La Nativité
Noël, le jour qui célèbre la naissance de Jésus-Christ, a été immortalisé par de nombreuses œuvres d'art célèbres représentant la Nativité, dont la plus ancienne est probablement le stuc conservé dans les catacombes de Priscilla, à Rome, qui date du IIIe siècle. Cette œuvre paléochrétienne se distingue par le fait qu'elle est inhabituelle et non canonique, puisqu'elle représente Marie et Jésus en compagnie d'un prophète désignant une étoile, symbole de la venue du Christ sur terre. En effet, ce mode de représentation est très différent du mode traditionnel qui, environ deux siècles plus tard, immortalise la Vierge et l'enfant en compagnie de l'ange, des bergers et de Joseph. La Nativité entre les prophètes Isaïe et Ézéchiel de Duccio di Buoninsegna, la Nativité de Jésus de Giotto et l'Adoration des bergers de Rubens en sont des exemples représentatifs. Par la suite, les différents artistes qui ont abordé ce sujet ont toutefois enrichi la composition ci-dessus de détails supplémentaires et de réinterprétations personnelles, comme le montrent la Nativité mystique de Botticelli, l'Adoration de l'enfant du Pérugin, la Nativité et l'Adoration des bergers de Ghirlandaio, la Nativité du El Greco et la Nativité avec les saints Laurent et François d'Assise du Caravage.
Nativité, IIIe siècle. Stuc, Rome : catacombes de Priscilla.
Duccio di Buoninsegna, Nativité entre les prophètes Isaïe et Ezéchiel, 1308-13011. Tempera sur panneau, 43,8 × 111 cm. Washington : National Gallery of Art.
Pieter Paul Rubens, L'adoration des bergers, 1608. Huile sur toile, 300×192 cm. Fermo : Pinacoteca Civica.
Sandro Botticelli, Nativité mystique, 1501. Tempera sur toile, 108,5 × 75 cm. Londres : National Gallery.
Domenico Ghirlandaio, Nativité et adoration des bergers, 1485. Tempera sur panneau, 167 x 167. Florence : Basilique de Santa Trinita.
Giotto di Bodone, Nativité de Jésus, 1303-1305. Fresque, 200 x 185 cm. Padoue : Chapelle Scrovegni.
Giotto : la Nativité de Jésus
L'une des nativités les plus populaires de l'histoire de l'art est certainement la Nativité de Giotto, qui fait partie du cycle de fresques des Histoires de Jésus qui décorent la chapelle Scrovegni à Padoue, en Italie. En effet, cette œuvre, qui est devenue un point de référence pour les artistes des générations suivantes, a réussi à renouveler l'une des iconographies les plus traditionnelles de l'art chrétien, à travers une simplicité et une humanité sans précédent. L'humanité se dégage à la fois du visage de Marie, qui regarde son fils avec amour, et de l'attitude d'adoration des animaux envers le nouveau-né. À ces sentiments s'ajoutent l'étonnement des bergers, la joie des anges et la sérénité méditative de Joseph. Toutes ces figures se caractérisent par une beauté raffinée et mesurée et des traits réguliers, qui rappellent le monde classique. Le chef-d'œuvre de Giotto n'est cependant pas seulement novateur pour sa récupération de l'art antique et sa volonté d'humaniser l'événement sacré, mais aussi pour sa recherche spatiale et perspective et le plasticisme de ses personnages. En ce qui concerne la description de l'œuvre, la Nativité se déroule dans un endroit rocheux, où émerge avec force la cabane dans laquelle se trouvent Marie, Jésus et une femme, un nouveau personnage inclus dans le récit, qui se prête à aider la Vierge avec son nouveau-né. Quant aux autres personnages, Joseph est représenté loin de sa famille, dans la partie inférieure de la fresque, afin de souligner sa subordination au Père divin du Christ. Le bœuf et l'âne se trouvent à gauche du tableau, tandis qu'à droite se trouvent les deux bergers en dialogue avec un ange qui les informe de l'heureux événement. Enfin, flottant au-dessus de la cabane, quatre anges prient.
Marc Chagall, La naissance, 19011. Huile sur toile, 46×36 cm. Collection privée.
Marc Chagall : La naissance
L'actualité de la Nativité a également été étudiée dans sa version laïque, comme on peut le voir, par exemple, dans l'œuvre de Marc Chagall, La naissance, et dans celle de Salvador Dali, L'enfant géopolitique regarde la naissance de l'homme nouveau. En ce qui concerne la peinture de Chagall, cette toile, très narrative et riche en détails, est un manifeste explicite de la poétique de l'artiste, souvent caractérisée par l'utilisation de détails de la vie quotidienne qui, traduits en images symboliques, sont révélés dans toute leur spécificité. En effet, le dais, spécialement peint en rouge par l'artiste, symbolise l'utérus maternel, principe féminin et symbole de la vie. Quant aux personnages représentés, la partie gauche de l'œuvre est construite sur une composition pyramidale, mettant en scène la mère, la sage-femme tenant le nouveau bébé dans ses bras et un homme comiquement assis par terre qui observe la scène. Sur le côté droit de l'œuvre, un vieil homme et un enfant regardent par la fenêtre, et plusieurs hommes discutent d'un cercle lumineux sur le sol. Enfin, une vache se distingue également parmi ces derniers personnages, entrant de manière innovante dans l'espace de l'image sur un pied d'égalité avec les êtres humains.
