Marc Walencik

Dans la fin des années 80, j'ai, pour la première fois, quitté le grand sud et la région de Perpignan pour émigrer dans le Boulonnais. C'est à cette époque que j'ai embrassé la carrière d'enseignant.

Installé à Boulogne sur mer pendant quelques années, j'ai pu profiter de l'école municipale des beaux arts de cette charmante commune du Pas de Calais. A l'époque, cette école était dirigée par Jacques (je crois ...) Salvignol. J'assistais à des ateliers du soir pour adultes qui étaient animés par le directeur de l'époque et Michel Dahlenne l'actuel directeur de la maison.
Ces deux excellents professeurs m'ont initié à l'acrylique sur de grandes feuilles de papier.

Ma technique était "gestuelle" peut-être inspirée par "l'abstraction lyrique", sur les traces de Mathieu (en photo ci-contre), célèbre peintre natif de Boulogne sur mer. Les grands formats permettaient une expression dynamique. Les couleurs utilisées et l'utilisation de craies, de pastels et de fusains, donnent aux oeuvres réalisées un aspect vif et profond. L'ensemble laisse une impression de mouvement éclatant.

On peut apprécier certaines de ces réalisations dans ma galerie Acryliques sur papier.

D'origine modeste, je suis né en 1956 à Perpignan. J'ai grandi à côté de la place Cassanyes près du quartier Saint-Jacques. J'ai aussi habité aux HLM du champs de mars.

J'ai passé toutes mes "années collège", entre 12 et 15 ans, au collège Jean Moulin.
C'est dans ce collège de quartier que j'ai eu la grande chance de rencontrer celui qui m'a donné le goût du dessin et de la peinture. Cette personne, ce personnage, qui compte énormément dans ma vie artistique, c'est Monsieur Doussinet. Ce professeur d'art plastique m'a enseigné pendant quatre ans les techniques de base du crayon, de la perspective, du mélange des couleurs, du portrait, de la tapisserie ... et de pleins d'autres choses. Je lui dois beaucoup.

Au travers de ce témoignage, je tiens particulièrement à le remercier car je ne serais jamais devenu ce que je suis si je ne l'avais pas rencontré.
Dans la vie d'un Homme il y a des rencontres qui sont déterminantes : Ma rencontre avec ce grand professeur, artiste de surcroit, fait partie de celles-là.

Merci encore de tout mon coeur Monsieur Doussinet.

35 ans après, j'ai eu la chance de retrouver mon mentor dans sa demeure d'un petit village roussillonnais. La rencontre a été très chaleureuse et très émouvante. Monsieur Doussinet a eu la gentillesse d'accepter de poser devant une de ses merveilleuses tapisseries. C'est la photo ci-contre.

Dans la chambre, dans le bureau, à la cuisine, sur la terrasse ou dans un coin de la salle à manger, au milieu du jardin ou au fond du garage ... mon atelier se déplace au gré des humeurs de la lumière ou des changements de saison.
Un chevalet, quelques tubes de peinture, des pinceaux rangés dans des pots de confiture vide ... crayon, fusain, craie, pastel, et en route vers de nouvelles aventures.

"Nature morte au crâne et aux poireaux", et "Nature morte au crâne et au pichet", huiles signées Picasso, sont des oeuvres qui étaient exposées au musée de Céret dans les années 70. Elles font d'ailleurs partie de la collection permanente de celui-ci.

C'est vers cette époque que j'ai travaillé en tant que maître d'internat au lycée Déodat de Séverac. Je tuais les heures creuses en passant mon permis de conduire, en préparant mes examens de la faculté, en me promenant dans les forêts de chênes liège ou dans les vignes bordées d'arbousiers. Je prenais souvent un café à la terrasse du "Pablo", petit et tout nouveau hôtel bistrot qui ouvrait son comptoir sur la place Picasso. Ce petit hôtel existe toujours. A l'époque, trônait sur la place une reproduction en métal de "La sardane de la paix".

Un jour j'ai l'étrange idée de visiter le vieux musée de la ville, bien avant qu'il ne devienne l'actuel et célèbre musée d'art moderne de Céret. Dans la vieille batisse qui abritait alors le musée, était accroché la "nature morte au crâne et aux poireaux" & "nature morte au pichet" (Ci-contre), signées Picasso.

C'est ce jour là que j'ai décidé de coucher des couleurs sur la toile pour la première fois.

Merci Céret, merci Picasso ... merci le Pablo.