Djebel

Poulet de Gruissan

D’une rigueur absolue, l’œuvre peint de Djebel, doit être aussi bien saisi dans sa force d’engendrement que dans son aptitude à la renaissance.
D’un fil de chanvre, l’artiste entrelace la trame reliant les cimes de l’inapplicable.

Ses entreprises plastiques, autant que picturales, se dérobent à l’éphémère par une évidente réussite, se révélant avec force-densité. Elles sont des urgences, des merveilles susceptibles de déclencher des rebonds : tangages définitifs, vertiges à jamais.

L’œuvre et la texture sont le heurt de deux immédiats, pour une lueur d’éternité.
La force de la jonction plus le flou de l’alliance forment un tout sommairement tendu tel un mystère.

La disposition des fêlures privilégie les décalages et les glissements.

L’alternance du quotidien et du prodige confirme, avec la somptuosité de l’ordinaire, de pertinentes volutes : cruelles géométries s’érigeant dans la force de son évidence, et que traverse un fragile sanglot. Poussière d’agonie. Un décor pour quel théâtre ? Monsieur Djebel …?

La toile rude n’est que traces, balafres, écriture en transe, torsion des lignes, tension des points qui illuminent.

Quadrillant l’espace, le plasticien offre la portée de sa musique. Le geste nerveux transmet une émotion discrète.
Tout se déplace sur la rudesse du jute, au gré de l’exaltation ; souvent dans la vigueur d’une touche qui brosse le sujet sans détail, juste dans l’allusion… Et tout est dit. Un art sous-tendu d’une âme.

Les yeux rivés aux cimaises, le spectateur participe à la friction de l’obscur, pris par la soif du mystère, éclipsé par la cruauté de la plus pure luminescence.

Architecte de l’union libre, Djebel n’écoute que par son besoin ; agit, crée. La récupération est un art d’où se dégage une délicatesse dans le maintien du peu. Une maladresse subtile devient vite tache de véracité.

Le dessin est à l’avenant, rondeurs, ellipses, dévoilant un lé de la probable intériorité.
La joliesse s’estompant, reste la gravité du beau.