Affiches publicitaires
Dans les sociétés capitalistes, la publicité n'est pas seulement omniprésente, elle est aussi l'une des formes dominantes de la culture, visant à encourager la consommation de biens, présentés comme indispensables à la réalisation du bien-être et du bonheur.
Quelles sont les origines de la publicité moderne ?
Au XVIIIe siècle, les publicités occupaient gratuitement la quatrième page des journaux, avec de petites annonces, tandis que, à partir des trente dernières années du XIXe siècle, l'utilisation d'affiches publicitaires s'est généralisée. Ces derniers constituent l'une des plus anciennes formes de publicité existantes, créée au cours de la deuxième révolution industrielle et initialement liée à la promotion de calendriers de théâtres ou de cabarets, lieux de divertissement en plein essor à cette époque. L'affiche publicitaire a été inventée par le Français Jules Chéret, qui a innové en mettant l'accent sur la partie figurative de la publicité, plutôt que sur la partie textuelle, et en y incluant des mannequins. En Italie, en revanche, l'histoire de l'affiche publicitaire est indissolublement liée au nom de l'affichiste le plus novateur : Leonetto Cappiello (Livourne, 9 avril 1875 - Cannes, 2 février 1942).
Leonetto Cappiello, Bitter Campari, 1921. Lithographie, 100 x 70 cm. Milano, Archive Galleria Campari.
Leonetto Cappiello et le Campari
Le Campari, également connu sous le nom de Campari Bitter ou Bitter Campari, est une boisson alcoolisée italienne populaire, utilisée dans la préparation de célèbres cocktails tels que le Negroni et l'Americano. Pour faire la publicité de Campari, Leonetto Cappiello propose, en 1921, une affiche avant-gardiste où, pour la première fois, une image remplace le produit à vendre. En effet, sur l'affiche, la boisson alcoolisée est représentée dans les mains d'un personnage animé : le "Spiritello". Ce personnage, sorte de génie de la lampe enveloppé dans la peau d'une orange, était parfait pour être associé à la célèbre boisson à l'orange, à tel point qu'il est rapidement devenu un personnage aimé du public italien. Enfin, le "Spiritello", destiné à incarner le produit sans y être étranger, est animé par un sourire effronté, réalisé dans l'intention d'inciter le spectateur à acheter du Campari.
Andy Warhol, Green Coca-cola Bottles, 1962. Acrylique, sérigraphie et crayon graphite sur toile, 210.2 × 145.1 cm. New York, Whitney Museum of American Art.
Andy Warhol : Coca Cola
Alors que Leonetto Cappiello, un représentant de l'Art nouveau, a été chargé par Campari de créer des affiches publicitaires combinant de manière innovante art et consommation, les représentants du Pop Art américain des années 1950 et 1960 ont spontanément inclus les grandes marques dans leurs œuvres afin de souligner l'avènement de la société de consommation de masse. L'œuvre d'Andy Warhol Green Coca Cola Bottles, créée en 1962, en est un exemple. Elle représente 112 bouteilles de Coca Cola vides, disposées en 7 rangées de 16 chacune. Green Coca Cola Bottles a été réalisé à l'aide de la technique de la sérigraphie, que l'artiste a choisie spécifiquement pour faire allusion aux mécanismes de production de masse typiques de la société de consommation. Néanmoins, les contours des bouteilles, probablement imprimés à la main, diffèrent les uns des autres par leurs contours, l'uniformité de la peinture et leur inclinaison, ce qui confère aux Green Coca Cola Bottles une touche de fabrication artisanale. Enfin, l'œuvre de Warhol, qui critiquait ironiquement, et en même temps glorifiait, les idoles et les valeurs superficielles de la culture américaine, a réussi à faire entrer les produits typiques des supermarchés dans les musées. En fait, l'artiste lui-même a déclaré l'égalité entre le supermarché et le musée, arguant que dans les deux endroits, les produits pouvaient être "consommés" de la même manière.
Maxl, Marilyn & Mickey, 2021.Collage et acrylique, 102 x 102 cm.
Maxl : Coca Cola, Mickey Mouse et Marilyn Monroe
Dans l'œuvre de l'artiste Artmajeur Maxl, le logo et les couleurs de Coca Cola ornent les traits d'un nouveau Mickey Mouse, qui trouve sa place aux côtés d'une Marilyn Monroe, représentée dans sa pose iconique la plus célèbre. En effet, ce collage semble réunir, de manière totalement innovante, trois thèmes chers à l'œuvre d'Andy Warhol : Coca Cola, Mickey Mouse et Marilyn Monroe. En conséquence, le travail de Maxl semble refléter la poétique du Pop Art américain, caractérisé par un intérêt marqué pour les images qui font référence au monde artificiel dans lequel vivent les consommateurs, comme les produits industriels quotidiens et les médias de masse. La publicité, la télévision et le cinéma, mais aussi les rayons des supermarchés, deviennent les nouveaux sujets des œuvres d'art, capables de diffuser une vision plus colorée et plus vivante de la réalité, sous laquelle se cache toutefois un sentiment d'anxiété et d'angoisse latent.
Stephane Cazenave, Marlboro County, 1991.Acrylique et collage, 50 x 65 cm.
Stephane Cazenave : Marlboro
Parmi les collages les plus célèbres réalisés par des artistes pop figurent ceux de Richard Hamilton, un pionnier du pop art britannique. En effet, l'une de ses œuvres les plus célèbres, intitulée What Makes Today's Houses So Different, So Attractive, a été créée en juxtaposant des photographies et des images tirées de la presse américaine, représentant un condensé de références à la culture pop. Le collage de l'artiste d'Artmajeur Stéphane Cazenave, quant à lui, se distingue par la combinaison originale et personnelle de cette technique avec la peinture acrylique, utilisée pour créer le fond autour de la photo découpée du cow-boy. Le cow-boy est un personnage emblématique du monde de la publicité, inextricablement lié à une célèbre marque de cigarettes américaine, à laquelle l'œuvre fait explicitement référence avec les mots "Marlboro". En conclusion, l'œuvre de Cazenave se distingue par sa capacité à combiner un sujet culte du monde de la consommation avec une technique artistique très personnelle.
Tony Rubino, Chanel Toilet Paper, 2021. Acrylique et lithographie,
30,5 x 45,7 cm.
Tony Rubino : Chanel
Les œuvres étudiées jusqu'à présent, dans la lignée de la poétique du Pop Art, n'ont pas pour but de critiquer la société, mais simplement d'en refléter les caractéristiques. À l'appui de cette affirmation, je cite le célèbre artiste Roy Lichtenstein : "Je ne suis pas vraiment sûr du type de message social que mon art contient, le cas échéant". L'œuvre de Tony Rubino, un artiste d'Artmajeur, est très différente de ce contexte. Il a probablement voulu exprimer son désaccord avec la société de consommation en représentant le nom de la marque d'une célèbre maison de mode sur un rouleau de papier toilette. De plus, alors que le Pop Art d'Andy Warhol avait préféré l'utilisation de la sérigraphie, une technique d'impression qui permet la reproduction d'images en série, Tony Rubino a opté pour la lithographie qui, en ne produisant qu'un nombre très limité d'éditions, se détache définitivement de la production à la chaîne de la société de consommation. En conclusion, le travail de l'artiste d'Artmajeur représente une interprétation très personnelle du Pop art, qui est chargé de nouvelles significations.