Les gratte-ciel vus dans l'art

Les gratte-ciel vus dans l'art

Olimpia Gaia Martinelli | 25 mai 2022 7 minutes de lecture 0 commentaires
 

Les gratte-ciel ont, par leur hauteur et leur grandeur, ont totalement bouleversé les contours et le ciel de nos villes, nous offrant, du haut de leurs structures, des perspectives nouvelles et singulières sur le monde. Ce sont précisément ces particularités qui ont inspiré et fasciné les artistes du XXe siècle...

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Angela Suto, Enigme, 2021. Huile sur bois, 70 x 103 cm.

Une brève histoire des gratte-ciel

Les premiers gratte-ciel, c'est-à-dire le type de bâtiments "tour" dans lesquels le développement vertical et un nombre considérable d'étages sont prédominants, sont apparus entre 1884 et 1939, principalement dans les villes américaines de New York et Chicago. En fait, la première architecture de ce type est considérée comme étant le Home Insurance Building, qui, démoli en 1931, était situé dans le chef-lieu du comté de Cook (Illinois). Ce bâtiment, qui ne comptait que dix étages, a marqué le début d'une quête constructive visant à s'approcher de plus en plus du ciel, grâce à une série d'innovations architecturales et techniques, parmi lesquelles l'invention du premier procédé de production en série de l'acier. Le rêve américain d'atteindre les nuages s'inscrit dans un moment historique riche en particularités. En effet, les premiers gratte-ciel sont nés de multiples facteurs, tels que : la croissance économique qui a suivi la guerre civile, l'organisation financière des entreprises américaines et la pénurie de terrains à bâtir. D'un point de vue pratique et technologique, la construction des gratte-ciel a été rendue possible par deux innovations du XIXe siècle : l'ascenseur et les bâtiments à charpente de fer, un métal qui permet d'accrocher ou d'adosser des murs d'épaisseur normale. Ces caractéristiques, innovées et mises en œuvre ultérieurement, ont permis la construction de certains des bâtiments les plus hauts et les plus emblématiques de la planète, comme, par exemple : le MetLife Building (246 m), le Woolworth Building (241 m), le Bank of Manhattan Trump Building (283 m), le Chrysler Building (319 m), l'Empire State Building (381 m), le One World Trade Center (541 m), la Sears Tower (442 m), les Petronas Towers (452 m), le Taipei 101 (508 m) et le Burj Khalifa (828 m), soit le plus haut bâtiment existant au monde.

Valérie Le Meur, New-York la folle, 2019. Acrylique sur toile, 92 x 73 cm.

Agus-vaquero, Skyline à New York, 2020. Acrylique sur toile, 39 x 100 cm.

Les gratte-ciels vus dans l'art  

Les gratte-ciel ont, par leur hauteur et leur grandeur, totalement bouleversé les contours et le ciel de nos villes, nous offrant, du haut de leurs structures, des perspectives nouvelles et particulières sur le monde. Ce sont précisément ces particularités qui ont inspiré et fasciné les artistes du XXe siècle, qui ont immortalisé ces bâtiments dans des peintures et des photographies célèbres, telles que Empire d'Andy Warhol (1965), Flatiron d'Edward J. Steichen (1904), New York de George Bellows (1911), Le Radiator Building de Georgia O'Keeffe (1927), The City of Ambition d'Alfred Stieglitz (1910) et Le Woolworth Building comme readymade de Marcel Duchamp (1916). 

Edward J Steichen, Flatiron, 1904. Gomme bichromatée sur épreuve au platine , 47.8 × 38.4 cm. New York: MET.

George Bellows, New York, 1911. Huile sur toile, 106.7 x 152.4 cm. Washington: National Gallery of Art.

En parlant d'Andy Warhol, il convient de souligner que, bien que l'artiste américain soit surtout connu du grand public pour son œuvre graphique et picturale, il a également été scénariste, producteur de films, producteur de télévision et réalisateur. En fait, Empire est un film muet qui, réalisé en noir et blanc, consiste en un plan fixe simple et monotone de l'Empire State Building à New York, comme une célébration du gratte-ciel américain emblématique. De plus, ce plan statique et non traditionnel, combiné à l'absence de personnages, met en évidence le seul objectif esthétique de l'œuvre : explorer le simple passage du temps à travers la simple observation d'un chef-d'œuvre de l'architecture du XXe siècle. Enfin, il convient de noter que les caractéristiques de ce film ne sont pas totalement étrangères à la production graphique de Warhol, qui se caractérise également par des images répétées. Quant à New York de George Bellows, ce tableau représente une œuvre très ambitieuse, puisqu'il vise à immortaliser toute l'essence de la vie new-yorkaise. En fait, l'artiste ne voulait pas représenter un lieu spécifique, mais la fusion de différents quartiers commerciaux, afin de construire une image représentative du rythme frénétique de la ville. Les particularités de ce réalisme ont précisément représenté une grande innovation au sein des vues urbaines traditionnelles de l'Amérique, dépassant la recherche artistique d'autres maîtres du genre, comme Robert Henri et John Sloan, par exemple.

Patrice Larue, L'Empire. Huile sur toile,  116 x 89 cm.