Gerrit Van Honthorst, L'adoration de l'enfant, 1619-1620. Huile sur toile, 95,5 × 131 cm.
Catherine Digue - Turpin, Nativite3., date inconnue. Gouache, 22 x 30 cm.
Catherine Digue - Turpin : Nativite3
Les artistes d'Artmajeur se sont également essayés à la représentation de Nativités sacrées et profanes, comme par exemple la très traditionnelle gouache de Catherine Digue - Turpin, qui s'apparente à l'interprétation classique et religieuse de la même œuvre topique par Gerrit Van Honthorst, conservée à la Galerie des Offices de Florence. En effet, comme le chef-d'œuvre florentin, Digue - l'œuvre de Turpin, bien que moins réaliste et détaillée, a pour point central la figure de l'enfant, qui est contemplé par les autres figures au-dessus de lui. De plus, dans les deux tableaux, la disposition et la manière de la lumière créent une atmosphère "feutrée", harmonieuse et calme, qui est parfaitement apte à transmettre la magie de Noël. Ainsi, la gouache Digue - Turpin s'inscrit parfaitement dans la tradition figurative de l'événement sacré, à tel point que, outre l'œuvre de Gerrit Van Honthorst, elle pourrait également être comparée à l'Adoration des bergers de Corrège et à la Nativité de Carlo Maratta.
Paul Rossi, La famille d'Arlequin IV, date inconnue. Huile sur papier, 57 x 76,5 cm.
Paul Rossi : La famille d'Arlequin IV
L'œuvre de Paul Rossi, artiste d'Armajeur, est une crèche profane et ironique mettant en scène les membres de la famille d'Arlequin, un personnage qui rappelle immédiatement le tableau de Pablo Picasso sur le même sujet. En effet, la Famille d'Arlequin avec Singe de l'artiste espagnol dépeint également, bien qu'avec moins de protagonistes que l'œuvre de Rossi, une douce scène de vie familiale, animée par la présence d'un nouvel arrivant. La figure du singe est également commune aux deux tableaux, bien que dans l'œuvre de Picasso, le singe joue un rôle plus actif sur le plan émotionnel dans le tableau de famille. Malgré ces éléments communs, les deux tableaux sont le résultat de deux styles de production très personnels et différents, qui se distinguent surtout dans la manière d'utiliser le clair-obscur et, par conséquent, dans le rendu des traits des personnages. À cet égard, les protagonistes de l'œuvre de l'artiste Artmajeur, peints dans un clair-obscur plus intense et moins nuancé, ont des traits plus durs et plus anguleux que ceux peints par Picasso. De plus, le noir et blanc du tableau de Rossi est bien loin des couleurs douces utilisées par l'artiste espagnol, qui a réalisé ce célèbre tableau pendant sa période rose. En conclusion, Rossi a voulu réaliser un classique d'actualité de l'histoire de l'art de manière amusante et très personnelle, en se référant très probablement à l'œuvre du grand maître espagnol.
Raphael Sanzio, Madone du Chardonneret, 1506. Huile sur panneau, 113 x 88 cm. Vienne : Kunsthistorisches Museum.
Frédéric Martin, F-Martin-Nativite, date inconnue. Huile sur toile, 55 x 33 cm.
Frédéric Martin : F-Martin-Nativite
La Nativité réaliste et novatrice de Frédéric Martin représente simplement un bébé emmailloté qui, privé du contexte de la cabane, de la présence de la Vierge, de Joseph, des anges et des bergers, ne peut être considéré comme le Christ que par le titre donné à la toile. Dans l'histoire de l'art, l'étude la plus précise du caractère de l'enfant Jésus a été réalisée dans les œuvres représentant la Vierge à l'Enfant, qui ont été créées par les plus grands maîtres de tous les temps, dont Duccio di Buoninsegna, Beato Angelico, Filippo Lippi et Raphaël. Dans ces chefs-d'œuvre, cependant, contrairement à la toile de Martin, l'Enfant était représenté nu ou à demi vêtu, comme, par exemple, dans la Madone del Cardellino de Raphaël, où Jésus est immortalisé dans toute sa rondeur et sa douceur. Ainsi, dans l'œuvre de l'artiste d'Artmajeur, la manière innovante de représenter le thème de la Nativité s'ajoute au choix très personnel de dissimuler le corps du Christ avec des bandes.