (qui deviendra son exécuteur testamentaire), Alfred Sisley, Paul Cézanne, Edgar Degas, Edouard Manet, Berthe Morisot, Durand-Ruel.

  • Lieu de pèlerinage : Le Casin, son ancienne maison à Yerres (région parisienne), Musée d’Orsay (Paris).

  • Citation : « Personne n’en veut, j’achète ! ».


Gustave Caillebotte, Rue de Paris, temps de pluie, 1877. Art Institute of Chicago. 

 10. Edouard Manet, l’avant-gardiste

Le scandale colle à la peau d’Edouard Manet (1832 – 1883). Timide mais ambitieux, celui-ci ne cherchait pourtant pas à s’attirer les foudres de la controverse. Malgré lui, chaque apparitions de ses toiles devenues légendaires (L’Olympia, Le Déjeuner sur l’herbe, le Fifre…), hérissaient le poil de l’opinion publique et de la critique.

Edouard Manet, Autoportrait à la palette, 1879. Collection privée.

Investi par le feu sacré de la modernité, il est considéré par certains comme le chef de file officieux de l’impressionnisme, mouvement auquel il ne souhaitait toutefois pas être affilié. Manet a toujours instauré une distance avec les impressionnistes, tout en conservant avec eux de très bons rapports, entre inspiration et protection. Manet partageait avec Degas un intérêt profond pour la validation académique : il souhaitait modifier l’académisme, et non pas s’opposer à lui comme la majorité des impressionnistes. Cela explique donc que ses sujets soient si différents de la plupart des autres membres du groupe, et cela explique également qu’il n’ait participé à aucune exposition commune, bien qu’il appréciait ses camarades de révolution artistique.

Edouard Manet, Le Déjeuner sur l'Herbe, 1863. Musée d'Orsay, Paris.

  • Situation financière : Soutenu par la fortune familiale, collectionneur et mécène.

  • Thèmes de prédilection : Peinture de genre, portrait de genre, scène d’extérieur, nature morte.

  • Relations proches : Edgar Degas, Claude Monet, Auguste Renoir, Frédéric Bazille, Berthe Morisot (sa belle-sœur), Eva Gonzales (son élève), Marie Bracquemond, Gustave Caillebotte, Henri Fantin-Latour, Emile Zola, Charles Baudelaire.
  • Lieu de pèlerinage : Musée d’Orsay (Paris), National Gallery of Art (Washington), Art Institute of Chicago, Metropolitan Museum of Art (New York). 
  • Citation : « Qui donc a dit que le dessin est l'écriture de la forme ? La vérité est que l'art doit être l'écriture de la vie. ». 


Edouard Manet, L'Olympia, 1863. Musée d'Orsay, Paris. 

 11. Marie Bracquemond, la discrète

Bien qu’assez méconnue du grand public, Marie Bracquemond (1840 – 1916) fut une grande dame du mouvement impressionniste. Elève d’Ingres (quand même !), elle s’oriente finalement vers l’impressionnisme grâce à ses amitiés avec Manet et le couple Sisley. Elle participa à deux reprises aux expositions du groupe. Fougueuse innovatrice, elle ne se limita pas à la peinture sur toile : au fil des années, elle réalisa de nombreuses aquarelles, eaux-fortes et céramiques peintes.

Marie Bracquemond, Autoportrait, 1870. Localisation inconnue.

Dans les années 1890, elle doit mettre fin à sa carrière d’artiste. Son mari est publiquement incommodé par sa liberté créatrice, les jugements vont bon train et Marie Bracquemond décide de devenir la femme discrète et docile que son mari et la société réclamaient. Une bien triste histoire, symbole d’une époque archaïque. Elle meurt en 1916, sans que l’opinion publique reconnaisse son importance.

  • Thèmes de prédilection : Scène d’intérieur (évidemment), portrait, paysage et nature morte.

  • Relations proches : Edouard Manet, Alfred Sisley, Edgar Degas.

  • Lieux de pèlerinage : Œuvre éparpillée – Musée d’Orsay, Petit Palais (Paris), Musée des Beaux-Arts de Rouen, Musée de Cambrai, Musée Fabre (Montpellier), Musée de Genève.

Marie Bracquemond, Sous la Lampe, 1887. Galleries Maurice Sternberg, Chicago.

 12. Eva Gonzales, la disciple 

Eva Gonzales (1847 – 1883) est assurément l’impressionniste la moins connue de cette liste. Sa mort prématurée et son refus de participer aux différentes expositions impressionnistes en sont certainement la principale cause. D’origine espagnole, elle devient l’élève d’Edouard Manet et développe une relation amicale avec son maitre, provoquant la jalousie de sa contemporaine Berthe Morisot. Sa proximité avec Manet se ressentira tout au long de sa courte carrière, qu’il s’agisse de son attitude vis-à-vis du groupe impressionniste ou du traitement singulier de ses sujets. Elle meurt en 1883, à l’âge de 36 ans. Ce décès inopportun ne lui aura malheureusement pas permit d’exprimer toute la profondeur de son talent.


