Djebel

Peintre caméléon

Caché derrière un pseudonyme, Djebel, peintre toulousain, se plait à bousculer les styles, et mêle avec malice la corrida à ses références littéraires et artistiques.

Djebel nargue la cour des grands peintres en les imitant, les détournant, ou leur rend hommage. Se moquant des genres, il oscille entre sculpture, peinture, dessin, poésie et satire. Son thème de prédilection : la tauromachie. “J’aime la recherche, les vrais uniques. Une thématique me tient un temps puis je passe à autre chose. Seule la tauromachie est récurrente dans mes œuvres”, explique le peintre toulousain.
Les taureaux de Djebel sont majestueux ou comiques, magnifiés ou sanglants ? L’artiste cultive l’ambiguïté. Pro ou anti-corrida ? Il est difficile d’être catégorique au regard de ses toiles. Un autoportrait en fer forgé pourrait donner un indice : l’artiste se représente comme un taureau aux petites cornes et à la mine allongée, le regard fixé sur celui qui le contemple, ses grandes oreilles ouvertes sur les bruits du monde. L’univers de la corrida “interpelle” Djebel, mais l’homme déteste les étiquettes.
Dans son œuvre, les matériaux les plus divers sont utilisés. Neufs taureaux sont peints à l’acrylique sur du carton. Une arène est représentée sur la toile ; la barrière protégeant le torero est reconstituée avec des bouts de bois. Les portraits de taureaux plus récents sont découpés en une gamme de couleurs réduite et drapés de tissu monochrome, avec un traitement à la limite de l’abstraction. Djebel, fidèle à lui-même, continue de se jouer des styles et des convenances.

Christy Granja.
Arts et Décoration. Octobre 2004