Francis Alÿs, un artiste belge basé à Mexico, est devenu une figure centrale dans les domaines interdisciplinaires de l'art, de l'architecture et de la pratique sociale. Depuis qu'il a quitté sa profession d'architecte en 1986 pour s'installer au Mexique, Alÿs a cultivé un corpus d'œuvres diversifié et stimulant qui navigue entre tensions urbaines et géopolitique. Son art, qui couvre divers médias, dont la peinture et la performance, explore souvent l'équilibre délicat entre politique et poétique, ainsi que la dichotomie entre action individuelle et impuissance. La pratique d'Alÿs est marquée par ses paseos distinctifs - des promenades qui remettent en question l'utilisation conventionnelle de l'espace public - et son engagement dans la répétition cyclique, où il juxtapose le temps géologique et technologique pour se plonger dans la mémoire individuelle et collective. Par le biais de la rumeur et de la narration, Alÿs crée des œuvres éphémères qui résonnent par le bouche-à-oreille, reflétant son profond engagement à explorer les intersections de l'art, de la société et de la mythologie.
Biographie de l'artiste : Francis Alÿs
Francis Alÿs, un artiste belge basé à Mexico, a construit une carrière unique et multiforme qui s’étend à travers différents médias, dont la vidéo, l’installation, la peinture et le dessin. Son travail est profondément ancré dans l’exploration des questions sociales, culturelles et géopolitiques, souvent à travers le prisme de la vie quotidienne. Dans ses premières années, Alÿs lui-même était le principal interprète de ses actions, mais au cours de la dernière décennie, les enfants sont devenus le centre de ses projets, reflétant un changement d’orientation vers les expériences communautaires et collectives. Sa pratique est marquée par une observation intense et un engagement avec des lieux spécifiques, souvent manifestés par des promenades qui servent de voyages à la fois littéraux et métaphoriques. Ces actions, telles que The Collector (1991) et The Leak (1995), brouillent les frontières entre l’art et la vie, utilisant des gestes simples mais puissants pour critiquer le tissu sociopolitique des environnements qu’il traverse.
L'œuvre d'Alÿs intègre fréquemment le concept de répétition cyclique et explore l'intersection entre la mémoire individuelle et collective. Ses performances, comme When Faith Moves Mountains (2002) et The Rehearsal (1999), impliquent souvent des actes de travail physique ou d'endurance, soulignant la tension entre effort et futilité. Dans Tornado (2000-2010), Alÿs poursuit des tourbillons de poussière au Mexique, une poursuite apparemment absurde qui souligne la fascination de l'artiste pour les forces de la nature et la compulsion humaine à les affronter. L'engagement d'Alÿs envers les frontières géopolitiques est évident dans des œuvres telles que The Green Line (2004), où il trace la frontière du cessez-le-feu de 1948 à Jérusalem avec une ligne de peinture verte, soulignant la nature arbitraire des divisions territoriales.
Au-delà de la performance, Alÿs est également un peintre accompli, s’inspirant de l’art italien pré-Renaissance et de la peinture d’enseignes mexicaine. Ses peintures, telles que celles de la série Le temps du sommeil , sont oniriques et allégoriques, reflétant souvent les thèmes et les formes présentes dans ses actions. Alÿs considère la peinture comme un complément nécessaire à son travail de performance, lui permettant d’explorer des idées qui ne peuvent pas être facilement transmises par d’autres médias. Ses peintures ne sont pas de simples illustrations de ses performances, mais plutôt des réflexions méditatives qui approfondissent la résonance narrative et émotionnelle de sa pratique globale.
Les contributions d'Alÿs à l'art contemporain ont été largement reconnues et lui ont valu de nombreuses récompenses, dont le prix Vincent (2008), le prix BACA (2010) et le prix Rolf Schock en arts visuels (2020). Son travail a été salué pour sa capacité à fusionner la poétique et la politique, créant un art aussi engageant intellectuellement que visuellement et émotionnellement convaincant.
