Henri de Toulouse-Lautrec photographié par Paul Sescau vers 1894
Qui était Henri de Toulouse-Lautrec ?
La mère d'Henri, Adèle Tapié de Céleyran, a épousé Alphonse, comte de Toulouse-Lautrec, qui était le cousin germain d'Henri. Alphonse était un grand cavalier qui, comme tous les membres de sa famille, aimait la chasse et les chevaux. La mère d'Henri s'est occupée de lui après la séparation de ses parents. Il grandit entre le château du Bosc, qui se trouve dans le Rouergue, au nord d'Albi, et le château de Céleyran, qui se trouve près de Narbonne.
En 1872, la comtesse et le jeune Henri s'installent à Paris, d'abord rue Boissy-d'Anglas, puis à Neuilly. Henri est scolarisé au Lycée Fontanes, qui deviendra plus tard le Lycée Condorcet. Il quitte le lycée en 1875 car il est malade. L'enfant obtient les premiers prix parce qu'il est intelligent et travaille dur. Henri a rencontré Maurice Joyant, qui a vécu de 1864 à 1930, lorsqu'il était à l'école. Joyant est devenu le meilleur ami d'Henri, son marchand, son premier biographe et l'une des personnes qui ont créé le musée Toulouse-Lautrec à Albi.
Henri de Toulouse-Lautrec, Salon Rue des moulins (1894), pastel, Albi, musée Toulouse-Lautrec
En 1874, on annonce à Henri qu'il est atteint de pycnodysostose, une maladie génétique qui pourrait avoir été causée par le fait que ses parents étaient apparentés. Cette maladie ralentit et affaiblit la croissance des os. À 13 ans seulement, il s'est cassé le fémur gauche lors d'une mauvaise chute, puis la jambe droite lors d'un autre accident. Sa maladie lui a fait prendre plus de temps pour se rétablir, et il a gardé son apparence étrange et sa petite taille d'1m52.
Henri dessine depuis qu'il est enfant, quand son oncle lui a appris. La grand-mère disait que tous les hommes de la famille étaient peintres car ils avaient "la maladie du crayon". Pendant sa convalescence, il s'est tourné vers les pinceaux et a commencé à rêver de devenir un artiste. Il a peint un magnifique tableau d'un cheval alors qu'il n'avait que quinze ans. Les problèmes de proportion montrent comment l'artiste, qui est malade et doit regarder les choses d'un angle bas, voit les choses.
Henri de Toulouse-Lautrec, Au Moulin-Rouge (1892), huile sur toile (123 × 140,5 cm), Chicago, Art Institute of Chicago.
En 1881, il échoue au baccalauréat à Paris, mais en octobre de la même année, il le passe à Toulouse. Il prend alors la décision de devenir un artiste. Il finit par obtenir l'accord de sa mère avec l'aide de son oncle Charles et d'un ami de son père, le peintre animalier René Princeteau, ainsi que des deux frères Arthur et Charles du Passage, qui sont dessinateurs et sculpteurs. De retour à Paris, il étudie la peinture avec René Princeteau dans son atelier du 233, rue du Faubourg-Saint-Honoré. En avril 1882, il entre dans l'atelier de Léon Bonnat, puis en novembre 1882, dans l'atelier de Fernand Cormon, où il restera jusqu'en 1886. Il fréquenta Vincent van Gogh, Émile Bernard, Louis Anquetin et Adolphe Albert, un soldat qui voulait devenir peintre.
Depuis 1884, date à laquelle il s'installe au 5 rue Tourlaque puis au 19 bis, rue Fontaine, il vit dans le quartier parisien de Montmartre, où il est connu comme "l'âme de Montmartre". Ses tableaux montrent la vie au Moulin-Rouge et dans d'autres cabarets et théâtres de Montmartre et de Paris. Il a peint Aristide Bruant, mais il a également peint des scènes de prostitution à Paris. Pour ce faire, il se rendait dans des maisons closes, où il a peut-être contracté la syphilis. Il avait notamment une chambre à La Fleur blanche. Jane Avril, la chanteuse Yvette Guilbert, et Louise Weber, qui était connue sous le nom de La Goulue et qui a apporté le cancan d'Angleterre en France, sont trois des femmes célèbres qu'il a incarnées. Le modèle italien Agostina Segatori tenait le Café du Tambourin, où il se rendait souvent. En 1887, il y a peint le Portrait de Vincent van Gogh (Amsterdam, Musée Van Gogh). Suzanne Valadon, qui fut l'un de ses modèles et peut-être sa maîtresse, prit des leçons de peinture avec Toulouse-Lautrec et fut encouragée par lui dans son travail.
