Ajouté le 2 nov. 2005
Le monde de Ma-Thé est un étrange univers peuplé de femmes aux visages émaciés. Leurs yeux, démesurément agrandis dérangent parfois, interrogent souvent, résonnent toujours dans les profondeurs des pastels utilisés.
Les quelques tableaux présentés ici offrent une varation sur le regard. La dilatation des pupilles, l'allongement des cils, l'effilage des yeux en amandes sont autant de tentatives pour capter quelque impression insondable de l'âme.
Que scrutent t'ils ces portraits à demi effacés ? A quelles introspections se livrent-t'ils ? Par le jeu insidieux des dédoublements et de la récurrence, Ma-Thé brouille les lectures, et soudain c'est le tableau qui inspecte le spectateur. Mise en abyme du regardant-regardé, double jeu de l'observation et de la reflexion, c'est une invitation à passer de l'autre coté du miroir qui est lancée par ces femmes hiératiques.
Le traitement trés personnel des pastels, ces craies dont elle aime l'odeur,et qui sont longuement travaillées par l'artiste, la prédilection pour les camaieux de bleu et de gris, conférent à ce cortège de femmes mélancolie et douceur. Elle, La Dame du Lac, Ailleurs, Ombre et Lumière, etc... se répondent dans ce nuancier crépusculaire. Sur d'autres figures, au contraire souffle l'esprit de la colère. de facture expressionniste, les carmins et les bruns soulignent l'arc des sourcils, renforcent l'épaisseur des lèvres, emèchent la chevelure dans des instantanés sauvages, ainsi : Eux, Shambleau, La Noire, La Sauvage, etc...
Derrière ces visages oblongs se cache (à peine) Ma-Thé. Chacun de ses tableaux est en effet un auto-portrait, témoin discret d'un épisode de sa vie, une rencontre, une amitié, un deuil.
Elle ne sait ni copier ni reproduire l'instinct seul est son inspiration.