Irina Laube, A la mer du Nord, 2021. Acrylique sur toile, 50 x 50 cm.
Le genre du paysage marin
Une marine est défini comme suit : une peinture, une gravure ou même une photographie, destinée à représenter la mer comme le sujet principal de l'œuvre, la figure humaine, les bateaux ou d'autres sujets étant relégués au second plan. Les peintures "maritimes", en revanche, représentent ce type de production figurative qui, bien que se déroulant en mer, met davantage l'accent sur la présence de navires ou d'autres sujets plus ou moins artificiels. C'est précisément ce dernier genre qui s'est d'abord imposé dans l'histoire de l'art, permettant, à un stade ultérieur, l'affirmation et le développement de l'autre. Parmi les œuvres "maritimes" les plus anciennes, citons les peintures rupestres représentant des bateaux, conservées dans la réserve d'État de Gobustan (Azerbaïdjan), et le Vase des Sirènes qui, datant de l'époque de la Grèce classique, représente Ulysse attaché au mât de son navire, décidé à résister au chant des Sirènes. En ce qui concerne le monde médiéval, il convient de mentionner la Tapisserie de Bayeux, achevée au XIe siècle, qui illustre les événements entourant la conquête de l'Angleterre par les Normands (1066).
Vase de sirène, vers 480 avant J.-C. - 470 avant J.C.
Joseph Mallord William Turner, Paysage marin avec une tempête en retraite, vers 1840. Huile sur toile, 91,4 × 121,6 cm.
Par la suite, il convient de souligner comment, à partir de la Renaissance, même s'il était encore rare de voir un tableau ayant la mer pour sujet principal, les paysages marins ont commencé à gagner en popularité. Ce changement est principalement lié à l'intérêt que la peinture flamande porte au thème susmentionné, comme en témoigne l'œuvre d'artistes de la trempe de Joachim Patinir, pionnier du paysage en tant que genre indépendant. L'affirmation définitive du thème a cependant eu lieu en 1790, année où le terme "marine" a probablement été inventé pour désigner toutes les peintures qui, contrairement à l'art du paysage qui se concentrait sur les scènes terrestres, privilégiaient les paysages marins. À partir de cette époque, il y a eu de nombreuses œuvres appartenant au genre susmentionné et d'une importance décisive pour l'histoire de l'art, comme par exemple : Marine avec une tempête en retraite (1840) de Joseph Mallord William Turner, Falaises d'Etretat (1855) de Claude Monet, Paysage marin (1904) de Joaquin Sorolla, Marine (avec nuages olivâtres) (1969) de Gerhard Richter.
Jose Higuera, L'autre Méditerranée. Huile sur toile, 116 x 81 cm.
Marina Zotova, L'océan agité, 2021. Huile sur toile, 120 x 90 cm.
Giovanni Fattori et la mer : une histoire d'amour particulière
Parmi tous les artistes qui ont représenté la mer, mus par une grande attirance et un grand intérêt pour elle, il est important de rappeler Giovanni Fattori, le plus grand représentant du mouvement Macchiaioli, qui était décidément enchanté et séduit par la mer de sa ville natale, Livourne (Toscane, Italie). En effet, pour le maître toscan, le paysage marin susmentionné était l'un de ses sujets les plus étudiés, à tel point que ce type de production artistique pourrait à lui seul résumer, et résumer, toute la carrière artistique du peintre Macchiaioli. Fattori était tout à fait conscient de cette récurrence thématique, à tel point que, dans ses écrits autobiographiques, il se définissait comme : "un observateur méticuleux de la mer, dans toutes ses phases, car j'aime la mer parce que je suis né dans une ville côtière". Dans ce contexte, le tableau Libecciata résume parfaitement l'amour nourri par le maître pour les particularités du paysage marin de sa Livourne natale. En effet, le titre même de l'œuvre fait allusion au "libeccio", ce vent fort typique de la côte labradorienne qui, venant du sud-ouest et soufflant surtout en été, est capable de secouer aussi bien la mer que la végétation environnante.
Giovanni Fattori, La libecciata, vers 1880-1885. Huile sur panneau, 28,5 x 68 c. Galerie d'art moderne, Palazzo Pitti : Florence.
En particulier, ce tableau des années 1880, aujourd'hui conservé à la galerie d'art moderne du Palazzo Pitti à Florence, représente une portion du littoral d'Antignano, un quartier situé juste au sud de Livourne, qui a ensuite été incorporé par la ville lors de l'expansion urbaine du XXe siècle. Ainsi, à l'époque de l'artiste, ce village, construit entre les bastions d'une ancienne forteresse des Médicis autour de la petite église de Santa Lucia, était un lieu paisible où il se rendait souvent pour peindre. En outre, la portion de côte qui va d'Antignano à Castiglioncello est, à ce jour, considérée comme l'une des plus belles de Toscane. Enfin, c'est précisément dans ce littoral livournais, encore riche en peintres qui peignent la mer d'après nature, que l'on peut imaginer voir le maître Macchiaioli, décidé à immortaliser les mouvements de l'eau salée, reflétés dans ceux d'un tamaris.
