Le vandalisme au Musée d’Israël suscite des inquiétudes quant au patrimoine culturel de Jérusalem

Le vandalisme au Musée d’Israël suscite des inquiétudes quant au patrimoine culturel de Jérusalem

Selena Mattei | 10 oct. 2023 3 minutes de lecture 0 commentaires
 

Un touriste américain a été arrêté pour avoir vandalisé des statues romaines au Musée d'Israël à Jérusalem, invoquant des objections religieuses. L'incident met en lumière les inquiétudes concernant la préservation du patrimoine culturel et la montée des attaques à caractère religieux dans la ville.

Crédit : Police israélienne

Un touriste américain s'est retrouvé en garde à vue par la police israélienne à la suite d'un incident inquiétant au Musée d'Israël à Jérusalem. Le touriste a délibérément détruit deux statues romaines du IIe siècle, qu'il a violemment jetées au sol. Cet incident a provoqué une onde de choc dans la communauté artistique et culturelle, soulevant non seulement des questions sur les mesures de sécurité en place pour protéger les inestimables collections d'art d'Israël, mais mettant également en lumière une recrudescence inquiétante des attaques contre les sites du patrimoine culturel à Jérusalem.

Le suspect en question, un touriste américain juif radical de 40 ans, a affirmé que son motif pour détruire les statues provenait de sa conviction qu'elles représentaient de l'idolâtrie et allaient à l'encontre des enseignements de la Torah. Cette première explication a déclenché l’alarme et suscité des inquiétudes quant à la résurgence potentielle d’un iconoclasme enraciné dans l’extrémisme religieux.

Cependant, l'avocat de l'accusé, Nick Kaufman, a offert un point de vue différent. Kaufman a affirmé que le touriste souffrait d'un trouble psychologique connu sous le nom de « syndrome de Jérusalem ». Ce syndrome se caractérise par une forme de désorientation qui serait déclenchée par l’intense aura religieuse de la ville, sacrée aussi bien pour les chrétiens que pour les juifs et les musulmans. Cela amène souvent les visiteurs étrangers à Jérusalem à se tromper, se croyant être des personnages tirés d’histoires bibliques.

À la lumière de ces circonstances, le tribunal a ordonné au prévenu de se soumettre à une évaluation psychiatrique approfondie. Afin de protéger l'identité de l'individu, un mandat de silence a été imposé, empêchant la divulgation de son nom au public.

L’incident s’est produit pendant une période de ferveur religieuse accrue, coïncidant avec la période des fêtes juives. Des incidents, notamment des crachats et des agressions physiques, impliquant des Juifs ultra-orthodoxes radicaux et ciblant des fidèles chrétiens ont été signalés. Ces actes ont énervé les touristes, provoqué la colère de la communauté chrétienne locale et suscité une large condamnation. Notamment, la fête juive de Souccot, une fête des récoltes, s’est terminée vendredi au coucher du soleil.


Le Musée d'Israël, une institution renommée présentant des expositions allant de l'archéologie et des beaux-arts à l'art et à la vie juive, a répondu au vandalisme en le décrivant comme un « événement troublant et inhabituel ». Le musée a également publié une déclaration condamnant toutes les formes de violence et exprimant l'espoir que de tels incidents ne se reproduisent pas. Les photographies publiées par le musée montrent les graves dommages infligés à l'œuvre d'art, notamment la tête en marbre de la déesse Athéna renversée de son piédestal et la statue brisée d'une divinité païenne. Le musée s'est abstenu de divulguer la valeur financière des statues endommagées ni le coût de leur restauration.

Le gouvernement israélien a exprimé sa profonde inquiétude face à cet acte de dégradation, l'attribuant à une forme d'iconoclasme juif enraciné dans les premières interdictions contre l'idolâtrie. Eli Escusido, directeur de l'Autorité israélienne des antiquités, a exprimé sa consternation en déclarant : « Il s'agit d'un cas choquant de destruction de valeurs culturelles. Nous constatons avec inquiétude le fait que les valeurs culturelles sont détruites par des extrémistes à motivation religieuse.

Le vandalisme au Musée d’Israël semble être le dernier d’une série d’incidents impliquant des attaques contre des objets historiques par des individus d’origine juive à Jérusalem. Dans des cas précédents, un touriste juif américain avait endommagé une statue de Jésus sur un lieu de pèlerinage chrétien dans la vieille ville en février, et en janvier, des adolescents juifs avaient dégradé des pierres tombales chrétiennes historiques dans un important cimetière de Jérusalem.

Malgré ces événements pénibles, le Musée d’Israël a repris ses heures normales d’ouverture au public vendredi matin, environ 16 heures après l’incident de dégradation.

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