Henri de Toulouse-Lautrec, Rousse (La Toilette) (1889), huile sur toile (45 × 54 cm), musée d'Orsay (Paris, France)
Il a été alcoolique pendant la majeure partie de sa vie adulte, et il aimait mélanger son absinthe quotidienne avec du cognac, ce qui était contraire aux règles de l'époque. Plus précisément, il utilisait une canne creuse qui cachait une longue fiole pleine d'alcool en dévissant le pommeau et en mettant un verre à pied à l'intérieur.
En mars 1899, sa mère le place dans une maison de retraite à Neuilly, la folie Saint-James. Elle l'aide ainsi à arrêter de boire et à faire face à la paralysie générale provoquée par sa syphilis. René Semelaigne, petit-neveu et apologiste de Philippe Pinel, croyant aux extraterrestres, dirige la clinique privée. Elle offre toutes les techniques les plus modernes, comme l'hydrothérapie, mise au point par Jean-Martin Charcot et développée par Paul Sollier. Pendant ces deux mois, il dessine et peint un célèbre tableau de "son gardien" entre les berges de la Seine et le bois de Boulogne.
Henri de Toulouse-Lautrec, Au Moulin de la Galette (1889), huile sur toile (88,9 × 101,3 cm), Chicago, Art Institute of Chicago
En mars 1901, il est victime d'une attaque cérébrale qui affaiblit ses jambes et le met dans un fauteuil roulant. Le 15 août 1901, il a une attaque d'apoplexie à Taussat qui le rend incapable de bouger un côté de son corps. Il est emmené au château de Malromé par sa mère, où il meurt le 9 septembre 1901. Il est enterré au cimetière de Verdelais (Gironde), qui se trouve non loin de Malromé. "Je savais, papa, que tu ne manquerais pas l'hallali", aurait-il dit comme derniers mots, se moquant de la façon dont son père aimait chasser. Le plus drôle est que ce grand buveur est enterré dans la ville de Verdelais (verre de lait).
A la mort d'Henri Toulouse-Lautrec, sa famille souhaite donner ses œuvres à une ville afin qu'elle ouvre un musée pour présenter son travail. Mais Paris et Toulouse diront non à cause de la mauvaise réputation du peintre et du fait qu'il ne peint pas comme les autres artistes. Albi, où il est né, est la seule ville qui accepte de prendre l'argent. En 1905, les œuvres sont exposées au Palais de la Berbie, qui était autrefois l'évêché et qui se trouve à côté de la cathédrale Sainte-Cécile.
Les Œuvres de Toulouse Lautrec
Il a travaillé comme artiste pour Le Figaro et Le Chat Perché pour gagner sa vie (illustrations pour enfants). Il était un grand affichiste et lithographe, et ses œuvres sont un merveilleux témoignage de la vie de bohème du Paris de la fin du XIXe siècle. Vivant à Montmartre, où il avait l'habitude de fréquenter les bordels et les cabarets, il montre comment les gens vivent au Moulin Rouge et dans les bordels et les théâtres de Montmartre.
Henri de Toulouse-Lautrec, Moulin-Rouge - La Goulue (1891)
Henri Toulouse-Lautrec définit la personnalité d'un personnage d'un trait rapide et net qui montre un mouvement ou une pose. Avec toute sa bravade graphique, ses affiches publicitaires ont lancé une tendance d'art de rue qui a fait grand bruit. Entre 1892 et 1899, Toulouse-Lautrec a réalisé plus de 300 lithographies. Ces œuvres sont influencées par les estampes japonaises. Il aime étudier les mœurs dans les lieux communs (théâtre, cirque, etc.) et la sexualité des femmes. Mais il laisse aussi libre cours à son génie stylistique, ce qui le rapproche de ceux qui ont fait l'Art nouveau.
