Arman (17 novembre 1928 – 22 octobre 2005) est une figure incontournable du domaine de l’art contemporain, connu pour son approche innovante de l’utilisation des objets du quotidien comme noyau de son expression artistique. Né Armand Fernandez à Nice, en France, Arman a commencé sa carrière avec une technique unique qui capturait les traces laissées par les objets, appelées cachets et allures d'objet. Ces premiers travaux ont jeté les bases de ses œuvres ultérieures, plus renommées, où il est passé de la simple représentation d'objets à leur incorporation directe dans son œuvre. L'héritage d'Arman est surtout marqué par ses accumulations et la destruction/recomposition d'objets, où il a méticuleusement assemblé et déconstruit des objets communs pour défier et redéfinir les limites de l'art. Son parcours d'un peintre traditionnel à un pionnier qui a transformé des objets banals en de profondes déclarations artistiques reflète sa profonde exploration de la matérialité et de la forme, le positionnant comme un contributeur important à l'art du XXe siècle.
Biographie de l'artiste : Arman
Armand Fernandez, mieux connu sous son pseudonyme artistique Arman, est né le 17 novembre 1928 à Nice, en France. Son enfance a été profondément influencée par son père, Antonio Fernández, antiquaire et artiste amateur qui l'a initié à la peinture à l'huile et à la photographie. Après avoir obtenu sa licence de philosophie et de mathématiques en 1946, Arman poursuit sa formation artistique à l'École Nationale des Arts Décoratifs de Nice. C'est à cette époque qu'il développe une passion pour le judo, qui le mène à une amitié importante avec ses camarades Yves Klein et Claude Pascal. Le lien de ce trio s'est renforcé grâce à une tournée en auto-stop à travers l'Europe, cimentant les liens d'Arman au sein de la communauté d'avant-garde. Les études formelles d'Arman ont culminé à l'École du Louvre à Paris, où il s'est concentré sur l'archéologie et l'art asiatique. Il a brièvement enseigné le judo au club de judo Bushido Kai à Madrid avant de servir comme infirmier dans l'armée française pendant la guerre d'Indochine. Ces expériences ont enrichi sa vision du monde et sa perspective artistique, le guidant finalement vers des expressions artistiques innovantes.
Au début de sa carrière, Arman explore le concept d’accumulation, un thème qui deviendra la pierre angulaire de son travail. Au départ, il s'est concentré sur les peintures abstraites, mais a rapidement porté son attention sur la création d'accumulations d'objets, en commençant par des tampons en caoutchouc, puis en incluant des objets métalliques comme des montres et des haches. Inspiré par une exposition du dadaïste allemand Kurt Schwitters en 1954, Arman a commencé à développer sa série de Cachets, composée de marques de tampons sur du papier et du tissu. Cette série marque son premier grand succès artistique et un tournant important dans sa carrière. En 1957, Arman adopte la signature unique « Arman », en hommage à Vincent van Gogh. Devenu citoyen américain en 1973, il prend le nom civil « Armand Pierre Arman » mais continue à utiliser « Arman » à titre professionnel. De 1959 à 1962, Arman établit ses styles signatures Accumulations et Poubelles. Les accumulations impliquaient l'assemblage d'objets similaires dans des moulages transparents ou des boîtiers en plexiglas, tandis que Poubelles présentait des déchets du quotidien enfermés dans des blocs de résine. Ces œuvres ont défié l'art conventionnel en transformant des objets banals en grand art, reflétant les thèmes de la production de masse et du consumérisme.
Arman co-fonde le groupe Nouveau Réalisme en 1960, aux côtés d'artistes comme Yves Klein et Jean Tinguely. Ce collectif cherchait à réévaluer le rôle de l'art dans une société de consommation, en promouvant une nouvelle approche de la réalité. Arman s'est également affilié au mouvement artistique ZERO en Allemagne. Ses débuts aux États-Unis en 1961 marquent une période d'exploration de la création par la destruction, avec des œuvres comme Coupes et Colères, qui mettent en scène des objets tranchés, brûlés ou brisés. À New York, la fascination d'Arman pour la scène artistique urbaine l'a amené à créer de grandes sculptures publiques. Son travail durant cette période comprenait diverses expressions d'accumulations, utilisant des outils, des montres, des horloges, des meubles et des instruments de musique. Les œuvres notables incluent Long Term Parking, une sculpture massive de voitures encastrées dans le béton, et Hope for Peace, un monument constitué de véhicules militaires.
La vie personnelle d'Arman a été marquée par deux mariages et six enfants. Il épousa Eliane Radigue en 1953, puis Corice Canton en 1971. Arman est décédé à New York en 2005 et une partie de ses cendres a été enterrée au cimetière du Père Lachaise à Paris. Son utilisation innovante des objets du quotidien continue d'influencer les artistes et de provoquer le public, assurant ainsi son héritage dans l'art moderne et contemporain.
