Histoire de l'art : intérieurs avec fenêtres

Histoire de l'art : intérieurs avec fenêtres

Olimpia Gaia Martinelli | 3 oct. 2023 8 minutes de lecture 0 commentaires
 

Ce qui précède est suivi d'une étude historique de l'art sur la fenêtre, visant à souligner comment, dans certains chefs-d'œuvre de l'histoire de l'art, sa représentation n'a pas seulement été liée à des personnages ayant une attitude proche de celle de Madame Bovary...

CHAMBRE DE JAMES SLADE (2012)Peinture de Josep Maria Fontanet Sureda.

Des fenêtres pour regarder à l'intérieur de nous

"Madame Bovary avait ouvert sa fenêtre donnant sur le jardin et regardait les nuages"...

C'est l'une des nombreuses références à cette ouverture particulière, généralement carrée ou rectangulaire, pratiquée dans un mur de maçonnerie vertical, horizontal ou oblique, destinée à permettre l'entrée de la lumière, le renouvellement de l'air, ainsi que l'observation du monde extérieur : la fenêtre, un élément architectural qui, dans le chef-d'œuvre susmentionné de Gustave Flaubert, intitulé Madame Bovary, apparaît souvent à côté du nom d'Emma, la protagoniste du roman. Dans ce contexte particulier, comme beaucoup d'entre vous le savent déjà, la fenêtre, à travers laquelle le personnage féminin susmentionné contemple souvent ce qui se trouve à l'extérieur de sa maison, devient un moyen par lequel Emma parvient à s'échapper de son existence ennuyeuse et malheureuse, en essayant d'expérimenter, même si ce n'est que de manière imaginaire, de nouvelles solutions romantiques à son état d'insatisfaction perpétuelle. Il est évident que la fenêtre est capable d'unir les mondes intérieur et extérieur, car de l'intérieur, symbolisant le poids de notre existence, nous pouvons admirer ce qui apparaît à l'extérieur, représentant les nombreuses possibilités de changer notre destin, si seulement nous avions le courage de franchir le seuil, afin d'expérimenter ce qui nous tient le plus à cœur. Le piège de l'insatisfaction vitale, qui ne peut être résolu que par la volonté d'être l'auteur de son propre destin, se cristallise dans l'acte statique de compter à la fenêtre, un mode qui nous permet de voir, de désirer et de rêver, tout en restant ancré dans toutes ces peurs qui nous rendent effectivement immobiles, peut-être dans l'attente d'une intervention divine plus courageuse.

FEMME ET FENÊTRE (2023)Peinture de Randall Steinke.

LA SALLE DE LECTURE 5 (2022)Peinture de Federico Cortese.

Des fenêtres pour étudier l'histoire de l'art

Ce qui précède est suivi d'une étude historico-artistique de la fenêtre, visant à mettre en évidence comment, dans certains chefs-d'œuvre de l'histoire de l'art, sa représentation a été liée non seulement à des figures ayant des attitudes proches de celles de Madame Bovary, mais aussi à des personnages qui, bien que placés à proximité d'elle, se sont progressivement désintéressés d'elle, allant parfois jusqu'à oublier sa présence, afin de créer des scènes chargées de pathos, prêtes à témoigner que l'action peut aussi se dérouler à l'intérieur des murs d'une maison. Pour démontrer ce qui vient d'être dit, à savoir le désintérêt progressif pour la fenêtre, je commence par une œuvre capable de donner une forme picturale au récit d'attente de Flaubert, à savoir la Femme à la fenêtre de Caspar David Friedrich, une huile sur toile de 1822, dans laquelle l'artiste romantique a représenté sa femme Caroline, vue de dos, scrutant l'horizon à travers une ouverture, assumant ainsi la position de la figure humaine la plus populaire dans la recherche artistique du maître en question, qui l'a également proposée dans le plus connu et plus ancien Voyageur sur la mer de brouillard (1818). L'artifice pictural en question est conçu pour inviter le spectateur à regarder au-delà de l'intérieur, tout comme le fait la femme, surprise en train d'observer la vue depuis l'atelier du peintre qui donne sur l'Elbe à Dresde. Par ailleurs, en ce qui concerne les personnages qui, à proximité de la fenêtre, maintiennent un lien avec elle, même s'ils se consacrent à d'autres activités, il convient de mentionner Femme lisant une lettre devant la fenêtre (vers 1657) de Jan Vermeer, une huile sur toile située dans une pièce éclairée par la présence d'une ouverture, qui se dessine sur la gauche du support, où, devant, se trouve une femme surprise en train de lire une lettre, tandis que son image, reflétée dans la vitre, révèle les traits de son visage, clairement concentrés sur le papier. Probablement, le fait que la figure féminine se trouve près d'une fenêtre nous fait penser que l'objet de son intérêt est nécessairement lié au monde extérieur, puisque l'auteur de la lettre, peut-être un jeune homme, a obligatoirement utilisé une plume pour entrer en contact avec elle, la rejoignant dans sa maison et donc dans son intimité, dans son monde intérieur, où, obligatoirement, la sphère sentimentale trouve également sa place. En quittant le roman dans le roman, puisque le texte en question prend des formes plutôt "poétiques", clairement inspirées par le génie mentionné dans l'introduction, nous arrivons à la dernière catégorie d'œuvres à la fenêtre, à savoir celles dans lesquelles les sujets oublient l'existence de l'ouverture, tant ils sont absorbés par leurs actions, comme cela se produit, par exemple, dans l'Annonciation de Lorenzo di Credi, où deux fenêtres d'une loggia, ainsi qu'une "porte-fenêtre", sont témoins de l'événement sacré : l'annonce de la conception virginale et de la naissance de Jésus, faite à sa mère Marie par l'archange Gabriel. Cette scène, qui se déroule dans une salle à l'architecture classique, montre l'ange pénétrant soudainement à l'intérieur, où Marie lisait sur un haut lutrin. Les sujets en question se détachent clairement des membranes architecturales sombres, trouvant une affinité avec les couleurs présentées, bien que plus subtilement, par le paysage au loin. Ce dernier n'est plus contemplé par les sujets en question, décidément occupés par quelque chose de beaucoup plus important, qui semble laisser la fenêtre elle-même pour regarder à l'intérieur, comme si les rôles établis ci-dessus avaient été inversés, au moins pour une fois. Enfin, l'histoire des fenêtres dans l'art se poursuit dans le contemporain, à travers le travail des artistes d'Artmajeur Eric Lespinasse, Michał Ostrogórski et Shaheera Sandhu.

