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Jean Barral Baron

Retour à la liste Ajouté le 8 juil. 2009

Rebelles des Champs

Jardin de Ville de Voiron

mardi 7 juillet 2009
mercredi 2 septembre 2009

Entre Chabons et Montrevel, précisément au Col de la Rossatière, trois silhouettes se dessinent près de la mare. Sur un piquet de fortune, réalisé à l’aide d’une vieille pelle usée, transpercée, rouillée, un écriteau dit ceci :
Avec le départ des hirondelles, c’est l’arrivée
de la première famille de
REBELLES DES CHAMPS.
Mutants ? Extra-terrestres ?
Venus des entrailles de la terre ?
On ne sait pas encore.
Ils sont porteurs d’un message :
« Si vous ne passez pas à l’acte pour sauver la planète, nous vous la prendront »
Ultime avertissement.
Jean Barral Baron

Je m’interroge…

- Parlez-nous de Rebelles des Champs, on voit du métal, de la pierre…

La pierre centrale représente les entrailles de la « chose », la croûte terrestre. Sous leur allure inoffensive ils ont les entrailles agressives.
Suivant l’œil de l’observateur, on peut voir un ange ou l’allure d’un ange… ou tout autre chose… des êtres imaginaires inventés et crées par l’artiste et justement, la création permet de dire « la chose »
Ils représentent une famille de mutants, d’êtres humains réincarnés, sortis des entrailles de la terre… je ne sais pas
Ils sont composés essentiellement de métal issu du monde agricole. Ils peuvent avoir des morceaux, d’estipateurs, de coutres, de socs, de cerclages de roues de bois, des châssis et versoirs de charrues…

- Mais on reconnaît à peine ces morceaux, on voit tout autre chose !
Pour ceux qui n’ont pas vécu cette période paysanne, Rebelles des Champs sont des anges, des cigognes, des autruches ou ce que vous voulez. Un ancien reconnaît chaque morceau. C’est aussi la disparition d’une génération qui a travaillé avec ses mains que je veux réhabiliter et du coup c’est un message de ces anciens « qu’est ce que vous êtes en train de faire !?
J’ai en souvenir une remarque d’un écrivain dont le père était maçon, il comparait le nombre de maisons que son père avait construit avec sa truelle et les trois générations d’ordinateurs dont lui, l’écrivain, avait eu besoin pour écrire un livre !

- Comment sont-ils nés ?

- Depuis longtemps je m’interroge en tant que créateur, en tant qu’artiste, en tant que
sculpteur de mon engagement envers des problématiques qui me sont chères : le 10ème anniversaire du génocide de Rwanda… un million de morts… et toi ? Où étais-tu ? que faisais-tu ? … tu ne te rappelles même pas. Je trie mes déchets, je fais attention à l’utilisation de l’eau car je sais que c’est la première cause de mortalité dans le monde, j’utilise des ampoules à économie d’énergie, pas de pesticide dans mon jardin… on sait tous que le passage de l’être humain sur la planète à une échéance, on prend conscience avec la disparition des animaux, avec la fonte des glaces… et en même temps on entend que l’on va produire des céréales pour faire fonctionner les moteurs, on voit toujours du maïs dans la même parcelle de terrain avec des engrais, du désherbant et les industriels toujours plus de productivité…
Mon moyen d’expression je ne sais pas l’écrire, le chanter… quels moyens hormis le tri ? Je crache, je vomis, j’ai de la chance de pouvoir m’exprimer…et pour dire aussi qu’il y en a marre de vos conneries.

- Justement, Picasso aurait rencontré que des officiers allemands apercevant la célèbre peinture Guernica lui auraient demandé : « C'est vous qui avez fait cela ? », Picasso aurait répondu : « Non... vous »
Rebelles des Champs, c’est vous qui avez fait cela ?

Je peux accuser qui ? Une terre souillée, abimée, dénaturée, polluée… un peu toi, un peu moi, beaucoup les autres. Rebelles des Champs est ma manière d’exprimer une forme d’impuissance, on est tous responsables à des niveaux différents. Nous pouvons avoir des moyens de pression, avoir au moins un regard critique, on se doit de réagir individuellement. On construit des nichoirs pour garder des cigognes chez nous, je suis très content de voir des cigognes mais je me demande que sont devenues les hirondelles ?

- L’emplacement de Rebelles des champs est-il un choix ?

C’est la recherche d’une mise en scène esthétique. Actuellement ils se trouvent, au Col de la Rossatière, au bord d’une mare sauvage, une petite réserve naturelle dans laquelle chaque année des canards viennent se reproduire… peut être qu’Ils auront aussi des petits… la famille peut se développer… on ne sait jamais. C’est aussi l’envie de provoquer une réaction, et les prémices d’une désobéissance.

- Artiste en colère ?

Je suis révolté et je le traduis avec mes mains, au même titre que je peux traduire la tendresse, la peur. C’est le moyen que j’ai pour m’adresser aux autres. Rebelles des Champs c’est aussi l’histoire d’un garçon sensible, abimé par tout ce qui l’entourait, qui n’a pas réussi à survivre et qui a fait le choix de mourir prématurément, Jean Claude Sévère, babioleur et frère d’âme. Comme Don Quichotte, il s’agit d’un combat pacifique contre des moulins à vent…

Mais sachez que je ne suis pas pessimiste, j’ai des doutes quant à la prise en compte du changement que nous devons opérer dans notre fonctionnement au quotidien… peut être des cochons qui mangeraient nos déchets ?

- Nostalgique ?
Avec des réserves car nous avons une meilleur santé, on est chauffé, on a plus de confort mais à quel prix ! On détruit progressivement la planète, on ne laisse rien à l’avenir.
Je me positionne. C’est un coup de gueule, un de plus ! Et tant qu’il y a dénature du paysage… oh ! Tous ces fils électriques !!!


En partant, autour de deux poteaux électriques qui jouxtent la maison-atelier-lieu d’exposition de Jean Barral Baron, j’entrevois une très grosse araignée et sa remarquable toile rouge-sang. Je distingue trois cocons emprisonnant leurs proies : une souris, un clavier et la carte mère d’un ordinateur. Une signature est visible : Jean Barral Baron. L’art intermondialiste est né.

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Artmajeur

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