Plus de vingt musées et institutions de toute la France, dont le Louvre, le musée du Quai Branly-Jacques Chirac et la Bibliothèque nationale de France, ont fait don de matériel d'urgence aux musées ukrainiens afin de les aider à protéger leurs collections de la destruction. Un camion transportant 15 tonnes de matériel d'emballage et de conservation - des caisses et du papier bulle aux extincteurs et aux couvertures - a quitté Paris en début de semaine pour Varsovie, où des professionnels de la culture polonais organisent des opérations de secours rapides pour leurs homologues ukrainiens.
L'aide a été coordonnée par le comité national français du Conseil international des musées (Icom), qui a lancé un appel urgent à ses membres à la suite d'une réunion virtuelle entre les professionnels des musées français et ukrainiens le 8 mars. Selon Juliette Raoul-Duval, présidente du comité Icom France, la demande "la plus critique" des musées ukrainiens concernait du matériel de conservation pour aider le personnel sur le terrain à déplacer les collections dans des sous-sols ou d'autres lieux de stockage sécurisés.
Chenue, une société de transport d'œuvres d'art, a offert ses services gratuitement. Son entrepôt parisien a servi de point de collecte central pour les dons des musées de la capitale, mais aussi de villes régionales comme Lille, Rouen, Rennes, Nantes, Bordeaux et Strasbourg. Cet élan de soutien démontre que les musées français, grands et petits, sont solidaires de leurs collègues assiégés en Ukraine, note Raoul-Duval. "C'est une émotion forte pour nous - c'est une façon de mesurer la force de notre réseau". Selon Raoul-Duval, il y a encore "assez de matériel dans l'entrepôt pour remplir un autre camion", qui pourrait partir pour la Pologne dès la semaine prochaine. La première cargaison est arrivée hier à l'Institut national du patrimoine culturel de Varsovie, qui travaille directement avec les musées ukrainiens et distribue les ressources en fonction de leurs besoins. À plus long terme, dit Mme Raoul-Duval, le comité français de l'Icom étudie les moyens d'aider les professionnels des musées ukrainiens qui souhaitent s'établir en France. De nombreux musées français, dit-elle, sont "prêts à accueillir" des réfugiés. "Tout le monde veut aider et agir rapidement".
Le ministère français de la Culture a annoncé au début du mois la création d'un nouveau fonds d'un million d'euros pour soutenir les stages de travail et d'études des artistes et professionnels des arts ukrainiens réfugiés, ainsi que des "artistes russes dissidents."