Portrait Ernest Pignon d'Ernest Pignon Ernest, via Wikipédia
Ernest Pignon-Ernest, né le 23 février 1942 à Nice, est un artiste plasticien français de renom, souvent considéré comme l'un des pionniers de l'art urbain en France. Depuis 1966, il transforme les rues en toiles vivantes, créant des œuvres éphémères qui célèbre la mémoire des lieux, des événements historiques et des mythes culturels. Connu pour ses dessins emblématiques de personnages tels que Rimbaud et Pasolini, Pignon-Ernest a captivé l'imagination collective avec des œuvres qui sont devenues des icônes mondiales. Ses contributions à l'art visuel lui ont valu distinctions prestigieuses, dont le titre de Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres en 1996 et d’Officier de l’Ordre du Mérite Culturel de Monaco en 2005.
Biographie de l'artiste : Ernest Pignon-Ernest
Dès son plus jeune âge, la passion de Pignon-Ernest pour le dessin l'oriente vers une voie différente de celle du sport familial. La découverte de Picasso dans un magazine Paris Match à l'âge de douze ans va profondément façonner sa future trajectoire artistique. Cette rencontre va déclencher une une fascination pour l’art, qui l’a conduit à se plonger dans l’étude de grands maîtres comme El Greco, Masaccio et Fra Angelico, et à poursuivre une carrière qui combinerait techniques traditionnelles et commentaires sociaux contemporains.
Dans les années 1960, alors que la France est aux prises avec des bouleversements sociaux et des changements politiques, Pignon-Ernest commence à canaliser ses talents artistiques vers une forme d'expression unique qui fera de lui un pionnier de ce qui sera plus tard reconnu comme l'art de rue. Rejetant les limites conventionnelles de Après avoir fréquenté des galeries et des musées, il a envahi les rues, utilisant les murs des villes, des bâtiments abandonnés et des espaces publics comme toiles. Ses premières œuvres n'étaient pas seulement des actes d'expression artistique, mais aussi des déclarations de protestation sociale et politique, abordant des questions telles que la mémoire, la marginalité , et la condition humaine. Son art est devenu une voix pour les sans-voix, apparaissant souvent dans des quartiers défavorisés et des espaces en marge de la société, où ses images évocatrices résonnaient avec les luttes et les espoirs des communautés locales. L'art de Pignon-Ernest se caractérise par son utilisation de collages à grande échelle, en noir et blanc, soigneusement intégrés à leur environnement, créant un dialogue puissant entre l'œuvre d'art et son environnement. Ces œuvres sont souvent éphémères, destinées à durer aussi longtemps que les éléments le permettent, mais leur impact est profond et durable. Parmi ses créations les plus emblématiques figurent les portraits de personnalités littéraires et politiques telles que Rimbaud, Pasolini, Artaud et Mandela, qui Il a placé des portraits dans des villes du monde entier. Ces portraits, souvent accompagnés de textes poétiques, servent de monuments à la résistance, à la créativité et à l'espoir, incarnant les idéaux et les luttes des individus qu'ils représentent.
Tout au long de sa carrière, Pignon-Ernest a toujours eu à cœur la dimension sociale de son travail, utilisant l’art comme un outil de réflexion et de sensibilisation. Ses interventions dans l’espace public ne relèvent pas uniquement de l’esthétique, elles s’inscrivent dans une démarche sociale et politique. Les réalités de notre temps, qui suscitent la réflexion et inspirent l'action, sont au cœur de son engagement. Cet engagement lui a valu à la fois un accueil critique et une reconnaissance institutionnelle, ses œuvres étant exposées dans des musées et des galeries du monde entier. Malgré la résistance initiale des institutions officielles, son influence sur le monde de l'art a contribué de manière significative à l'évolution de l'art urbain en tant que forme d'expression légitime et puissante. Au fil des ans, Pignon-Ernest a reçu de nombreuses distinctions pour ses contributions à l'art et à la société, notamment le prestigieux titre de Commandeur des Arts et Lettres en 1996 et le Prix de la Fondation Simone et Cino del Duca en 2009. En 2021, il est élu à l’Académie des Beaux-Arts, témoignage de son influence durable et de l’impact profond de son œuvre. Aujourd'hui, il continue de vivre et de travailler à Paris et à Ivry-sur-Seine, où il reste un artiste actif et engagé, repoussant constamment les limites de sa pratique tout en restant fidèle à ses racines de créateur socialement engagé. Son héritage est l'un des l’innovation artistique, l’engagement social et une profonde compréhension du pouvoir de l’art pour transformer la société et remettre en question les perceptions.
