En septembre 2014, la radio canadienne CBC a présenté une jeune artiste se disant l'inventeur d'un art révolutionnaire, l'art invisible. Elle décrivait une oeuvre qu'elle avait élaborée durant des heures, mais qu'on ne pouvait voir. C'était un canular.
Ce que ne pouvaient imaginer les auteurs de cette farce, c'était que de nombreuses initiatives d'art invisible avaient déjà été expérimentées par des artistes comme Duchamp, Magritte ou Warhol.
En juin 2011, le duo d'artistes Praxis parrainé par l'artiste comédien James Franco a lancé le "Non-Visible Museum" ou MONA, "une excentricité de l’imagination, un musée qui nous rappelle que nous vivons dans deux mondes : le monde physique de la vue et le monde non-visible de la pensée. Entièrement constituées d’idées et de pied de nez au marché de l’art, les œuvres seront simplement décrites aux visiteurs…"
Plus généralement, les promoteurs de l'art invisible postulent que l'art ne se limiterait pas à des réalisations physiques à voir ou à posséder.
Des oeuvres inaccessibles, cachées, invisibles ou à faire disparaître pour n'en garder que le souvenir, seraient tout autant capables de procurer des émotions artistiques.
Evoquer une oeuvre disparue ou invisible à l'oeil nu, permettrait de la faire revivre à posteriori.
Ces orientations artistiques très conceptuelles trouvent leur fondement dans le rejet de la tournure mercantile et spéculative prise par l'art contemporain.
Revers de la médaille, promouvoir l'émotion artistique suscitée par une oeuvre qui ne se voit pas ou ne se touche pas, et tout axer sur le récit ou le "story telling", pourraient disqualifier cette approche.
Le spectateur incrédule, empêché de faire son propre jugement en exerçant tous ses sens, en serait réduit à croire "l'artiste" sur parole...
Article proposé par :