Mantas Naulickas, Montagnes marines, 2022. Huile sur toile, 60 x 100 cm.
Peter Nottrott, Impressions de navigation de paysage marin XXXL1, 2021. Acrylique sur toile, 150 x 240 cm.
L'amour de la mer se poursuit dans l'art contemporain
Le genre du paysage marin, qui vise à exprimer l'amour le plus pur pour la mer, ne tombera jamais en désuétude, car son sujet "salé" est lié de manière indélébile aux souvenirs les plus profonds de nos vies, c'est-à-dire à ces moments particuliers où les mouvements de l'eau reflètent ceux de nos âmes. Cette pensée, très proche de la poétique romantique, continue de fasciner l'art contemporain, dont la production est parfois aussi une référence à celle des maîtres les plus célèbres de tous les temps. On en trouve des exemples dans les œuvres des artistes d'Artmajeur, comme les peintures de Tony Rubino, Alexandra Djokic et Andreas Claußen.
Tony Rubino, Grande vague japonaise contour hokusai métallique, 2022. Acrylique / lithographie sur toile, 40, 6 x 61 cm.
Tony Rubino: Grande vague japonaise contour hokusai métallique
Grande vague japonaise contour hokusai métallique est une peinture innovante de technique mixte, combinant les particularités de l'acrylique et de la lithographie, dans une composition où le noir et le blanc des vagues triomphent, ainsi que le jaune des bateaux et de l'horizon. C'est précisément dans ce contexte chromatique surréaliste qu'il convient de souligner comment, malgré la présence des bateaux, le véritable protagoniste de l'œuvre est la mer qui, saisie dans toute sa violence, illustre bien le genre du paysage marin. Cette composition reproduit fidèlement, technique mixte et couleurs utilisées à part, le chef-d'œuvre du maître japonais Kanagawa Hokusai, la gravure sur bois intitulée La grande vague de kanagawa (vers 1830-31). Cette dernière œuvre représente l'une des images les plus connues de la culture occidentale, dans laquelle la zone maritime représentée fait partie de l'actuelle préfecture de Kanagawa, tandis que la montagne à l'arrière-plan est le mont Fuji. Ainsi, Tony Rubino a interprété personnellement une gravure sur bois emblématique, qui est certainement capable de réaffirmer avec force la popularité du genre du paysage marin dans l'art contemporain.
Alexandra Djokic, Reflet de l'eau, 2022. Acrylique sur toile, 110 x 160 cm.
Alexandra Djokic: Reflet de l'eau
Célébrer la mer signifie aussi immortaliser uniquement sa surface, exalter ses mouvements, les moindres courants et la grande variabilité chromatique. C'est ce qu'illustre bien le tableau d'Alexandra Djokic, où le premier plan d'une étendue d'eau est divisé en zones de couleur, qui "évoluent" du bleu foncé au vert et au bleu clair, enrichies et entrecoupées de petites taches, de lignes et de reflets de tons bruns, rougeâtres et blancs. Très probablement, cette attention portée à la "vitalité" de la mer pourrait faire référence à la lithographie de la célèbre artiste visuelle letto-américaine Vija Celmins, qui, sous le titre Ocean Surface Woodcut (1992), a éliminé les horizons ou tout autre point de référence central, ne soulignant que les détails de la surface de l'eau salée.
Andreas Claußen, Paysage marin 2021-07-23, 2021. Huile sur toile, 120 x 120 cm.
Andreas Claußen: Paysage marin 2021-07-23
La production artistique d'Andreas Claußen, tout comme dans le cas de Paysage marin 2021-07-23, repropose le genre du paysage marin qui, exécuté de manière réaliste, vise principalement à capter le contraste entre l'eau salée et la surface rocheuse des rochers. Cette recherche figurative n'est pas sans rappeler l'œuvre du grand impressionniste Claude Monet, qui a souvent immortalisé des paysages marins marqués par la présence d'élégants et grands "blocs". Des exemples de ce genre sont certains tableaux célèbres du maître français, tels que : Le Manneporte à Étretat (1883), Le Falaises a Dieppe (1882) et Les rochers de Belle-Ile (1886). En ce qui concerne le premier chef-d'œuvre, ce paysage marin représente la plus grande des portes du célèbre littoral normand, où les vagues s'écrasent, laissant deux minuscules figures humaines, littéralement submergées par la grandeur, et la puissance, de la nature. Ainsi, le travail de l'artiste d'Artmajeur, qui tend à analyser des "paysages marins rocheux", s'inscrit dans une tradition artistique rien moins que grandiose, où la majesté du paysage prime sur tout autre sujet.