Gaëlle Rouyer
Ma démarche
Le corps féminin comme principale préoccupation, ma production prend forme sous les traits du nu érotique.
Je sélectionne mes modèles sur internet, des photos de charmes que l'on trouve en masse sur la toile, des images d'amateur sans intérêt artistique.
Je procède sous forme de séries très longues, qui ont toutes un fil conducteur commun: le format A4 et la technique, stylo bille et marqueurs de couleur. Chaque série admet une variation qui peut être la couleur majeure, la couleur de papier ou encore une spécificité du modèle (vêtements, ethnie, corpulence…). Je classifie, j'ordonne, je case. Quand les contraintes sont posées, le travail peut commencer, comme un automatisme, une obsession jusqu'à la clôture de la série. Le nu se présente sous forme de dessin épuré sur papier bristol format A4 (format normalisé), au stylo bille et au marqueur, outils utilisés habituellement dans le domaine de la bureautique ou du dessin technique.
Le format réduit et la technique rapide sont crucials dans mon travail, établis au départ comme une contrainte, ils pallient au manque de place et de moyens, ensuite ils s'installent et deviennent partie prenante de ce processus créatif, ils sont le fil conducteur du travail. Même si à la base ces contraintes techniques sont vécues comme un frein, ils construisent l'évolution de la production en la gardant homogène.
Le processus de création prend le pas sur la création propre et le résultat. Le résultat n'est important que pour mettre un terme au dessin (partie du processus), le nommé, le numéroté et le stocker. Le terme ne réside pas dans la finition d'un dessin ni même dans la clôture d'une série, car une autre série viendra lui succéder. Le processus est le principal leitmotiv de ma production. Dessiner et passer à un autre, oublier le dessin précédent, et continuer toujours continuer, encore et encore, consommer… On ne s'attache pas, on n'est plus satisfait que ça, c'est un automatisme, un éternel recommencement.
Entre organique et mécanique. Entre pratique plastique classique et démarche plus contemporaine.
Le nu féminin sensuel tout en courbes et formes douces véhiculé par une technique froide et semi-automatique. Des matériaux simples, pauvres, manufacturés, normalisés transcrivent des corps, des visages, des expressions sensés être uniques, vivants, chaleureux. Ces corps finissent par se ressembler, s'amasser, se confondre.
