Ajouté le 31 mars 2016
Je nais le 4 septembre 1977 à Bastia à 8 heures et 20 minutes. Curieux, rêveur et contemplatif, mes premières passions sont dispersées à travers le monde qui m’entoure : depuis un simple objet, mon esprit d’enfant s’envole vers ces lieux à jamais oubliés où il trouve pourtant de quoi se construire.
Les lettres et les mots reçoivent précocement ma prédilection : très tôt j’espère un ordinateur sur l’écran duquel je veux les voir s’afficher. À la place d’un ordinateur, je reçois un Game & Watch de Nintendo… Il y avait erreur sur la commande. Je ne comprenais pas pourquoi ma mère s’évertuait à me faire croire qu’un certain “père Noël” allait m’apporter le cadeau qu’elle avait acheté elle-même après m’avoir demandé ce qui me ferait plaisir de recevoir ? Mais c’était un jeu amusant, aux multiples avantages et surprises, auquel je participais volontiers…
Nous venons alors de franchir le seuil des années 80. Je grandis entre cette banlieue grise de la Seine-Saint-Denis, aux amitiés forgées au feu des différences, et les voyages seul en avion vers la Corse où je retrouve ma famille et cet autre monde qui est aussi le mien. Ma scolarité est quelque peu mouvementée, entre Corse et contient, mais je parviens tout de même jusqu’en 1997 où je découvre une insoupçonnée source de ravissement : la philosophie. Après mes études de lettres supérieures à Bastia, l’université d’Aix, puis celle de Corte ne me permettent pas d’en savoir davantage sur ce que pourrait bien être “ma voie” ?
«Comme un enfant, le temps joue en déplaçant ses pions : à l’enfant la souveraineté.» (Héraclite, fragments.)
Sans carrière bien définie, j’écoute alors l’enfant qui avait un jour ouvert un dictionnaire et laissé faire le hasard, du bout de son index…
Parti pour “dessiner des plans pour construire les maisons”, je m’oriente par défaut vers l’infographie et obtiens l’appellation d’origine contrôlée d’Infographiste. Je peux alors exercer mes talents d’autodidacte à l’infini et austère bénéfice de la typographie, de la mise en page et autres techniques relatives à ces outils multimédias. De quoi faire de ce choix “par défaut” une orientation pour des qualités qui ne demandent qu’à s’exprimer.
Vers 2012-2013, mes chemins semblent se croiser avec plus de détermination. J’oscille aux rythmes incompréhensibles du devenir en m’efforçant pourtant d’y déchiffrer quelques indications. Puis, la vibration devient plus forte, se précise… et tombe enfin sur la scène de 2015. Elle arrive doucement avec son ravage, flot intarissable, que je ne peux supporter. Au milieu de ses dégâts collatéraux, cette crise totalitaire, de laquelle j’émerge à grand peine, semble s’être convertie en frénésie productive ? Et dire que tout cela naît d’un désir.
L’amour et rien d’autre, ses vagues de feu, son absence/ présence (il faudrait un mot tiers pour les signifier toutes deux), c’est de “là-bas” que provient ce que vous pouvez apercevoir sur ce site, en terme de “créations” à défaut d’autres enfants à naître.
Photographiant mes alentours et particulièrement ces détails sans grande importance, j’y ai découvert quelques nouveaux hasards, et mis à jour des univers d’en deçà du monde. La technique et la symétrie ne sont là que pour donner à ces outres-lieux un droit de cité. Une clé. Parce qu’il faut bien une clé pour y entrer, pour coder & décoder.
«Dans bien longtemps tu m’as aimé.» (Robert Desnos, in Corps et Biens.)
Recherche de la coexistence et de la simultanéité, de la relation, là où il semble ne pouvoir s’obtenir qu’une dualité répétée. Ces mondes en moi laissent leur trace indélébile et éphémère. Le temps d’une vie, je vais dire cela jusqu’à l’épuiser. Elle sera toujours celle qui aura tout révélé, parce qu’il faut bien une clé.
Partout, toujours, autour de moi, je chercherai cette démesure, conçue aux lisières, dans un entre-deux des forêts qui fait mon lit et ma voie royale. Tout sera selon elle.
Passantes sur des chemins qui font l’amour aux feuilles d’automne, foulées comme mon corps de ses ménades aux pieds de petites filles, entre nuit et jour, à cette heure impossible, tout mon amour aura résidé dans un rêve simple, où elle et moi allons ensemble vers notre inconnu.
Tout le reste importe peu.