Musique et art : une combinaison qui dure depuis des siècles

Musique et art : une combinaison qui dure depuis des siècles

Olimpia Gaia Martinelli | 21 juin 2022 8 minutes de lecture 0 commentaires
 

La musique et l'art représentent deux disciplines connexes capables de révéler les sentiments et l'expérience humaine, tant dans ses aspects positifs et joyeux que dans ses aspects plus introspectifs et sérieux. C'est précisément en raison de ces particularités que les arts susmentionnés ont joué un rôle de premier plan depuis l'Antiquité, lorsque leur union a donné naissance à deux combinaisons distinctes : l'art qui raconte la musique et l'art qui soutient la musique...

Cébé, Piano céleste, 2014. Acrylique sur toile, 80 x 80 cm.

La musique et l'art représentent, sans l'ombre d'un doute, deux disciplines connexes qui, à travers l'immatérialité du son et l'enchantement des images, sont capables de révéler les sentiments et l'expérience humaine, tant dans ses aspects positifs et joyeux que dans ses aspects plus introspectifs et sérieux. C'est précisément en raison de ces particularités que les arts susmentionnés ont joué un rôle de premier plan depuis l'Antiquité, et en particulier depuis l'aube des civilisations classiques, lorsque leur union a donné lieu à deux combinaisons distinctes : l'art qui raconte la musique et l'art qui soutient la musique. En ce qui concerne ces derniers, il suffit de se référer aux amphithéâtres et aux théâtres grecs et romains, comme, par exemple, le théâtre d'Epidaure (Epidaure, Grèce) qui, construit au IVe siècle avant J.-C., représente un chef-d'œuvre d'architecture conçu dans le but de maximiser l'acoustique.

Polyclitus le Jeune, Théâtre d'Epidaure, 340 avant J.-C., Epidaure.

En ce qui concerne l'art qui raconte l'histoire de la musique, ce binôme s'est concrétisé au fil des siècles par le travail des plus grands peintres, graphistes et sculpteurs qui, dans le but d'immortaliser à la fois les musiciens et les instruments de musique, ont donc également documenté leur évolution. Dans ses exemples les plus anciens, cette histoire nous est racontée par les statuettes et les vases des premières civilisations méditerranéennes, comme le Joueur de lyre du IIe millénaire avant J.-C., provenant des îles Cyclades. La statuette de marbre susmentionnée, qui représente un homme s'efforçant de jouer de la lyre, a été réalisée dans la plus pure schématisation géométrique de la forme humaine typique de l'art cycladique. Pour représenter le rapport art-musique dans le monde hellénique, en revanche, nous pouvons prendre comme exemple l'amphore à colonnes rouges et fond noir, représentant Orphée jouant de la lyre, une œuvre vasculaire de l'Attique aujourd'hui conservée au Pergamon Museum de Berlin. Le même mythe "musical" est également proposé dans le monde romain et, plus précisément, sur le sol en mosaïque du musée archéologique de Palerme, décoré d'Orphée entouré d'animaux. Mais avant l'exemple de la Rome antique, les fresques étrusques de la nécropole de Tarquinia mettent en évidence un aspect plus ludique du monde de la musique, puisqu'elles immortalisent des joueurs de lyre et d'aulos accompagnés de danseurs.

Joueur de lyre, 2e millénaire avant J.-C., marbre. Athènes : Musée national. Orphée entouré d'animaux, 1er - 2e siècle après J.-C., mosaïque de sol romaine. Palerme : Musée archéologique.

L'histoire du lien entre l'art et la musique se poursuit au Moyen Âge, une époque où, outre les peintures et les sculptures, les manuscrits enluminés sont également devenus un moyen important de diffusion des connaissances musicales, comme le Remède de Fortune du poète et musicien Guillaume de Machaut qui, datant du XIVe siècle, représente l'une des sources artistico-littéraires les plus complètes sur le sujet. De cette période également, il est important de mentionner les portails des cathédrales romanes et gothiques qui, dans de nombreux cas, contiennent des sculptures d'anges ou de saints tenant des instruments de musique. Le Portail de Sainte-Anne à Notre-Dame de Paris et le Portail de la Gloire à Saint-Jacques-de-Compostelle sont des exemples de cette combinaison d'art, de religion et de musique.

 Guillaume de Macaut, Remede de fortune, 4e siècle, codex enluminé.

Quelques siècles plus tard, et plus précisément à la fin du XVe siècle, certains des plus grands maîtres flamands ont raconté le monde de la musique à travers l'art, comme en témoignent les Anges musiciens de Hans Memling (vers 1485) et le Jardin des délices de Hieronymus Bosch (1480-1490). Dans ce dernier tableau, en revanche, les instruments, placés dans le panneau droit du triptyque représentant l'enfer, semblent faire allusion au son d'une mélodie qui est tout sauf agréable, c'est-à-dire un bruit plutôt agaçant et chaotique, ce que l'on retrouve également dans la combinaison des notes transcrites dans le pentagramme de l'œuvre. Comme Bosch, le Caravage, dans le tableau Repos pendant la fuite en Égypte de 1595, se montre également très attentif aux messages véhiculés par les partitions. En effet, dans les mains de Joseph se trouve la partition d'un air précis, celui du compositeur flamand Noel Bauldewijn, basé sur le texte du Cantique des Cantiques et intitulé "Quam pulchra es".

 H. Bosch, Triptyque des délices, 1480. Huile sur panneau. Madrid : Musée du Prado.

Caravaggio, Repos pendant la fuite en Égypte, 1595. Huile sur toile. Rome : Galerie Doria Pamphilj.