Toulouse-Lautrec aimait beaucoup le cirque. Cet environnement lui rappelle que sa famille ne suit pas les règles. Il s'est également intéressé à ces spectacles en raison de la façon dont les corps des artistes bougeaient, de la façon dont ils étaient athlétiques et de la façon dont les animaux se tenaient. Il s'intéresse également au monde du cirque parce qu'il a des liens avec le cirque ancien, où les corps blessés et torturés étaient utilisés comme divertissement. Mais Toulouse-Lautrec ne veut pas que les gens s'habituent à voir des artistes de cirque. "Le spectacle doit être simple, élégant et heureux".
Henri de Toulouse-Lautrec, Au Cirque - Le Pas espagnol (1899)
Ainsi, vers le milieu des années 1880, Toulouse-Lautrec a entamé une relation de toute une vie avec la culture bohème de Montmartre. Ce quartier de Paris, avec ses cafés, ses cabarets, ses artistes, l'intéresse vraiment et lui donne son premier aperçu de la célébrité. Il peint surtout des artistes célèbres comme Aristide Bruant, Jane Avril, Loie Fuller, May Belfort, May Milton, Valentin le Désossé, Louise Weber (dite "la Gloutonne"), et des clowns comme Cha-U-Kao et Chocolat.
En 1884, Toulouse-Lautrec rencontre Bruant, un chanteur et compositeur qui tient un cabaret appelé le Mirliton. Comme Bruant aime son travail, il demande à Toulouse-Lautrec de dessiner des images pour ses chansons et propose le Mirliton comme lieu d'exposition pour Toulouse-Lautrec. Grâce à cela et au fait que ses dessins étaient imprimés dans le magazine Mirliton de Bruant, il devint connu à Montmartre et commença à recevoir des demandes de travail.
Henri de Toulouse-Lautrec, Ambassadeurs Aristide Bruant dans son cabaret (1892)
Toulouse-Lautrec a essayé de montrer le mouvement de la figure en utilisant des moyens totalement nouveaux. Par exemple, Edgar Degas, qui vivait à la même époque que lui et dont l'œuvre, ainsi que les estampes japonaises, ont eu un grand impact sur lui, montrait le mouvement en dessinant soigneusement l'anatomie de plusieurs figures étroitement groupées, en essayant de ne montrer qu'une seule figure à différents moments. D'autre part, Toulouse-Lautrec utilisait la ligne et la couleur d'une manière libre qui donnait l'impression de mouvement. Les lignes ne sont plus limitées à ce qui est anatomiquement correct ; les couleurs sont vives et s'entrechoquent de manière à créer un rythme palpitant ; et les règles de la perspective sont transgressées pour placer les personnages dans une relation dynamique et instable avec leur environnement. Toulouse-Lautrec disposait souvent ses personnages de manière à ce que l'on ne puisse pas voir leurs jambes. Les gens ont pensé que ce trait était une réponse de l'artiste à ses propres jambes qui dépérissaient, mais ce traitement permettait en fait de se débarrasser d'un mouvement spécifique afin d'utiliser l'essence du mouvement à la place. Le résultat est un art plein de vie et d'énergie, dont l'abstraction formelle et la bidimensionnalité globale annoncent la montée du fauvisme et du cubisme au cours de la première décennie du XXe siècle.
Ses affiches ont également montré à quel point Toulouse-Lautrec était unique. L'affiche de Toulouse-Lautrec, Moulin Rouge-La Goulue, a été réalisée en 1891. Il s'agissait d'un rejet de l'idée de grand art, qui se faisait habituellement à l'huile sur toile. Cette affiche a apporté à Toulouse-Lautrec de plus en plus d'attention. "Mon affiche est aujourd'hui sur les murs de Paris", a déclaré l'artiste avec fierté. C'est l'une des 30 œuvres qu'il a réalisées au cours des 10 années qui ont précédé sa mort. Avec les affiches, Toulouse-Lautrec n'était plus limité par les contraintes de la peinture de chevalet et pouvait avoir un impact plus important avec son art. Elles s'ajoutent au succès qu'il a connu l'année précédente lorsque ses œuvres ont été présentées à l'avant-gardiste Exposition des XX (les Vingt) à Bruxelles et au Salon des Indépendants à Paris.