Projets
L'un de ses projets les plus durables, le Projet Fabiola , a débuté en 1994 lorsque Alÿs a commencé à collectionner des reproductions amateurs du tableau de Sainte Fabiola de Jean-Jacques Henner du XIXe siècle. Provenant de marchés aux puces et de boutiques d'antiquités du monde entier, notamment du Mexique, du Chili, du Brésil et de Russie, ces portraits sont restés intacts, préservant l'anonymat et les idiosyncrasies de leurs créateurs. La fascination d'Alÿs pour ces répliques produites à grande échelle réside dans leur remise en question de la notion de ce qui constitue une icône, en se demandant si une icône est définie par l'histoire de l'art officielle ou par la reproduction collective et obsessionnelle d'une image particulière par d'innombrables artistes amateurs. La collection, qui a commencé avec 24 pièces, a été exposée pour la première fois à Mexico en 1994 et s'est depuis agrandie pour atteindre 514 portraits, exposés dans des lieux renommés comme la Dia Art Foundation, le Los Angeles County Museum of Art et la Byzantine Fresco Chapel à Houston. Ces dernières années, Alÿs a travaillé dans des zones de conflit comme l’Afghanistan et l’Irak, où il a produit une série de projets profondément réfléchis. Son film Reel-Unreel (2011), créé pendant son séjour en Afghanistan, critique métaphoriquement la représentation occidentale du peuple afghan et de son mode de vie, tandis que son travail en Irak de 2015 à 2020 comprend le long métrage Sandlines, the Story of History (2020), dans lequel des enfants rejouent un siècle d’histoire irakienne. Ces projets, ainsi que sa série Children’s Games en cours, qui documente les jeux d’enfants dans divers lieux du monde, illustrent l’engagement d’Alÿs à explorer les intersections de la culture, de l’histoire et de l’expérience humaine à travers un prisme à la fois intime et expansif.
Historique de l'exposition
Parmi ses principales collections, citons A Story of Deception (2010-2011), qui a été exposée à la Tate Modern de Londres, au Wiels Centre d'Art Contemporain de Bruxelles et au Museum of Modern Art de New York, ainsi qu'au MoMA PS1 de Long Island City. Une autre collection importante, A Story of Negotiation (2015-2017), a voyagé du Museo Tamayo Arte Contemporáneo de Mexico au Museo de Arte Latinoamericano de Buenos Aires (MALBA) - Fundación Costantini, au Museo Nacional de Bellas Artes de la Habana de La Havane et à la Art Gallery of Ontario de Toronto. Au cours de la dernière décennie, Alÿs a également organisé des expositions personnelles dans des institutions de premier plan telles que le WIELS, Centre d'art contemporain de Bruxelles (2023-24), le Museo Universitario Arte Contemporáneo (MUAC) de Mexico (2023), le Kuandu Museum of Fine Arts de Taipei (2022), le Copenhagen Contemporary (2022), le Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne (2021) et le Museo Nacional de Colombia de Bogotá (2020). Son travail a été présenté au Rockbund Art Museum (RAM) de Shanghai (2018), à l'Art Sonje Center de Séoul (2018) et au Museum of Contemporary Art de Tokyo, qui a voyagé jusqu'au Hiroshima City Museum of Contemporary Art (2013). Français Parmi ses précédentes expositions notables figurent l'Irish Museum of Modern Art de Dublin (2010), la Renaissance Society de l'Université de Chicago (2008), le Hammer Museum de Los Angeles (2007), le Hirshhorn Museum and Sculpture Garden de Washington, DC (2006) et le Portikus de Francfort (2006). Alÿs a participé à la Biennale de Venise à plusieurs reprises - en 1999, 2001, 2007, 2017 - et a notamment représenté la Belgique à la 59e Biennale de Venise en 2022 avec sa présentation personnelle The Nature of the Game . Sa récente participation à Manif d'art, à la Biennale de Québec en 2024, et une exposition personnelle au Museo de Arte de Lima (MALI) soulignent encore davantage son influence continue dans le monde de l'art contemporain.
Francis Alÿs s’est imposé comme une voix critique de l’art contemporain, mêlant politique, poétique et commentaire social à travers une approche multidisciplinaire qui remet en question et redéfinit les frontières de l’art. Sa perspective unique, façonnée par son expérience d’architecte et son profond engagement envers les complexités de la vie urbaine, a donné naissance à un ensemble d’œuvres à la fois intellectuellement stimulantes et émotionnellement résonnantes. En exploitant le pouvoir des gestes simples, de la répétition cyclique et de la narration, Alÿs a créé un héritage qui continue d’influencer et d’inspirer, comblant le fossé entre le personnel et le collectif, l’éphémère et l’éternel. Son exploration continue des intersections entre l’art, la société et la mythologie garantit que son travail restera pertinent et stimulant pour les générations à venir.