Arman devant une de ses Accumulations au Stedelijk Museum en 1969, © Jack de Nijs pour Anefo via Wikipedia
Bref historique du Nouveau Réalisme
Le Nouveau Réalisme est un mouvement artistique fondé en 1960 par le critique d'art Pierre Restany et le peintre Yves Klein lors de la première exposition collective à la Galerie Apollinaire de Milan. Restany est l'auteur du manifeste original, "Déclaration constitutive du nouveau réalisme", en avril 1960, affirmant le "Nouveau Réalisme - de nouvelles façons de percevoir le réel". Ce manifeste fut formellement signé le 27 octobre 1960 dans l'atelier de Klein par neuf artistes : Yves Klein, Arman, Martial Raysse, Pierre Restany, Daniel Spoerri, Jean Tinguely et les ultra-lettristes François Dufrêne, Raymond Hains et Jacques de la Villeglé. Le groupe s'agrandit en 1961 avec César, Mimmo Rotella, Niki de Saint Phalle et Gérard Deschamps. Bien que Christo expose avec le groupe, le Nouveau Réalisme se dissout en 1970.
Contemporain du pop art américain, le Nouveau Réalisme est souvent considéré comme son homologue français et l'un des différents mouvements d'avant-garde des années 1960, aux côtés de Fluxus et d'autres. Le groupe s'est d'abord tourné vers Nice, sur la Côte d'Azur, en grande partie à cause des origines de Klein et Arman là-bas. Les historiens identifient souvent rétrospectivement le Nouveau Réalisme comme l'un des premiers représentants du mouvement de l'École de Nice. Le terme « nouveau réalisme » est apparu pour la première fois en 1948, inventé par le peintre Jean Milhau dans la revue Arts de France, affiliée au Parti communiste français. Milhau a défini le mouvement comme émergeant de la culture et de la technologie modernes, prônant un retour à la réalité objective et mettant l'accent sur le contenu social de toute réalité. André Fougeron a propulsé le mouvement avec des œuvres comme « Les Parisiennes au Marché », exposées en 1948. Cependant, dans les années 1950, le mouvement perd la faveur du PCF, conduisant de nombreux artistes à adopter de nouveaux styles. Le terme a été relancé en mai 1960 par Pierre Restany pour décrire les œuvres d'Omiros, Arman, François Dufrêne, Raymond Hains, Yves Klein, Jean Tinguely et Jacques Villeglé lors de leur exposition à Milan. Un deuxième manifeste, « 40° au-dessus de Dada », est rédigé entre le 17 mai et le 10 juin 1961. De nouveaux membres César, Mimmo Rotella, Niki de Saint-Phalle, Gérard Deschamps, puis Christo, rejoignent le mouvement. Bien que Klein se distancie du groupe en 1961, plusieurs expositions importantes ont lieu, notamment au Festival d'avant-garde de Paris en 1960 et à la galerie Sidney Janis à New York en 1962.
Les membres du Nouveau Réalisme cherchaient à fusionner la vie et l'art, en incorporant des parties du monde dans leurs œuvres et en mettant l'accent sur une « singularité collective » dans leurs diverses approches. Ils pratiquaient une appropriation directe de la réalité, que Restany qualifiait de « recyclage poétique de la réalité urbaine, industrielle et publicitaire ». Cette philosophie visait à dépouiller l’art de ses significations préconçues, en présentant les objets comme eux-mêmes tout en conservant leur statut d’art. Le mouvement mettait l'accent sur la création publique, produisant souvent des œuvres d'art de manière collaborative et anonyme dans les espaces urbains. Les techniques du mouvement comprenaient le collage et l'assemblage, incorporant directement des objets réels dans des œuvres d'art, s'inspirant des ready-made de Marcel Duchamp. Bien que souvent comparé au pop art pour son utilisation d'objets produits en série, le Nouveau Réalisme entretient des liens plus étroits avec Dada, notamment à travers la technique du décollage, illustrée par des artistes comme François Dufrêne, Jacques Villeglé, Mimmo Rotella et Raymond Hains. L'héritage du Nouveau Réalisme persiste à travers son approche innovante de l'intégration de la réalité dans l'art, influençant l'interaction de l'art contemporain avec les objets du quotidien et la culture de masse.
Sans Titre (1965) d'Arman
Arman, Sans Titrem 1965. Gravure, Sérigraphie sur Papier, 56,9 cm x 37,8 cm.
Sans Titre (1965) est une œuvre de gravure captivante d'Arman, mettant en valeur son utilisation innovante des techniques de sérigraphie et de presse typographique sur papier fait main. L’œuvre présente une composition abstraite avec des touches vibrantes de bleu, de rouge et de jaune sur un fond blanc cassé. Mesurant 57,5 x 40 cm, cette pièce saisissante illustre la capacité d'Arman à mélanger des couleurs vives et des formes dynamiques. Estampillé par l'artiste dans le coin inférieur droit, le Sans Titre d'Arman de 1965 témoigne de sa maîtrise dans la création d'œuvres visuellement convaincantes.
Sans Titre (2005) d'Arman
Arman, Sans Titre, 2005. Sculpture, 75 cm x 36 cm.