Édouard Manet, Portrait d'Eva Gonzalès, 1869-1870. Londres, National Gallery.

  • Situation financière : Soutenue par la fortune familiale.

  • Thème de prédilection : Portrait, scène d’intérieur, paysage.

  • Relations proches : Edouard Manet, Emile Zola, Paul Cézanne.

  • Lieu de pèlerinage : Œuvre éparpillée - Musée Soumaya (Mexico), National Gallery of Art (Washington), Art Institute of Chicago, Kunsthalle de Brême (Allemagne), Palais du Belvédère de Vienne (Autriche), Ordrupgaard Museum (Copenhague, Danemark), Musée de Dieppe, Musée de Gajac, Musée des Beaux-Arts de Marseille, Musée d’Orsay.

Eva Gonzales, Une Modiste, 1882-1883. Art Institute of Chicago.

 13. Paul Cézanne, le provincial

Paul Cézanne (1839 – 1906) restera toute sa vie tiraillé entre la capitale et son village natal, Aix-en-Provence. Paris lui permet de présenter ses œuvres et de prétendre au succès, le même succès que connaitra rapidement son ami d’enfance, l’illustre écrivain Emile Zola. A l’opposé, son village provençal lui apporte repos et confort, mais surtout l’inspiration nécessaire pour un peintre qui s’épanouie au travers de paysages verdoyants


Auguste Renoir, Portrait de Paul Cézanne, 1880. Collection privée. 

A Paris, il rencontre le groupe des impressionnistes, se lie d’amitié avec eux et découvre qu’ils partagent une volonté commune, bien que leurs styles demeurent, en substance, assez différents. Il ne participera qu’à deux expositions impressionnistes. Bourru et caractériel, il s’éloigna ensuite du groupe pour passer ses journées à peindre sur le motif les plus beaux panoramas montagneux du sud de France.


Paul Cézanne, La Maison du Pendu, vers 1873. Musée d'Orsay, Paris. 

  • Situation financière : Issu d’une famille bourgeoise. N’appréciant pas son choix de carrière celle-ci ne l’aidera pas. Il vivra péniblement jusqu’au succès artistique et financier dans ses dernières années.

  • Thèmes de prédilection : Paysage, portrait, peintures de genre.

  • Relations proches : Emile Zola (son ami d’enfance), Camille Pissarro (son professeur et son impressionniste préféré), Claude Monet, Auguste Renoir, Gustave Caillebotte, Eva Gonzales, Ambroise Vollard.

  • Lieu de pèlerinage : L’Atelier de Cézanne et le Musée Granet à Aix-en-Provence (Sud de France), Musée d’Orsay et Musée de l’Orangerie (Paris), musée de l'Ermitage (Saint-Pétersbourg), musée Pouchkine (Moscou).

  • Citation : « Il faut traiter la nature par le cylindre, la sphère et le cône. »


Paul Cézanne, Les Joueurs de Cartes, 1890-92. Metropolitan Museum of Art (New York). 

Et voilà, ce classement est terminé. Toutefois, pour être complètement exhaustif, il faudrait ajouter aux cotés de ces peintres, d’autres acteurs sans qui l’impressionnisme n’aurait jamais pu atteindre les sommets qu’il rencontre aujourd’hui. Sans les marchands qui ont accordé leur confiance (Durand Ruel, Ambroise Vollard, le Père Tanguy), sans les collectionneurs qui ont apporté leur soutien (Victor Chocquet, Théodore Duret, Charles Ephrussi, Ernest Hoschedé…), sans les critiques d’art qui ont participé à leur promotion (Emile Zola, Charles Baudelaire, Edmond Duranty) et sans leurs amis fidèles, mécènes, et peintres de renommée inférieure (Armand Guillaumin, Henri Rouart, Eugène Boudin, Henri Fantin-Latour, Gauguin, Nadar…) les artistes impressionnistes auraient certainement conservé leur place de peintres décadents en marge de l’art officiel, condamnés au mépris, à l’oubli rapide et au silence de l’éternité.

L’impressionnisme est un chef-d’œuvre commun, fruit de l’enthousiasme d’une époque et de la fougue créatrice d’une poignée de peintres prêts à bouleverser les schémas établis. C’est le résultat de rencontres, d’amitiés sincères et de confrontations à l’art protocolaire.
Voilà pourquoi ce mouvement libre et novateur vibre toujours autant dans nos cœurs !

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