Sautant un intervalle de temps d'environ deux siècles, le XIXe siècle se caractérise par une vision plus intimiste de la relation entre l'art et la musique ; en effet, les acteurs dépeints à cette époque sont davantage absorbés par leurs études et, par conséquent, par leur monde. Un exemple en est le Joueur de cornemuse de Thomas Couture, qui, totalement absorbé par sa pratique, ne prête aucune attention à son environnement. Enfin, il est important de souligner comment, avec l'arrivée du XXe siècle, la combinaison de l'art et de la musique a été modifiée de manière indélébile par les Avant-gardes, porteurs inexorables de visions inédites de la réalité. La démonstration emblématique de ce qui vient d'être dit est la Guitare (1912-1913) de Pablo Picasso qui, actuellement conservée au MOMA de New York, représente une idéalisation tridimensionnelle de la musique, visant à acquérir une "concrétude" à travers un volume, une épaisseur et une forme tangibles. En outre, le chef-d'œuvre susmentionné, étant à toutes fins utiles capable de reproduire le son, n'est plus seulement une œuvre d'art représentant quelque chose, mais aussi un support exprimant l'existence d'un instrument.

Kristof Toth, Diptych sculpture cellist + harp player, 2020. Sculpture, bronze sur pierre, 52 x 30 x 15cm / 10,00 kg.

Karen Axikyan, Mélodie, 2020. Sculpture, métal sur métal, 41 x 26 x 10 cm / 1,20 kg.

La combinaison de l'art et de la musique dans les œuvres des artistes d'Artmajeur

L'éternel désir de raconter le monde de la musique à travers l'art se poursuit encore aujourd'hui. En effet, ce désir anime le travail de nombreux artistes contemporains, dont ceux d'Artmajeur, qui se sont souvent inspirés des plus grands exemples figuratifs du passé. Cette volonté d'émulation de la plus haute tradition artistique s'accompagne toutefois d'un fort désir d'innovation qui, visant à enrichir le lien historique entre l'art et la musique, se manifeste bien dans les œuvres de Pierre Duquoc, Massimo Iacovelli et Jamie Lee.

Pierre Duquoc, Fantôme #36, 2022. Photographie, photographie manipulée / photographie numérique sur papier, 50 x 75 cm.

Pierre Duquoc: Fantôme #36

Le cliché de Pierre Duquoc, intitulé Fantôme #36, immortalise un violoniste en utilisant une technique quelque peu paradoxale, puisque, comme l'affirme l'artiste lui-même, il n'est pas habituel pour un photographe de vouloir rendre son travail flou. Mais en réalité, Duquoc a poussé cette contradiction encore plus loin, puisqu'il a recréé le flou à partir de clichés initialement nets. Cette procédure poursuit l'intention d'enquêter sur les petites disparitions de la vie quotidienne, c'est-à-dire ces moments éphémères capturés et stockés dans notre mémoire, qui sont ensuite transformés en souvenirs. Les performances sur scène, souvent caractérisées par des mouvements répétitifs et ordonnés, s'avèrent particulièrement appropriées pour rendre le concept de réminiscence également parce que, une fois le spectacle terminé, les musiciens génèrent une sorte de "disparition" qui favorise la réminiscence. Sur le plan de l'histoire de l'art, en revanche, Fantôme #36 présente de multiples affinités avec Les mains du violoniste de Giacomo Balla, tableau dans lequel le maître italien a saisi, par un effet d'optique proche du flou photographique, le mouvement d'un musicien.

Massimo Iacovelli, Formidable, 2022. Sculpture - bois, 74 x 24 x 24 cm.

Massimo Iacovelli: Formidable

La sculpture de Iacovelli, réalisée à partir d'un véritable violon, est le résultat de la décomposition de cet instrument de musique, visant à générer chez le spectateur des visions multiples, fragmentées et disséquées de l'objet. Dans ce contexte, l'œuvre d'art se présente à l'observateur dans toute sa relativité, puisque, bien qu'elle montre l'image connue d'un violon, elle la repropose d'une manière inédite et non conventionnelle, libre de toute coutume. En outre, Formidable rappelle les sculptures de violon décomposées emblématiques d'Arman, conçues dans le même but de montrer différentes formes et perspectives dans un seul objet à la fois. Exponent, avec d'autres artistes comme Yves Klein et Jean Tinguely, du Nouveau Réalisme, le maître français susmentionné avait l'habitude de récupérer des objets réels et obsolètes pour les décomposer dans leurs formes, altérer leur perception et révéler leur essence. Par conséquent, les particularités de l'œuvre de Iacovelli s'apparentent fortement à la plus haute tradition historico-artistique.

Jamie Lee, Buddy Rich, 2022. Acrylique / peinture en spray sur toile, 70 x 70 cm.

Jamie Lee: Buddy Rich

La peinture pop de Jamie Lee représente, dans un style emprunté à Roy Lichtenstein, le célèbre batteur et chef d'orchestre américain Buddy Rich. Ce choix de sujet ne doit pas nous surprendre, car le Pop Art a toujours été étroitement lié au monde de la musique. En effet, à partir du 20e siècle, les formes de culture les plus populaires tendent vers le multimédia, c'est-à-dire la combinaison de mots, de musique, d'images et de danse qui crée des résultats artistiques complexes. En outre, dans sa référence constante à la modernité et aux nouveaux phénomènes de masse, ce mouvement a manifestement pris en compte la musique et ses protagonistes. Des références évidentes au monde de la musique se retrouvent dans les œuvres de Peter Blake, David Hockney, Richard Hamilton et Andy Warhol, de sorte que le travail de l'artiste d'Artmajeur s'inscrit pleinement dans une traditione superbe.

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