INTÉRIEUR EXTÉRIEUR (2018)Peinture de Fatima Marques.

#2 - À LA FENÊTRE (2023)Arts numériques d'Eric Lespinasse.

Eric Lespinasse : #2 à la fenêtre

D'une fenêtre ronde, qui semble presque rappeler la forme du hublot d'un sous-marin, on aperçoit en effet l'une des visions terrestres les plus célèbres du monde : l'image de la Tour Eiffel, qui passe à travers les toits de maisons construites dans le style haussmannien le plus typique, observées par une dame très élégante, prête à inviter le spectateur à faire de même. La main de l'effigie, probablement près de la poignée de la fenêtre, semble concrétiser le désir de rapprocher la réalité de l'intérieur de celle de l'extérieur, pour l'instant seulement contemplée en imagination. L'œuvre peut également être interprétée de manière très personnelle, si nous osons essayer de mettre nos pensées dans la tête du personnage en attente susmentionné, qui deviendrait notre alter ego français. Dans l'histoire de l'art, en revanche, il convient de souligner qu'une question d'actualité similaire a été abordée par Marc Chagall dans Paris à travers la fenêtre (1913), un chef-d'œuvre "à la fenêtre", dans lequel prend forme un instantané de la vie quotidienne dans la Ville Lumière, réalisé par la superposition de plans semi-transparents, qui s'apparentent au langage du mouvement cubiste. Là encore, on ne peut manquer la vision de la tour susmentionnée, dont la figure est juxtaposée à celle d'un parachutiste téméraire, une présence qui peut être interprétée comme une rencontre entre le traditionnel et l'innovant, mais aussi comme le souvenir d'un événement précis : le premier saut de la tour Eiffel, effectué en 1911 par un inventeur et aventurier russe.

ZADUMA (2023)Peinture de Michał Ostrogórski.

Michał Ostrogórski : Zaduma

Parfois, on est tellement paresseux qu'on se place stratégiquement sur le rebord de la fenêtre pour prendre un bain de soleil, ce que les plus courageux d'entre nous font même légèrement dévêtus, offrant aux passants des moments plutôt authentiques. C'est ce que semble faire la protagoniste de Zaduma, bien que nous ne sachions pas ce qui se passe de l'autre côté de la fenêtre, et donc si et qui peut contempler sa silhouette détendue et assoiffée de vitamine D. Dans l'histoire de l'art, un exemple similaire est offert par la célèbre recherche artistique d'Edward Hopper, qui prend forme dans son tableau intitulé Morning sun, où une jeune fille assise sur un lit laisse entrer la lumière par sa fenêtre, alors que, contrairement à la protagoniste de l'œuvre de Michał Ostrogórski, elle a les yeux ouverts, occupée à scruter l'horizon. Ce dernier prend la forme d'un seul bâtiment, qui semble partager sa solitude avec la femme, dans une atmosphère silencieuse où le temps semble s'être arrêté, faisant écho à la vacuité de nos existences. En effet, Hopper a été défini comme le peintre de la solitude américaine, dont les tableaux, habités par quelques personnages placés de préférence dans un intérieur, conduisent l'observateur à éprouver des sentiments d'éloignement, d'aliénation et d'incompréhension vis-à-vis de soi-même, mais aussi des autres. À tout cela s'ajoute la perception d'un quotidien plutôt banal, ennuyeux, muet et statique, c'est-à-dire encore sans vie, à tel point qu'il semble assez irréel.

LUNE À LA FENÊTRE (2023)Peinture de Shaheera Sandhu.

Shaheera Sandhu : La Lune à la fenêtre

Une fenêtre sensuelle est dépouillée de son rideau, comme une femme qui se défait de ses vêtements, pour révéler, dans ce cas, les traits d'une pleine lune qui, par sa seule lumière, réussit à éclairer tout le support pictural, nous laissant entrevoir comment le vigoureux feuillage des arbres, probablement situés dans un parc qui nous est inconnu, trouve lui aussi sa place dans l'espace extérieur. La fenêtre dénudée par le vent devient le principal protagoniste pictural en question, un sujet que Magritte est déjà connu pour avoir expérimenté dans l'histoire de l'art, comme on peut le voir dans ses chefs-d'œuvre La condition humaine (1933) et La clé des champs (1936). Si, dans le premier cas, la solitude de la fenêtre est l'œuvre d'une illusion d'optique visant à dissimuler la présence d'un chevalet, dans le second tableau, l'ouverture est effectivement sans compagnie, à tel point que sa rupture est due au fait qu'elle a probablement cherché la présence de la nature toute proche. En ce qui concerne brièvement La clé des champs (1936), l'œuvre, qui représente une fenêtre encadrée par deux rideaux rouges, est caractérisée par l'élément surréaliste susmentionné du verre brisé, dont les fragments, éparpillés sur le sol à l'intérieur de la pièce, reproduisent chacun une partie du paysage, générant un fort doute quant à la relation entre objet reproduit et reproduction.


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