Henri de Toulouse-Lautrec, Dans le lit (1893), huile sur toile (54 × 70,5 cm), Paris, musée d'Orsay
L'aspect le plus important de Toulouse-Lautrec est qu'il était capable d'aller au-delà d'une simple représentation de la réalité et de comprendre en profondeur la façon dont ses sujets pensaient et ressentaient. Après 1892, il a découvert que la lithographie était un bon moyen d'atteindre cet objectif. Au cours des dix dernières années de sa vie, il réalise plus de 300 lithographies, dont un album de 11 estampes intitulé Le Café Concert (1893), 16 lithographies de l'interprète Yvette Guilbert (1894), et 22 illustrations pour Les Histoires naturelles de Jules Renard (1899). Mais aucune de ces œuvres n'est aussi importante que Elles, une série de 1896 qui montre la vie dans une maison close de manière sensible. Toulouse-Lautrec a passé beaucoup de temps à observer comment les prostituées et leurs clients se déplaçaient et agissaient. Les 11 œuvres qui en sont issues montrent que ces personnes sont de vraies personnes avec certaines des mêmes forces et beaucoup des mêmes faiblesses que les autres membres de la société. Un chef-d'œuvre du genre est Au salon de la rue des Moulins (At the Salon). Les gens ont de la peine pour les femmes de ce tableau car elles sont seules et isolées, ce que le jeune Toulouse-Lautrec connaissait bien. Au Salon est un excellent exemple de ce qu'il voulait dire lorsqu'il disait vouloir "représenter le vrai et non l'idéal". Dans ce tableau, la vérité ne consiste pas à montrer tous les détails, mais à capturer l'essence d'un sujet en quelques coups de pinceau.
Même si Toulouse-Lautrec a eu une vie courte et a passé beaucoup de temps dans la "débauche", il a laissé derrière lui une œuvre immense : 737 peintures, 275 aquarelles, 369 lithographies et plus de 5000 dessins.
Henri de Toulouse-Lautrec, Dance au Moulin-Rouge (1890), huile sur toile (100,5 × 150 cm), Philadelphie, Philadelphia Museum of Art
Hommages dans la culture populaire
Henri de Toulouse-Lautrec est resté célèbre même après sa mort, en raison des problèmes qu'il a rencontrés et du nombre d'œuvres qu'il a réalisées. C'est pourquoi nous voyons des clins d'œil à l'artiste dans de nombreuses œuvres populaires, comme des films. Les plus connus sont probablement le film Les Aristocats (1970), dans lequel un chaton est nommé "Toulouse" en son honneur, et le film Moulin Rouge ! (2001), dans lequel John Leguizamo joue un Toulouse-Lautrec drôle et charmant.
De nombreux artistes ont été influencés par Henri de Toulouse-Lautrec, son œuvre, sa personnalité et, bien sûr, sa vie sauvage. Il est le personnage principal de la série de cinq bandes dessinées de Gradimir Smudja intitulée "Le Cabaret des muses" (publié par Delcourt).
Citations de l'artiste Toulouse-Lautrec
“ La peinture, c’est comme la merde ; ça se sent, ça ne s’explique pas. ”
“L'automne est le printemps de l'hiver.”
“Les crayons c'est pas du bois et de la mine, c'est de la pensée par les phalanges.”
“L'amour, c'est quand l'envie vous prend qu'on ait envie de vous.”
“Quand on dit qu'on se fout de quelque chose, c'est qu'on ne s'en fout pas.”
“ Toujours et partout la laideur à ses accents de beauté. C'est passionnant de les découvrir là où personne ne les voit. ”
“Je boirai du lait quand les vaches brouteront du raisin. ”