Djebel

D’une rigueur absolue, l’œuvre peint de Djebel, doit être aussi bien saisi dans sa force d’engendrement que dans son aptitude à la renaissance.
D’un fil de chanvre, l’artiste entrelace la trame reliant les cimes de l’inapplicable.

Ses entreprises plastiques, autant que picturales, se dérobent à l’éphémère par une évidente réussite, se révélant avec force-densité. Elles sont des urgences, des merveilles susceptibles de déclencher des rebonds : tangages définitifs, vertiges à jamais.

L’œuvre et la texture sont le heurt de deux immédiats, pour une lueur d’éternité.
La force de la jonction plus le flou de l’alliance forment un tout sommairement tendu tel un mystère.

La disposition des fêlures privilégie les décalages et les glissements.

L’alternance du quotidien et du prodige confirme, avec la somptuosité de l’ordinaire, de pertinentes volutes : cruelles géométries s’érigeant dans la force de son évidence, et que traverse un fragile sanglot. Poussière d’agonie. Un décor pour quel théâtre ? Monsieur Djebel …?

La toile rude n’est que traces, balafres, écriture en transe, torsion des lignes, tension des points qui illuminent.

Quadrillant l’espace, le plasticien offre la portée de sa musique. Le geste nerveux transmet une émotion discrète.
Tout se déplace sur la rudesse du jute, au gré de l’exaltation ; souvent dans la vigueur d’une touche qui brosse le sujet sans détail, juste dans l’allusion… Et tout est dit. Un art sous-tendu d’une âme.

Les yeux rivés aux cimaises, le spectateur participe à la friction de l’obscur, pris par la soif du mystère, éclipsé par la cruauté de la plus pure luminescence.

Architecte de l’union libre, Djebel n’écoute que par son besoin ; agit, crée. La récupération est un art d’où se dégage une délicatesse dans le maintien du peu. Une maladresse subtile devient vite tache de véracité.

Le dessin est à l’avenant, rondeurs, ellipses, dévoilant un lé de la probable intériorité.
La joliesse s’estompant, reste la gravité du beau.

Quand l'arène était couverte d'iode
Espace Culturel François Mitterrand
Labarthe-sur-Lèze
17 au 30 juin 2005
33 œuvres sur le thème de la tauromachie présentées

Le port de la cravate n'est pas obligatoire
Galerie Nuances du Sud.
1er au 30 avril 2004
45 œuvres présentées

Moïse découvrant les nouvelles tables de la loi
Espace Culturel Verdun-sur-Garonne
6 février au 2 avril 2004
36 œuvres présentées

Exposition du 1er au 30 décembre 2008 à la galerie Paul Sibra à Castelnaudary dans l'Aude

Caché derrière un pseudonyme, Djebel, peintre toulousain, se plait à bousculer les styles, et mêle avec malice la corrida à ses références littéraires et artistiques.

Djebel nargue la cour des grands peintres en les imitant, les détournant, ou leur rend hommage. Se moquant des genres, il oscille entre sculpture, peinture, dessin, poésie et satire. Son thème de prédilection : la tauromachie. “J’aime la recherche, les vrais uniques. Une thématique me tient un temps puis je passe à autre chose. Seule la tauromachie est récurrente dans mes œuvres”, explique le peintre toulousain.
Les taureaux de Djebel sont majestueux ou comiques, magnifiés ou sanglants ? L’artiste cultive l’ambiguïté. Pro ou anti-corrida ? Il est difficile d’être catégorique au regard de ses toiles. Un autoportrait en fer forgé pourrait donner un indice : l’artiste se représente comme un taureau aux petites cornes et à la mine allongée, le regard fixé sur celui qui le contemple, ses grandes oreilles ouvertes sur les bruits du monde. L’univers de la corrida “interpelle” Djebel, mais l’homme déteste les étiquettes.
Dans son œuvre, les matériaux les plus divers sont utilisés. Neufs taureaux sont peints à l’acrylique sur du carton. Une arène est représentée sur la toile ; la barrière protégeant le torero est reconstituée avec des bouts de bois. Les portraits de taureaux plus récents sont découpés en une gamme de couleurs réduite et drapés de tissu monochrome, avec un traitement à la limite de l’abstraction. Djebel, fidèle à lui-même, continue de se jouer des styles et des convenances.

Christy Granja.
Arts et Décoration. Octobre 2004

La principale caractéristique du travail de Djebel, c'est la mise en abîme de la notion de genre, non qu'elle soit une des caractéristiques principales de son “work in progress” mais plutôt parce-qu'elle infléchit la nature même de la visualisation ainsi que celle de la gestion de l'espace pictural ; alors même que la nature de la surface se positionne au travers d'une conception particulière du cadre.
Si l'on se réfère au champ purement symbolique du geste, réduit à l'emprunt aux grands courants historiques ainsi qu'au statut particulier du détournement d'un objet dans sa définition tautologique, il est évident que cette démarche pose des bases à déchifrer qui entrent en résonance.
Mais ne nous égarons pas en classifiant trop rapidement cette production comme “étant donnée” ou post duchampienne, non il n'en est rien.
Car il serait réducteur de penser que l'œuvre de Djebel est une suite possible à ce que certains pourraient trop rapidement nommer comme “courant dominant” dans une production internationale qui cherche et retrouve les racines du premier geste, celui de la peinture.

Le dimanche 14 mai de 10h à 19h à Tournefeuille (31), exposition collective.
DJEBEL expose en compagnie de Anne VAUTOUR, Anne CELARIES, Ayuko MIYAKAWA, CAYRAS, Céline VASQUES, Christine JAMET, Christine VALLIER, DURRAN, Eva KRISTEVA, Elsa NOUAUX, Erika BOLLE, Elisabeth FOUCHET, GASTOU, Ghislaine HABY, Hughes MALBREIL, Isabelle BEAUROY-EUSTACHE, Jacques SIERPINSKI, J-François DAVIAUD, J-Marie FORTES, Joël CRISTINA, KA, Karine VALIN, Michel GALLOT, Nicolette AKIELEWIEZ, Olivier LEDOUX, Olivier VINCENT, Olga VIECO, Philippe CADU, Soraya HENRIQUES, Sylvie POTIER, Steph DESBOUIGES, TOKOTO, Valérie HELD, YANTIC, Yves LAGARDE.