Sans Titre (2005) est une sculpture remarquable d'Arman, réalisée au cours de la dernière année de la vie de l'artiste. Cette pièce illustre l'approche innovante d'Arman en matière d'art, car elle présente un instrument de musique qui a été déconstruit puis méticuleusement réassemblé sous une nouvelle forme abstraite. Cette méthode de création artistique introduit un aspect tridimensionnel au cubisme, lui donnant vie de manière dynamique et tangible. Le travail d'Arman est connu pour son exploration de l'art de l'assemblage, une technique où des objets du quotidien sont transformés en sculptures uniques. Tout au long de sa carrière, il a utilisé divers objets, tels que des instruments de musique, des outils et des articles ménagers, pour créer des pièces stimulantes qui remettent en question les conventions artistiques traditionnelles. Dans Sans Titre (2005), l'instrument de musique restructuré met non seulement en évidence l'affinité d'Arman pour les formes musicales, influencée par le parcours musical de sa mère, mais incarne également sa fascination de toujours pour les processus de production, de consommation et de destruction. Cette sculpture témoigne de l'héritage d'Arman dans le monde de l'art, mettant en valeur sa capacité à réinterpréter et à revitaliser des objets ordinaires en œuvres d'art extraordinaires. Son influence sur l'art d'assemblage contemporain reste profonde, inspirant les artistes à explorer le potentiel des objets trouvés et des matériaux du quotidien de manière nouvelle et inventive.
Œuvres d’art emblématiques
Les œuvres emblématiques d'Arman couvrent sa carrière prolifique, mettant en valeur son approche unique de l'assemblage et de la transformation d'objets du quotidien en déclarations profondes. Les pièces notables incluent Long-term Parking (1982), une colonne monumentale de voitures encastrées qui parle de consommation de masse et d'industrialisation, et Madison Avenue (1962), qui capture l'esprit commercial de New York à travers des objets accumulés. Crusaders (1968) et Hope for Peace (1995) reflètent son engagement dans des thèmes sociaux et politiques, tandis que Dirty Painting (1989) et Untitled (1995) démontrent son utilisation innovante des médias mixtes. Ses œuvres ultérieures, telles que Guitars (2005) et Mandoline (2004), continuent d'explorer les formes musicales, les fusionnant avec des matériaux du quotidien pour créer des sculptures dynamiques. Paintbrushes V (1991) et Red Tubes of Paint (1980) mettent en lumière son approche à la fois ludique et critique des outils de création artistique, incarnant sa fascination de toujours pour le processus créatif.
Histoire de l'exposition
L'histoire des expositions d'Arman témoigne de son influence mondiale et du profond impact de son travail sur plusieurs décennies. Dans les années 1960, ses expositions incluent des lieux remarquables tels que le Stedelijk Museum d'Amsterdam, le Walker Art Center de Minneapolis et le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Dans les années 1970, son travail est exposé, entre autres, au Musée d'Art Moderne de Stockholm et à la John Gibson Gallery de New York. Sa série acclamée « Accummulations Renault » a fait de nombreuses tournées à travers l'Europe, présentant ses assemblages uniques dans des institutions telles que le Musée des Arts Décoratifs de Paris et le Moderna Museet de Stockholm. Les années 1980 ont été marquées par d'importantes rétrospectives, notamment une exposition itinérante qui a débuté au Kunstmuseum de Hanovre et s'est arrêtée en Israël, en France et en Allemagne. Les années 1990 poursuivent sur cette lancée avec des rétrospectives au Brooklyn Museum et au Detroit Institute of Arts, ainsi que des expositions à Tokyo et Milan. Au tournant du siècle, les œuvres d'Arman ont été exposées à Taipei, Barcelone et Monterrey, reflétant sa pertinence durable et son attrait international. Ses dernières années ont été marquées par d'importantes rétrospectives dans des institutions prestigieuses comme le Centre Georges Pompidou à Paris et le Musée Tinguely à Bâle, soulignant son héritage durable dans le monde de l'art.
Arman (17 novembre 1928 – 22 octobre 2005) est une figure centrale de l'art contemporain, connu pour son utilisation innovante d'objets du quotidien pour créer de profondes expressions artistiques. Né à Nice, en France, Armand Fernandez a commencé sa carrière en capturant les traces laissées par les objets, une technique connue sous le nom de cachets et d'allures d'objet. Cette première exploration a jeté les bases de ses œuvres ultérieures, plus renommées, où il est passé de la représentation d'objets à leur incorporation directe dans son art. L'héritage d'Arman est surtout marqué par ses accumulations et la destruction/recomposition d'objets, assemblant et déconstruisant méticuleusement des objets communs pour défier et redéfinir les limites de l'art. Son parcours d'un peintre traditionnel à un pionnier qui a transformé des objets banals en déclarations artistiques significatives reflète sa profonde exploration de la matérialité et de la forme, le positionnant comme un contributeur important à l'art du XXe siècle. L'influence d'Arman continue de se faire sentir, inspirant de nouvelles générations d'artistes à explorer l'intersection des objets du quotidien et de l'expression artistique.