Technique artistique
Ernest Pignon-Ernest, réputé pour sa préférence pour la richesse et la profondeur du dessin, intègre des références, des citations et des dialogues historiques dans ses images, créant un langage visuel multiforme qui résonne profondément auprès du spectateur. Il valorise la fragilité du papier en tant que support, symbolisant l'impermanence et la vulnérabilité de la vie, ce qui souligne la nature éphémère de son art et imprègne chaque pièce d'un commentaire poignant sur l'existence. Son art est profondément lié aux lieux où il est exposé, capturant des aspects visibles et cachés tels que l'histoire et les souvenirs enfouis. Pour Pignon- Ernest, l'environnement est une composante intégrale de l'œuvre d'art ; il étudie des éléments comme la lumière, la couleur et le contexte historique pour s'assurer que ses créations s'harmonisent avec leur environnement. Cette approche spécifique au site permet à ses œuvres d'entrer en résonance avec l'esprit du lieu, engageant dans un dialogue significatif avec son passé et son présent. Il croit qu'il faut faire de la situation elle-même une œuvre d'art, reflétant son engagement envers les dimensions sociales et politiques des espaces qu'il choisit. Ses représentations humaines, réalisées au fusain, à la pierre noire et à diverses gommes pour modeler les ombres, sont souvent reproduites sous forme de sérigraphies sur du papier fragile, notamment des surplus de papier journal du Monde. Ces œuvres éphémères, soumises aux ravages du temps, incarnent le caractère transitoire de la vie, une concept qu'il a adopté après avoir réalisé l'essence fugace de ses images, comme sa représentation de Rimbaud. Pignon-Ernest installe ses œuvres sans autorisation, souvent la nuit, à l'aide d'une échelle, de colle et d'un pinceau, ajoutant un élément de risque et de défi à sa pratique et souligne son engagement en faveur de l'accessibilité. Il documente méticuleusement son processus créatif à travers des croquis, des travaux préparatoires et des photographies de ses installations, présentant ces matériaux dans des expositions pour raconter l'ensemble du parcours de sa méthode artistique, permettant aux spectateurs de s'engager dans toute l'étendue de son processus créatif et d’approfondir leur appréciation de son art.
Afrique du Sud, Soweto (2002) d'Ernest Pignon-Ernest
Ernest Pignon-Ernest, Afrique du Sud, Soweto, 2002. Dessin, 64cm x 49cm.
Afrique du Sud, Soweto est un dessin à l'encre poignant et évocateur créé par Ernest Pignon-Ernest en 2002. Cette pièce est un élément clé de la pratique immersive de l'artiste, dans laquelle il intègre ses œuvres dans le tissu des espaces publics. Le dessin a servi de Les bases d'une série de sérigraphies collées dans les rues de Soweto, un township d'Afrique du Sud connu pour son importance historique et sociopolitique. L'approche de Pignon-Ernest pour ce projet consistait non seulement à créer le dessin initial, mais aussi à s'engager directement avec l'environnement, inscrivant ainsi son art dans le contexte du paysage urbain de Soweto. Le dessin est présenté dans le cadre d'un diptyque, qui comprend à la fois l'œuvre à l'encre originale et une photographie prise par Pignon-Ernest. La photographie, tirée en six exemplaires et montée sur aluminium, est encadrée et offre un récit visuel complémentaire au dessin. Cette photographie capture le caractère éphémère des sérigraphies une fois installées in situ, mettant en valeur l'interaction entre l'œuvre et son environnement. Le diptyque est une représentation dynamique du processus artistique de Pignon-Ernest, qui fusionne son travail dessiné avec la photographie documentaire pour créer une réflexion complète sur les thèmes et les lieux qu'il explore. Bien que le diptyque puisse être séparé en raison d'un défaut mineur dans le collage de l'écran Bien que l'ensemble soit composé de dessins et de photographies, cela n'enlève rien à son impact global. L'ensemble, qui combine le dessin et la photographie, est vendu au prix d'une œuvre complète, offrant un aperçu multiforme de l'engagement de Pignon-Ernest avec Soweto et de son exploration de l'intersection entre l'art, le lieu , et la mémoire.
Artaud : Étude, Volet 1 du Diptyque (1997) d'Ernest Pignon-Ernest
Ernest Pignon-Ernest, Artaud : Étude, Volet 1 du Diptyque, 1997. Peinture, 47cm x 63cm.
Artaud : Étude, Volet 1 du Diptyque est un dessin profond et envoûtant d'Ernest Pignon-Ernest, réalisé en 1997. Cette étude originale est un précurseur essentiel de la sérigraphie qui fut plus tard exposée sur les murs de l'hôpital Charles Foix à Ivry-sur-Seine. sur-Seine, un lieu important dans la vie d'Antonin Artaud. Le tableau capture une représentation profondément introspective et brute d'Artaud, reflétant le profond bouleversement psychologique et émotionnel qu'il a enduré pendant son internement. L'attention méticuleuse de Pignon-Ernest aux détails et l'utilisation émotive de Le fusain crée une représentation visuelle saisissante qui résonne avec l'intensité des expériences d'Artaud. En tant que première partie d'un diptyque, cette étude joue un rôle essentiel dans le récit global de l'œuvre. Elle ne peut être pleinement appréciée ou comprise sans son pendant, l'étude qui l'accompagne. photographie, qui complète et renforce la profondeur thématique de la pièce. Le diptyque propose une exploration complète de l'enfermement et de l'état mental d'Artaud, offrant un commentaire poignant sur l'intersection de l'art, de l'histoire et de la souffrance personnelle. L'importance du dessin est encore amplifiée par son lien avec l'espace physique de l'hôpital Charles Foix, où Artaud a été hospitalisé. Ces luttes étaient emblématiques des problèmes plus vastes entourant la santé mentale et les soins institutionnels.