Thomas Harutunyan, Empire state building, 2011. Huile sur toile, 65 x 45 cm.

Les gratte-ciel dans les œuvres des artistes d'Artmajeur

Les gratte-ciel continuent également d'être une source d'inspiration pour l'art contemporain, comme en témoigne le travail des artistes d'Artmajeur, qui ont immortalisé certains des bâtiments les plus célèbres du monde avec réalisme, mais aussi ironie, flair, originalité et innovation. En témoigne le travail de Tony Rubino, Raymond Agostini et Valérie Voinchet qui, à travers des techniques, des styles et des points de vue différents, ont représenté des chefs-d'œuvre architecturaux suspendus entre le XXe siècle et les années 2000.

Tony Rubino, New York Empire state building banana, 2021. Acrylique / lithographie sur toile, 40,6 x 30,5 cm.

Tony Rubino: New York Empire state building banana

L'Empire State Building est le symbole de New York. En effet, ce gratte-ciel, un exemple de design moderniste Art déco, est situé dans le centre de Manhattan, sur la Cinquième Avenue au niveau de la 34e rue. Cette structure en acier de 102 étages, datant de 1931, a été le plus haut bâtiment du monde pendant une quarantaine d'années, c'est-à-dire de la date de sa construction jusqu'en 1970, date à laquelle elle a été dépassée par la tour nord du World Trade Center. Néanmoins, la popularité de l'Empire State Building n'a pas faibli, car elle a également été alimentée par de multiples chefs-d'œuvre cinématographiques, tels que : Love Affair (1939), An Affair to Remember (1957), Sleepless in Seattle (1993) et l'emblématique King Kong (1933). C'est précisément ce dernier film qui a probablement inspiré l'irrévérencieuse peinture mixte de Tony Rubino, où, du gorille, il ne reste que la banane, qui, une fois ouverte, montre toute la majesté, l'élégance et le poids culturel du gratte-ciel américain. Ainsi, l'œuvre de l'artiste Artmajeur représente une union innovante entre le "sacré" et le "profane", dans laquelle la grande tradition architecturale et, sans doute, cinématographique, rencontre un type d'humour plus populaire.

Raymond Agostini, Taxi jaune, 2018. Acrylique sur toile, 100 x 50 cm.

Raymond Agostini: Taxi jaune

Le tableau réaliste de Raymond Agostini ressemble à un plan de film américain contemporain typique qui, se déroulant à New York, capte avec précision, et de bas en haut, deux sujets emblématiques de la ville : le typique taxi jaune et le Chrysler Building, mondialement connu. Ce dernier gratte-ciel, datant de 1928, n'a détenu le titre de plus haut bâtiment que pendant 11 mois, peu avant d'être dépassé par l'Empire State Building. Malgré cette défaite, le caractère unique et la beauté de la conception de ce gratte-ciel Art déco, considéré par de nombreux architectes contemporains comme l'un des plus beaux bâtiments du monde, restent indéniables. En effet, en 2005, le Skyscraper Museum de New York a demandé à une centaine d'architectes, de constructeurs, de critiques, d'ingénieurs et d'historiens de choisir leurs dix tours préférées de la Grosse Pomme : le Chrysler Building est arrivé en tête. Dans ce contexte, la peinture réaliste et détaillée d'Agostini rend parfaitement l'élégance et la finesse d'exécution du gratte-ciel, qui est représenté dans un décor nocturne, éclairé par ses propres fenêtres lumineuses.

Valérie Voinchet, Les joueurs des tours – Burj Khalifa, 2010. Acrylique / huile sur toile, 100 x 100 cm.

Valérie Voinchet: Les joueurs des tours – Burj Khalifa

L'imagination, associée au désir d'exprimer son point de vue sur le monde, est un outil fondamental pour rendre une œuvre d'art unique et innovante. C'est ce qu'illustre bien le tableau de Valérie Voinchet, dans lequel le Burj Khalifa (828 m), le plus haut bâtiment du monde, a été transformé en jeu de société. Cette œuvre, comme l'explique l'artiste lui-même, est un véhicule pour de multiples allusions, concepts, faits et points de vue sur le monde contemporain. En effet, les deux protagonistes assis à la table font allusion à deux attitudes liées à la création artistique : l'homme affligé, qui rappelle Les joueurs d'échecs (1911) de Duchamp, représente une sorte de signe prémonitoire sur le triste avenir mercantile de l'art, tandis que le personnage opposé, désigné par Voinchet comme le portrait de Damien Hirst, symbolise les interrogations sur la consécration de la créativité contemporaine. La reproduction de la tour Burj Khalifa, quant à elle, fait référence au crash financier de 2008, qui a idéalement décrété la fin d'une idéologie économique en vogue depuis plus de deux siècles. Quant à l'enfant, il incarne, déçu par ses maigres économies, les dépenses excessives liées à la construction du Burj Khalifa et, en même temps, l'appréhension des hommes du XXIe siècle quant à l'importance de l'argent. En conclusion, les concepts exprimés par le travail opportun et révélateur de Voinchet offrent une réflexion sincère sur l'éternelle démesure de l'humanité, à laquelle, peut-être, l'art critique peut remédier.


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