Historique de l'installation et de l'exposition
Installations : Sa pratique d'installation débute au début des années 1970, en se concentrant d'abord sur le collage de motifs en papier appliqués sur des surfaces murales. Au début des années 1980, il élargit son expérimentation à la sculpture temporaire. En 1966, il entreprend sa première installation sur le plateau de Albion, abordant le thème de l'énergie nucléaire. Suivront en 1971 une série d'œuvres marquantes, dont Les Gisants, réflexion sur la Commune de Paris, Les Accidents du travail exposés au Salon de la jeune peinture, et Les Hommes bloqués à Paris. En 1974, son installation Jumelage Nice-Le Cap aborde la question de l'apartheid, tandis que L'Homme et la Ville est présenté au Havre. Pignon-Ernest continue à aborder des thèmes sociaux et politiques, avec des œuvres telles que Sur l'avortement dans différentes villes françaises et Les Immigrés à Avignon en 1978. Son projet notable Rimbaud à Paris-Charleville, faisant référence à une photographie de Carjat, et Les Expulsés à En 1979, il fonde à Grenoble un collectif de sculpteurs qui s'engagent à s'attaquer aux problèmes sociaux par le biais de l'art. En 1982, il crée une fresque intitulée À même le mur pour le musée Ziem de Martigues. En 1983, Les Arbrorigènes présente des sculptures réalisées à partir de cellules végétales vivantes enfermées dans du polyuréthane. exposée au Jardin des Plantes. En 1988, son installation à Belfort met en scène 46 personnalités européennes marquantes et un symbole d'héritage culturel commun. Parmi les œuvres ultérieures de Pignon-Ernest, citons Pasolini assassiné – Si je reviens en 2015, une réflexion sur l'héritage de Pasolini, et Quatre portraits au Panthéon la même année, commémorant des figures de la Résistance. D’autres installations importantes incluent des projets à Soweto (2002), Alger (2003), Ramallah (2009) et Haïti (2019).
Expositions : La carrière professionnelle d'Ernest Pignon-Ernest débute avec sa première grande exposition au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris en 1979, organisée par Suzanne Pagé. Cette exposition met en valeur la relation complexe de son œuvre avec l'espace urbain et l'histoire, accompagnée de la publication de « La Peau des murs » de Marie-Odile Briot et Catherine Humblot. En 1982, il expose de grands dessins à Anvers et à Hyères, célébrant respectivement les œuvres de Prométhée et de Jean-Luc Godard. Les années 1990 sont marquées par des expositions importantes, notamment à la Chapelle du Méjean en 1993, où il associe les thèmes de la crucifixion et du mithraïsme. Son œuvre a fait l'objet d'une grande rétrospective au Musée d'Art Moderne et d'Art Contemporain de Nice en 1996. En 2004, il a été présenté au FIAC par la Galerie Lelong, avec laquelle il entretient une relation de longue date. Le « Parcours Jean Genet » 2006 à Brest et les « Icônes païennes » 2008 à L'Isle-sur-la-Sorgue ont été des expositions marquantes. Une rétrospective complète de son travail a eu lieu à La Rochelle en 2010, suivie d'un dialogue avec la collection Wicar au Palais des Beaux-Arts de Lille en 2013. Les expositions ultérieures incluent une exposition en 2014 à la Galerie Lelong axée sur les thèmes de la prison et une grande rétrospective au Palais des Papes d'Avignon en 2017. Ses expositions récentes incluent « Haïti, le cheminement secret du sang » en 2021 à la Galerie Lelong et une grande exposition en 2022 au Fonds Hélène et Édouard Leclerc pour la culture à Landerneau. En 2023, il est présenté dans "l'écho du monde" au Centre d'art moderne et contemporain du Doyenné à Brioude. Son vaste historique d’expositions met en évidence son engagement dynamique envers les thèmes sociaux, politiques et historiques à travers une variété de supports et de contextes.
La carrière d'Ernest Pignon-Ernest témoigne du pouvoir transformateur de l'art et de sa capacité à relier les domaines de l'histoire, de la mémoire et du commentaire social. De son travail pionnier dans le street art à ses installations et expositions profondément évocatrices, Pignon-Ernest n'a cessé de Il a repoussé les limites des formes d'art conventionnelles, en intégrant ses créations dans le tissu même de leur environnement. Son profond engagement à aborder les questions sociales et politiques à travers son art, associé à ses techniques innovantes et à ses approches spécifiques au site, l'a établi comme une figure de proue dans l'art urbain et la narration visuelle. L'impact de son travail reflète son dévouement durable à capturer la condition humaine et les luttes sociétales. L'héritage de Pignon-Ernest n'est pas seulement marqué par ses nombreuses distinctions et sa reconnaissance mondiale, mais aussi par sa capacité à engager le public dans une dialogue sur les questions urgentes de notre temps à travers son art évocateur et éphémère.